Nourrir l’Europe

24 janvier 2014,

Drapeau européenNourrir l’Europe en temps de crise : Vers des systèmes alimentaires décentralisés

novembre 2013 par Pablo Servigne

 Avec la mul­ti­pli­ca­tion des crises économiques et sociales, l’aggravation du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, la général­i­sa­tion des pol­lu­tions, la détéri­o­ra­tion irréversible des écosys­tèmes et la fin de l’ère des éner­gies fos­siles bon marché, l’Europe risque d’être con­fron­tée avant 2030 à des chocs sys­témiques désta­bil­isants. Les sys­tèmes ali­men­taires indus­triels européens, pourront-ils dans ces con­di­tions se main­tenir en l’état ou risquent-ils de subir d’importantes trans­for­ma­tions struc­turelles ? La sécu­rité ali­men­taire en Europe pourrait-elle être ainsi remise en cause ?

Dès lors, com­ment anticiper une tran­si­tion vers des sys­tèmes ali­men­taires résilients et souten­ables ? Com­ment pro­duire, dis­tribuer et trans­former des ali­ments en quan­tité suff­isante avec de moins en moins d’énergie fos­sile ? Com­ment sécuriser l’approvisionnement des villes ? Pour con­stru­ire une vision à long terme d’une poli­tique ali­men­taire européenne mêlant à la fois soutenabilité et résilience, il s’agira d’explorer des pistes plus con­crètes en s’inspirant d’expériences de terrain.

L’étude de Pablo Servi­gne,  Nour­rir l’Europe en temps de crise, vers des sys­tèmes ali­men­taires résilients, com­mandée par Yves Cochet pour le groupe les Verts/ALE, tente de répon­dre à ces questions.

Le pre­mier apport de cette étude est de pren­dre comme sujet prin­ci­pal l’ensemble du sys­tème ali­men­taire, et non plus seule­ment l’agriculture.

Deux­ième­ment, l’étude s’attache à l’analyse des rela­tions entre les crises qui men­a­cent le sys­tème ali­men­taire indus­triel, le con­stat de sa grande vulnérabilité – en particulier au regard du pic pétrolier et du change­ment cli­ma­tique –, l’invitation à pren­dre con­science d’un poten­tiel effet domino et enfin la con­clu­sion qu’il faut chercher des solu­tions systémiques.

 Troisième­ment, l’étude pro­pose des principes généraux de résilience qui guideront les choix d’innovation et les propo­si­tions poli­tiques. Les sys­tèmes ali­men­taires, l’agriculture et la demande (les con­som­ma­teurs) seront à l’avenir très économes en énergie, con­stru­its sur de petites struc­tures décen­tral­isées et con­scientes des lim­ites physiques de la planète.

Le qua­trième apport de ce tra­vail est de dessiner un cadre général pour la ville et les cam­pagnes, qui prenne en compte les lim­ites énergé­tiques, les risques cli­ma­tiques et les exi­gences écologiques de l’environnement de demain. Ce cadre per­me­t­tra de guider les futurs choix poli­tiques, et de trans­former l’imaginaire des acteurs du sys­tème alimentaire.

 Le cinquième apport est de mon­trer que des expéri­ences alter­na­tives con­crètes et crédi­bles exis­tent et s’insèrent dans le cadre de pen­sée développé dans l’étude. Ceci redonne espoir en la possibilité d’une tran­si­tion et favorise le pas­sage à l’action. Mais les ini­tia­tives sont encore frag­iles, il con­vient donc de les soutenir et de favoriser leur émer­gence par des poli­tiques publiques fortes.

 Enfin, l’étude per­met de penser la tran­si­tion, et de dis­cuter des prin­ci­pales dif­fi­cultés qu’elle pour­rait rencontrer.

 Lire l’intégralité de l’étude Nour­rir l’Europe en temps de crise, vers des sys­tèmes ali­men­taires résilients.

Un col­loque de présen­ta­tion de l’étude a eu lieu jeudi 17 octo­bre au Par­lement européen à Brux­elles en présence de plus de 300 par­tic­i­pants. Dans la pre­mière par­tie de la con­férence, Pablo Servi­gne présen­tait son étude Nour­rir l’Europe en temps de crise,  puis des pistes pour con­stru­ire des sys­tèmes ali­men­taires résilients. Dans la deux­ième par­tie, les inter­venants ont abordé les différentes réponses poli­tiques, à l’échelon européen et local.

L’intégralité de la con­férence est visionnable ici.