« Monsieur chasse » de Georges Feydeau.

8 juin 2013,

par Michèle Valmont

Page0010« Monsieur chasse », donné actuellement au Théâtre 14, est la pièce qui consacra Feydeau. Si elle n’atteint pas encore la perfection du « Fil à la patte » ou de « La puce à l’oreille », elle est riche d’un enchevêtrement ahurissant de quiproquos rocambolesques. L’histoire en est irracontable. Sachez seulement que Monsieur prétend chasser pour retrouver sa maîtresse, femme de son ami, qui habite l’immeuble de l’amant qu’a choisi Madame pour se venger. Mari trompeur et mari cocu, femme adultère et femme trompée sont entraînés dans une sarabande extravagante menée par une comtesse devenue concierge, un commissaire de police et un neveu roublard. Les trois actes vont crescendo pour déboucher sur un final explosif où la morale triomphe au prix des mensonges les plus délirants.

La mise en scène de Jean-Paul Tribout –également interprète idéal du rôle de Duchotel, le mari trompeur trompé, respecte scrupuleusement dialogues et situations. La précision métronomique de Feydeau fonctionne admirablement, magnifiée par l’ingénieux décor d’Amélie Tribout, dépouillé à l’extrême, où cependant rien ne manque, fait d’une succession de portes dévoilant fenêtre, placard ou palier …et d’un lit. Les ravissants costumes de Julie Allègre complètent agréablement la vision d’ensemble.

Ecartelés entre leur désir frénétique de jouissance sexuelle et  leur devoir de respectabilité bourgeoise, les personnages sont hilarants. Pas une faiblesse dans la distribution : Emmanuel Dechartre, Thomas Sagols, Xavier Simonin, ridicules à souhait, déchaînent les rires. Jacques Fontanel campe un docteur Moricet désopilant de fatuité, Claire Mirande est une comtesse-concierge attendrissante, Marie-Christine Letort, dans le rôle omniprésent de Léontine, joue avec un abattage et une conviction époustouflants.

Alors, ne manquez pas ce moment de gaieté intelligente.

Michèle Valmont

Théâtre 14 : 01 45 45 49 77