Pater (film)

26 juin 2011,

par Alain HERVE

Alain Cavalier fut l’assistant de Louis Malle et s’en souvient. Pater fait sans cesse penser à My dinner with André. Une conversation entre deux hommes par dessus une assiette remplie de gourmandises. On aimerait connaître l’adresse de leur fournisseur.

Alain Cavalier (d.r.)

Pater met en scène le réalisateur, documentariste  Alain Cavalier un homme coquet et délicat, qui se plait à s’examiner dans le miroir, à se couper les poils du nez, à se faire opérer d’un pli de peau sous le menton, à choisir de belles cravates… Face à un acteur Vincent Lindon, plus rustre, plus sympathique, dévoré de tics, qui se ronge les ongles…

Atteint-on pour autant la vérité de ces hommes? On s’en approche beaucoup. Ils s’écoutent parler hors champ. Ils se la jouent comme en vrai. Tu serais le Président de la République vieillissant se cherchant un successeur. Tu serais le Premier Ministre prétendant à la succession du Président. On se passerait le poivre et le sel et l’insigne de Commandeur de la Légion d’Honneur. On se passerait des caméras pour se filmer l’un l’autre.

Pour le spectateur l’exercice frôle l’ennui, la jubilation, le rire, la frustration de ne pas en être. Quelquefois l’ambition du propos frôle la prétention. Les décors bourgeois élégants de l’action sont probablement ceux des domiciles personnels des acteurs. Non?

C’est malin tout ça. On observe dans la salle la tête des spectateurs qui sont venus voir cet étrange film pour se demander ce qu’on a en commun avec eux.

Il en reste cette proposition utilisable par tout candidat à venir. Respecter un facteur de 1 à 15 entre les plus bas et les plus hauts salaires. Mais on peut parier qu’aucun ne la retiendra.

A.H.