par Michèle Valmont
Zelda et Scott Fitzgerald incarnent pour beaucoup le couple emblématique de la vie artistico-mondaine débridée des années 20. Ecrite et mise en scène par Renaud Meyer, l’histoire de leur relation passionnée est actuellement représentée sur la scène du Théâtre La Bruyère .
On assiste ainsi pendant près de deux heures aux scènes d’hystérie que fait une Zelda frivole assoiffée de luxe et de luxure à un Scott dépassé par les événements, cherchant refuge dans l’alcool mais s’obstinant à trouver dans sa femme l’héroïne de ses romans. Zelda monte sur les rambardes des balcons de buildings, se trémousse à demi nue, harcèle, revendique…Si l’on est indulgent, on la trouve originale, plus sévère, on la perçoit comme folle dangereuse. Elle finira d’ailleurs par sombrer dans une schizophrénie profonde, malgré l’amour que continue de lui porter son mari.
Le témoin de cette déchéance est Ernest Hemingway, ami et confident de Scott, qui lui enjoint de quitter Zelda. Le propos de la pièce est mince, on se fatigue vite de cette vaine agitation. Seuls quelques dialogues entre Fitzgerald et Hemingway sur les sources de l’inspiration de l’écrivain, ses doutes et ses remises en question éveillent un certain intérêt.
Sara Giraudeau est une Zelda épatante. Son agaçante voix de femme-enfant fait ici merveille. Julien Boisselier, juste et sensible, a la distinction du dandy fatigué. Quant à Jean-Paul Bordes, il incarne un Hemingway sobre mais présent.
L’efficace scénographie de Jean-Marc Stehlé et les chaleureuses interventions sur scène des musiciens du Manhattan Jazz Band créent une atmosphère séduisante, évocatrice de ces années dont la folie déteignait sur ceux qui les vivaient.
Michèle Valmont
Théâtre La Bruyère : 01 48 74 76 99