. par Michèle Valmont
Il est, dans le parcours d’un mélomane, des moments d’intense bonheur, de plénitude absolue. C’est un tel moment que nous avons vécu hier soir en assistant à Notre-Dame de Paris à la Création de Haydn, donnée par l’Orchestre de Chambre de Paris sous la direction de Thomas Zehetmair.
Tout concourait à rendre cette soirée mémorable :
La splendeur du lieu, dont l’acoustique était bonne, car on avait ingénieusement placé le dispositif scénique sous le grand orgue, ce qui permettait au mur intérieur de la façade de répercuter le son.
L’œuvre, dont la beauté renversante émeut toujours autant depuis sa création en 1798 : richesse sonore de l’orchestration, raffinement subtil des ensembles solistes, exaltation jubilatoire des chœurs, « la Création », dont le sujet s’inspire en partie du « Paradis perdu » de Milton, n’est que bonheur et extase devant la merveilleuse œuvre de Dieu.
L’interprétation, irréprochable. Sous la baguette précise et attentive de Thomas Zehetmair, la Maîtrise de Notre-Dame, parfaitement équilibrée, communiquait son visible plaisir de chanter au public subjugué. L’orchestre chatoyait de nuances saisissantes -superbe pupitre des vents- et répondait promptement aux tempi enlevés de son chef.
Quant aux solistes, on ne peut que louer l’extrême musicalité du ténor Werner Güra, Uriel à la voix souple et homogène, l’assurance souriante de Matthew Brook, Raphaël à la diction parfaite et Adam aux intonations veloutées et surtout le magnifique pureté vocale de la soprano Sophie Karthäuser, aussi agile dans les vocalises des deux splendides airs de Gabriel qu’émouvante dans le rôle d’Eve. Le duo d’amour de la troisième partie, soutenu par le chœur, nous mena droit au paradis.
« Inventeur » du quatuor et de la symphonie, Joseph Haydn a peut-être composé avec « la Création » son chef d’œuvre. Merci de nous l’avoir aussi bien fait entendre.
Michèle Valmont