Libre-Esprit

23 août 2013,

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Quand la chaleur tombait, nous montions aux ruines du château. Les allemands l’avaient fait exploser lors de leur retraite de 1918, dans une orgie de destructions et de terre brûlée. Depuis la végétation l’avait envahi, descellant les pierres, les arbres s’y étaient enracinés. Les couleuvres albinos et de petits lézards sombres s’enfuyaient à notre approche. On entendait dans l’ancienne citerne, le tintamarre lugubre des grenouilles aveugles.
C’était cependant, parvenus au faîte, une retraite agréable, les saules là-bas frissonnaient avec des bruits d’éventails, nous suivions le vol des libellules, des sphinx- colibris (Macroglossum stellatarum) butinaient les géraniums sauvages. Georges lisait le dictionnaire khazar.
Une communauté de bégards s’installa un temps, tentant de ressusciter la foi et les rites des Frères du Libre-Esprit, c’était trop tôt ou trop tard, ils durent s’exiler et essaimer au Brésil. Des graffitis gravés qu’on lit du bout des doigts attestent leur passage.

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