par Michèle Valmont
Lorsque H.G.Wells écrivit en 1895 « La machine à explorer le temps », il fut considéré à juste titre (ainsi que Jules Verne) comme l’inventeur du genre science-fiction.
C’est une nouvelle adaptation et une nouvelle traduction de l’œuvre que propose Sydney Bernard au théâtre de l’Alhambra.
Un savant a inventé la première machine à explorer le temps et visite grâce à elle la Terre en l’an 802701. La planète est alors peuplée de deux espèces ennemies, les Elois, bons vivants stupides qui vivent à la surface, et les Morlocks, êtres sombres et sournois, qui travaillent sous terre. Le héros, perplexe devant ce nouveau monde et incapable d’en comprendre l’organisation, s’y trouve prisonnier et parvient, après diverses péripéties, à s’en évader pour rejoindre son époque d’origine.
Sydney Bernard, en digne héritier de Charles Dullin, dit le texte avec beaucoup de talent ; il le rend le plus vivant possible et en souligne les intentions philosophiques avec finesse et intelligence.
Il a pour partenaire Thierry le Gad, son double quasi muet, qui mime l’action avec une belle présence scénique.
Tous deux évoluent dans un superbe décor fait de structures gonflables qui se modifient grâce à une soufflerie invisible et à de magnifiques projections dues à Loïc Le Cadre et Patrick Chemin qui créent un climat féerique.
La musique de Chapelier Fou habite continuellement la scène. Faite de bruitages et de mélopées étranges, elle est actrice à part entière en rajoutant au fantastique ambiant.
Cependant on ne sort pas entièrement conquis de ce spectacle. Il y manque de la fantaisie et de l’humour. On aimerait assister à un banquet d’Elois ou apercevoir une foule de Morlocks. Non, tout reste très littéraire et repose sur le seul pouvoir d’évocation du texte, qui a sans doute un peu vieilli et où ne perce aucun sourire. Dommage.
L’originalité de la démarche et la beauté de l’ensemble valent tout de même largement le déplacement.
Michèle Valmont
Théâtre de l’Alhambra : 01 40 20 40 25