Suite au classement au niveau 3 de l’échelle INES d’une fuite d’un réservoir de 300 tonnes d’eau contaminée à la centrale de Fukushima, le Réseau “Sortir du nucléaire” demande que l’ensemble des accidents nucléaires survenus sur le site depuis mars 2011 fassent aussi l’objet d’un classement qui reconnaisse leur gravité.
Fuite d’eau classée au niveau 3 de l’échelle INES : une reconnaissance insuffisante de la gravité de la situation.
Après l’avoir classé mardi 20 août au niveau 1 de l’échelle INES, qui en compte 7, l’AIEA vient de reclasser au niveau 3 (“incident grave”) une fuite de 300 tonnes d’eau contaminée qui se sont déversées depuis un réservoir sur le sol de la centrale.
C’est la première fois depuis la reconnaissance de la catastrophe nucléaire majeure, le 12 avril 2011, qu’un événement est officiellement classé à Fukushima. Toutefois, ce classement demeure notoirement en-dessous de la réalité des faits : le niveau 3 correspond à “très faibles rejets : exposition du public représentant une fraction des limites prescrites” , alors que l’incapacité de contrôler les fuites d’eau sur le site mènera fatalement à rejeter à l’extérieur cette eau fortement contaminée [1].
Les fuites massives dans l’océan doivent aussi être classées !
Puisque pour la première fois depuis la reconnaissance de l’accident majeur, on évalue sur l’échelle INES l’ampleur d’un problème, il serait temps que cette évaluation concerne aussi les autres événements survenus sur le site, afin que leur gravité soit officiellement reconnue par les autorités du monde entier.
Le Réseau “Sortir du nucléaire” demande notamment à l’AIEA de reconnaître la gravité des fuites d’eau massives survenues en avril et mai 2011 depuis les réacteurs n°2 et 3, à l’occasion desquelles 4700 millions de millions de becquerels ont été déversés dans l’océan [2]. Ces fuites d’eau contaminée vers l’océan se poursuivent toujours. Le Réseau “Sortir du nucléaire” a lancé une pétition adressée à l’AIEA afin que ces rejets ayant mené à une dispersion colossale d’éléments radioactifs dans l’environnement soient considérés comme un accident majeur à part entière, à classer au plus haut niveau existant [3].
À quand la reconnaissance des contaminations et expositions mortelles des travailleurs de Fukushima ?
Par ailleurs, les événements menant à la contamination, voire à l’exposition létale de travailleurs, doivent normalement faire l’objet d’un classement sur l’échelle INES et être rendus publics. Or cela n’a pas été le cas, alors même que, selon Tepco, des milliers de travailleurs auraient été exposés à de fortes doses de radioactivité et qu’il est plus que probable que certains soient déjà décédés des suites d’une exposition à des doses inacceptables [4]. En occultant les contaminations humaines et les souffrances qu’elles engendrent, les autorités nucléaires continuent à couvrir la barbarie de cette catastrophe.
Même si l’échelle INES a ses limites et ne peut rendre compte de l’horreur d’une catastrophe nucléaire, il est temps que soient reconnus comme tels les multiples accidents survenus à Fukushima. Ne serait-ce que pour contrer le déni mis en œuvre par le gouvernement de Shinzo Abe et l’industrie nucléaire du monde entier, et inciter la communauté internationale à se pencher sérieusement sur la situation désastreuse à Fukushima.
Retrouvez la pétition pour demander le reclassement en accident majeur des fuites massives survenues au printemps 2011 : http://groupes.sortirdunucleaire.org/Petition-Fukushima?o=U
Notes :
[1] Rappelons que le Japon vit toujours sous la menace d’un séisme majeur. En cas de forte secousse, les stockages d’eau contaminée s’avèreraient particulièrement vulnérables.
[2] Voir la note de l’ACRO à ce sujet, qui souligne que ces rejets effectués au printemps 2011 mériteraient d’être classés au moins au niveau 5 ou 6.
[3] Le Réseau “Sortir du nucléaire” demande également que les accidents survenus sur les trois réacteurs de Fukushima fassent chacun l’objet d’un classement comme accident majeur, aucun niveau n’existant actuellement pour caractériser une catastrophe avec de multiples sources de contamination.
[4] Selon Tepco, 13 667 travailleurs de Fukushima auraient été exposés à plus de 5 millisieverts entre mars 2011 et juin 2013 ; par ailleurs, toujours selon Tepco, près de 2000 travailleurs auraient reçu des doses supérieures à 100 millisieverts, seuil considéré par les experts “officiels” comme conduisant au développement d’un cancer