par Michèle Valmont
Reprise au théâtre La Bruyère de la pièce « Cher menteur », adaptation de Jérome Kilty de la correspondance de la comédienne Stella Campbell et de Bernard Shaw qui se poursuivit tout au cours de leur existence. On remarque d’emblée le raffinement du décor. L’élégance de la mise en scène de Régis Santon met en valeur le jeu des deux comédiens, Francine Bergé et Marcel Maréchal, qui s’emparent avec délectation du texte plein d’humour et de causticité traduit et savamment retravaillé par Jean Cocteau.
Il ressort de cette confrontation de deux egos surdimensionnés une estime mutuelle et une inclination amoureuse jamais aboutie. Les caprices de la comédienne se heurtent au cynisme de l’écrivain. Quelques beaux moments d’émotion –la mort de la mère de Bernard Shaw, celle du fils de Stella – ponctuent ce feu d’artifice qui culmine lors de la répétition de « Pygmalion » dont Stella créa le rôle d’Elisa à quarante ans passés !
Francine Bergé est aussi crédible en jeune actrice adulée qu’en diva vieillissante. Coquette et exigeante puis amère et esseulée, elle est toujours juste et émouvante.
On n’imaginait pas de prime abord Bernard Shaw sous les traits de Marcel Maréchal, mais la finesse de son interprétation, son humour distancié, sa compréhension des nuances du caractère de son personnage emportent une totale adhésion.
Depuis 1957, date de sa création, « Cher menteur » n’a pas vieilli. Allez vite le vérifier.
Michèle Valmont