Canaletto, Guardi, Venise

21 septembre 2012,

par Alain Hervé

On ne va pas voir ces deux peintres minutieux, appliqués*, qui nous envoient de grandes cartes postées depuis le XVIIIème siècle. Certes nous les recevons avec grand plaisir. En fait nous allons revoir Venise. La voir encore à travers les âges et les saisons. Cette cité nautique, fragile sur ses îles, au péril des marées et des touristes est un des rares accomplissements irréprochables de l’espèce humaine. Cet urbanisme utérin nous laisse stupéfaits dans sa perfection anarchique.

Ces églises, ces quais, ces campi, ces marchés, ces ponts, ces dédales, ces palais… résultent d’un état de grâce de ceux qui les ont rêvés, imaginés, conçus, bâtis, conservés, restaurés.

Ces deux peintres besogneux, artisans de la camera obscura, (en ce qui concerne Canaletto), n’arrivent pas à la cheville du Carpaccio qui  les a précédés sur le même terrain. Il faut cependant les remercier d’avoir photographié leur Venise en leur temps pour que nous puissions nous y promener aujourd‘hui.

On notera que Guardi, moins rigoureux que Canaletto dans le trait, a cependant beaucoup mieux exprimé les mouvements de l’eau.

Venise a échappé à un désastre. Un capriccio de Canaletto nous le raconte avec une représentation d’un pont du Rialto néoclassique, tel que Palladio l’avait imaginé. Se souvenir également que Palladio avait proposé d’abattre la basilique San Marco pour la remplacer par un temple inspiré de l’antiquité grecque.

Alain Hervé

* En ce moment au Musée Jacquemart-André et au Musée Maillol