Michel Sourrouille, Biosphère
Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. Sans énergie, impossible de déplacer un objet (ou notre propre corps), illuminer ou chauffer une pièce, transformer un poisson dans l’océan en poisson dans notre assiette. Comme l’exprime Jean-Marc Jancovici, « Bien gérer la sortie de scène du Père fossile ne va pas être une mince affaire ».
Le marché carbone, l’échange « libre » des « droits de polluer », a été un échec. Une taxe carbone ne gênerait nullement les riches, mais pénaliserait fortement une proportion non négligeable des autres catégories sociales. En effet dans un système revenus-prix, les riches ne se rationnent pas, les pauvres y sont obligés, par leur insolvabilité. Reste la carte carbone, l’action sur les quantités, le rationnement organisé collectivement. Ce type de rationnement doit sa mauvaise réputation à son association à l’idée de pénurie… alors qu’il est une réponse à la pénurie, et non sa cause. A cette politique publique d’action pour limiter l’utilisation d’énergies fossiles devrait bien sûr s’ajouter les mesures permettant de sortir du nucléaire.
Lecture complémentaire, le chapitre de Mathilde Szuba : Régime de justice énergétique
In Penser la décroissance (politiques de l’Anthropocène) sous la direction d’Agnès Sinaï