La menace de suppression des Pages Planète, en tant que rubrique clairement identifiée, dans la nouvelle maquette adoptée par le journal Le Monde, inquiète fortement l’Association des Journalistes-Ecrivains pour la Nature et L’Ecologie (JNE).
Pour notre association – qui regroupe en France plus de 200 adhérents qui travaillent dans différents supports (quotidiens, magazines, mensuels, radios, télévisions, sites, maisons d’édition ) – cette menace sur le devenir des pages Planète du « Monde » est symbolique des difficultés croissantes que rencontre l’information environnementale pour trouver sa juste place. Y compris dans un quotidien prestigieux qui se veut de «référence » et dont cette rubrique avait pourtant acquis, années après années, une réputation d’expertise et d’excellence. Cette disparition éventuelle constituerait de plus un signal supplémentaire inquiétant. Elle surviendrait, en effet, après la diminution de la place accordée à la rubrique Terre à l’intérieur du quotidie n Libération ou encore la suppression du service environnement au New York Times. Comme si, même en matière d’information, les autres crises (économique, financière, politique, sociale…) faisaient passer au second plan, la crise écologique, pourtant liée et déjà bien réelle dans de nombreux domaines : réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles, etc…
Il n’est pourtant pas si loin le temps où, à la veille de l’ouverture du sommet de Copenhague consacré au changement climatique, 56 journaux du monde entier (dont le Monde, Libération, le New York Times …) publiaient un éditorial commun, le 7 décembre 2009, dans lequel il était écrit ceci : « Les représentants politiques à Copenhague ont le pouvoir de façonner le jugement de l’histoire sur notre génération : celle qui a vu le défi et l’a relevé ou celle qui était si stupide qu’elle a vu la calamité qui s’annonçait mais n’a rien fait pour l ‘éviter. Nous les conjurons de faire le bon choix ».
Quatre ans après, ne sommes nous pas en droit de reprendre, au nom des journalistes chargés de l’environnement mais aussi des lecteurs et des citoyens, cette même supplique auprès des directions de ces différents grands médias, et notamment de la direction du « Monde » ? Pour qu’ elles fassent, elles aussi, « le bon choix » : en ne sacrifiant pas l’information environnementale au nom d’ un court-termisme qui montre chaque jour ses limites mais, au contraire, en continuant à développer les éléments objectifs utiles à cette indispensable prise de conscience planétaire.
Les Journalistes-Ecrivains pour la Nature et l’Ecologie (JNE)
Le Sauvage s’associe entièrement à cette démarche des JNE. Abandonner les pages “Planète”reviendrait pour le Monde à se saborder. On s’attend à ce que ce journal qui est “le journal sérieux”, faute de mieux, ne sous estime pas la situation dramatique de la vie sur cette planète. Les perturbations climatiques dues aux activités humaines doivent être traitées comme des sujets d’actualité urgents. L’écologie n’est pas un sous chapitre de l’économie, ou de de la finance, ou de la politique. Il s’agit de la plus fondamentale préoccupation que puisse considérer un journal digne de ce nom à notre époque. Le Sauvage