Le Brésil de Gilles Lapouge

13 août 2011,

Dictionnaire amoureux du Brésil par Gilles LAPOUGE(Plon)

par Alain HERVE

On croit en avoir fini avec Gilles. Il rêvait d’histoire, d’empereurs d’histoires, de continents, de géographies. Il suivait la pente de sa vie peuplée de rêveries et de fulgurances. Et puis soudain c’est à nouveau le feu d’artifice, le délicat délire évocateur. Voilà le Brésil en dictionnaire amoureux.

Il en connaît un bout sur la question. Bien qu’habitant et écrivant dans sa tanière du quinzième parisien, il a de la tripe brésilienne à débiter à foison car il est journaliste brésilien de puis des décennies. Mais il faut d’abord redire que Gilles est un écrivain qui sait écrire. Au contraire de certains autres. Il se trouve pris de crises de savoir-évoquer. Ca se met à vivre, à pétiller  sur le papier, à crépiter sous sa plume. Je n’en connais pas beaucoup qui en soient capables.

Il restitue des ivresses éprouvées au coin d’une rue de Bahia. Il raconte l’Amazone et Brasilia. Il déjante sur l’or, le caoutchouc, le café et les palmiers Babaçu. Il ressuscite la France équinoxiale et la France antarctique. Il sort de sa manche l’Ecuador d’Henri Michaux. Il nous révèle un écrivain inconnu, brésilien bien sûr, Euclides da Cunha et son chef d’œuvre Os Sertoes l’histoire d’une guerre génocidaire qui fut ignorée de ses contemporains.

Il règle son compte à la fable selon la quelle le Brésil ne serait pas raciste. Il suit la piste nazie après la guerre dans une Amérique du Sud complaisante.

Avec Gilles vous circulez dans « la beauté des choses » et vous en avez pour un Brésil de six cent cinquante pages de Abeille à Vide.