Travail de deuil à la FNSEA

26 septembre 2013,

Nous avons pris connaissance du communiqué suivant :

fnsea

Colère, tristesse, indignation, après l’attaque violente contre la maison du Parc Naturel Régional du Morvan. Une manifestation d’agriculteurs FNSEA du Morvan a pris pour cible hier le Parc Naturel Régional. Une cinquantaine de tracteurs et des remorques chargées de détritus ont permis de saccager par des aspersions de lisier la maison du Parc et ses abords, jardin, parc, étang.

et avons apprécié le commentaire de Paul Boyer, entrepreneur :

Tout changement est une forme de deuil.

C’est particulièrement vrai pour des agriculteurs qui ont passé toute leur carrière (encouragés par les politiques) à aller vers toujours plus de productivisme, toujours plus de chimie, toujours plus de surfaces et de cheptel, d’investissements et de capital pour toujours moins de main d’oeuvre. La filière agro-industrielle ne produit plus des aliments (d’abord conçus pour nourrir), elle fabrique des marchandises (d’abord conçues pour être vendues).

La transition écologique est pour eux un changement majeur (pas seulement pour eux, les politiques et les consommateurs aussi !).

Comme il a été largement documenté, le deuil se déroule par étapes :

1. le choc/le déni

2. la colère

3. marchandage/négociation

4. dépression/remise en question/tristesse

5. acceptation

 Jusqu’à présent, la FNSEA nous opposait le mépris de son déni d’un quelconque besoin de transition. Aujourd’hui, on est dans la colère.

Si cette colère est regrettable -et condamnable sur sa forme-, sur le fond il faut se réjouir que la FNSEA ait terminé la première étape de son deuil et avance ainsi vers l’acceptation de la transition écologique.

 La suite est prévisible: de dures négociations et marchandages, puis il conviendra d’aider les agriculteurs (ceux qui font la FNSEA d’aujourd’hui, ceux qui sont déjà dans le bio ne sont pas en crise !) à faire face à la dépression avant d’avoir enfin une ‘nouvelle FNSEA’ qui pourra être un partenaire engagé à nos côtés vers la transition écologique.

 Si je comprends la réaction “mais quels cons!”, il me semble urgent de préparer le futur et faire en sorte qu’il soit bientôt possible de travailler en partenariat avec la FNSEA, car oui, ils vont finir par devenir un partenaire pour faire de l’agriculture correctement, j’ai l’impression que la transition est déjà en marche (oui, il n’y a pas le choix…). Je sais qu’on va me dire que je suis optimiste. Mais ne vaut-il pas mieux prendre le parti des optimistes, de ceux qui croient à une sortie des crises ‘par le haut’ ?

Paul Boyer

Chef d’entreprise (TPE) de fabrication et vente d’une marque de vêtements éthiques