Jean-Léon Gérôme au musée d’Orsay à Paris

23 octobre 2010,

En ce temps là on s’appelait Léon. On portait de mâles moustaches. On peignait avec science, précision, rêve.

Oui le rêve pour sublimer l’Histoire.

Curieux homme que ce metteur en scène de la Grèce antique et d’un Orient exotique.

Cette exposition est un régal provocateur qui défie le terrorisme de l’histoire de l’art qui prétend imposer une seule vision progressiste de l’expression.

Arrêtez vous devant le tableau intitulé « Phryné devant l’Aéropage »

Phryné est une femme très belle qui vend ses charmes très cher. Mise en accusation par les sages elle va être condamnée lorsque son avocat en dernier recours lui  arrache sa tunique et révèle son admirable nudité. Les sages béent devant le spectacle et l’acquittent.
On remarquera les multiples expressions des hommes vieux dont la libido se réveille soudain devant la perfection d’un corps féminin dépourvu de sexe malgré sa nudité. En effet Gérôme amoureux des femmes a peint et sculpté des tanagras et des esclaves « à poil » mais sans poils, ni fente.

Courbet n’était pas encore passé par là. Ni le « Dialogue du vagin ».

Gérôme eut la maladresse ou la courte vue de dénoncer les impressionnistes: « le déshonneur de l’art français ». Certes on le désignait comme « académique ». Oui il l’était, mais bravo pour son académisme et bravo pour leur impressionnisme. Ils ont les uns et les autres enrichi l’art.

Merci aux organisateurs de cette exposition de réhabiliter un grand peintre français. Les Etats Unis plus clairvoyants que nous l’ont apprécié et acheté en son temps. Nous leur devons de pouvoir aujourd’hui nous régaler des visions orientales et néo-grecques de Gérôme. Voir aussi sa statuaire colorée.

On regrettera que les légendes des tableaux soient presque illisibles. Mais c’est une erreur persistante de la muséographie moderne.

Christophe Chelten