Tueur de bisons

30 juin 2011,

Tueur de bisons, Frank Mayer, Toulouse, édition Anacharsis, 2010, traduit de l’américain par Frédéric Cotton, 14 euros.

par Hadrien Gens

Ça se passe après la Guerre de Sécession. Après l’extermination des castors et avant le « moissonnage » des peaux de loups, Frank Mayeur raconte comment lui et ses compatriotes sont venus à bout d’environ quinze millions de bisons en à peine un lustre, les bisons étant aussi faciles à tuer qu’« une vieille vache dans un enclos ».

Avec un ton léger, sans nostalgie, regret ou culpabilité, cet ancien « coureur de bisons », comme on les appelait, offre un fascinant témoignage sur cette sombre page de l’histoire américaine. Il explique ainsi comment il « nettoyait » ou moissonnait les troupeaux de buffalos, d’abord pour leurs peaux, 2 dollars l’unité, puis pour leur viande et leurs carcasses qui servaient à la fabrication de colle et de fertilisant. Ceci, bien sûr, dans un grand souci d’économie : les premières années, un bison sur deux était abandonné sur place une fois abattu, la peau étant un peu abîmée.

Ce massacre contribuait dans une large mesure à soumettre les Indiens qui, sans les bisons, devenaient dépendant du gouvernement américain. Conscient de cela, Frank Mayer rappelle que le gouvernement fournissait les balles destinées aux bisons et rapporte ainsi ces propos d’un officier de l’armée américaine de l’époque : « C’est seulement quand l’Indien sera complètement dépendant de nous pour tous ses besoins qu’on pourra le maîtriser. […] Si on tue le bison, on maîtrise l’Indien ». Une bonne occasion de revoir Danse avec les loups

H.G