Articles avec le tag ‘résilience’

La crise climatique, la crise des ressources et la démocratie, 2/2

7 janvier 2022,

Le citoyen au coeur de la résilience.

Résumé de l’épisode précédent:

Bien que tous les voyants climatiques soient au rouge, que les ressources s’épuisent, que les crises s’amplifient, tout se passe comme si nous essayions d’occulter, consciemment ou inconsciemment, que le monde s’enfonce peu à peu dans un état d’urgence permanent, dans lequel on sait que la démocratie sera bafouée.
Mais tout n’est pas perdu. Si l’on n’a pas toujours réussi à influer par le haut sur les nations ou le monde, il reste réaliste d’agir à l’échelle locale ou à l’échelle de territoires partageant des communs. De l’éco-hameau jusqu’aux bio-régions, en passant par le jardin partagé ou la salle associative, nous voyons que des groupes motivés arrivent à construire des enclaves écologiques et citoyennes, sur des principes de démocratie directe, capables de mieux résister à l’effondrement en cours. L’utopie voulant que ces enclaves s’interconnectent un jour afin de proposer des visions macro-territoriales.

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La mutation du discours politique face à l’effondrement

7 juin 2019,

Les élections Européennes de 2019 ont illustré un fait historique dans l’histoire politique de l’Europe: la totalité des partis français ont inclus l’écologie dans leur programme. Certains propos sont même tout à fait radicaux, là où l’on ne s’y attendait pas. Je vous laisse deviner de quels partis viennent les discours suivants:

« Plus largement, derrière notre projet européen, il y a l’ambition d’une « civilisation écologique ». Cela signifie en finir avec le courtermisme et la loi du profit immédiat, sans égard pour l’ordre naturel, c’est-à-dire parfois le temps long. »
https://rassemblementnational.fr/videos/1er-mai-2019-a-metz-discours-de-marine-le-pen/

« La sécurité alimentaire, l’aménagement de notre territoire et la transition écologique, qui sont des conditions essentielles de notre avenir, passent d’abord par ce chemin. »
https://www.republicains.fr/actualites_tribune_pac_avenir_en_jeu_20190224

« Sensibiliser les citoyens, dès le plus jeune âge, à l’urgence écologique, grâce à un enseignement sur les enjeux du climat et de la biodiversité »
https://www.mouvementdemocrate.fr/programme/propositions-2436

« Engagés pour la transition écologique et la protection de l’environnement, développer une agriculture sans pesticides en 5 ans en aidant les agriculteurs »
https://www.les-patriotes.fr/nos-propositions-illustrees-lecologie/

« À l’heure où il faut faire un choix et agir pour une Europe plus écologique il faut savoir s’affranchir des seuls slogans, des seules postures, des seules bonnes intentions, et soutenir les orientations susceptibles de changer de cap pour passer de l’écologie de façade à l’écologie réelle. »
http://www.debout-la-france.fr/actualite/pour-passer-de-lecologie-de-facade-lecologie-reelle

N’en jetez plus ! Bien sûr, nous ne sommes pas dupes de l’incohérence entre ces paroles de posture électorale et la nature conservatrice de programmes ou de personnels politiques, qui, en réalité, prônent la continuation du modèle productiviste actuel, voire son renforcement.
Nous ne sommes pas surpris non plus par l’emploi fréquent de « transition écologique », un fourre-tout bien pratique dans l’esprit des conservateurs, car il peut parfaitement inclure la continuation du capitalisme par le biais de la croissance verte.

Mais la présence de ces mots nouveaux, et parfois forts – « civilisation écologique », « écologie réelle »- dans les partis de droite ou d’extrême-droite n’est pas seulement issue de la conjoncture électorale. (suite…)

Faire société face à l’effondrement

15 juin 2016,

Le bon gouvernement LorenzettiLa fresque de Lorenzetti illustrant le bon gouvernement, palais municipal de Sienne

Nous avons lu sur le site de l’Institut Momentum le texte et la discussion de ce séminaire d’Yves Cochet :

Après l’effondrement, en l’absence d’un État, les humains se regrouperont-ils encore pour faire société, et comment contiendront-ils la violence interne à ce regroupement ? La grande majorité des humains vit dans un État, si l’on désigne ainsi la réunion d’un territoire et d’une population soumise à un pouvoir politique unique capable de fixer les règles du vivre-ensemble, de garantir seul la sécurité par les armes, et de lever impôts et taxes. Quelle que soit la diversité historique et géographique de cette institution, elle paraît triompher dans la seconde moitié du XXème siècle lorsque le nombre d’États passe d’une cinquantaine à près de deux cents pendant cette période. Paradoxalement, ce succès est souvent synonyme de l’effondrement d’États antérieurs qui se sont fracturés : URSS, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, pour ne citer que trois exemples du continent européen. Cependant, le mot « effondrement » ne semble pas adapté à ces configurations-là puisque, assez rapidement, d’autres États sont nés de la partition des premiers. Il est donc nécessaire de préciser ce que nous entendons par « effondrement » (suite…)

Le point sur la Transition

4 février 2015,

Transition.haut de l'imagesous le titre “Les villes en transition, l’ambition d’une alternative urbaine”, Adrien Krauz (*) fait le point sur le site de Métropolitiques

L’entrée du terme « transition » dans le registre de l’action publique  montre que les questionnements sur les manières de construire des modèles de société plus soutenables sont toujours d’actualité. La réponse proposée par les « villes en transition » est un modèle d’action appuyé sur une pluralité d’initiatives locales et citoyennes qui reposent sur une méthode d’aménagement écologique des territoires : la permaculture.

Face à la menace constituée par la crise environnementale, nos sociétés occidentales ont forgé le « développement durable ». Entendu comme un modèle de développement (suite…)

La semaine de 21 heures

8 octobre 2014,

logo NEF bis C’est une proposition sérieuse de la New Economics Foundation, qui se réclame de “l’économie comme si les gens et la planète avaient de l’importance”. Vous pouvez télécharger un mémoire de 37 pages en anglais sur leur site. Ce mémoire expose les arguments en faveur d’une semaine de travail beaucoup plus courte. Il propose un changement radical de ce qui est considéré comme “normal” c’est à dire jusqu’à 40 heures ou plus, vers 21 heures. Tout en permettant aux salariés de choisir des temps plus longs ou plus courts, il propose que 21 heures – ou leur équivalent étalé sur une année calendrier – devienne le standard généralement attendu du gouvernement, des employeurs, des syndicats, des employés… et de tout le monde.

Le chiffre de 21 a été choisi car au Royaume Uni c’est la moyenne que les personnes en âge de travailler consacrent au travail salarié, (suite…)

Nourrir l’Europe

24 janvier 2014,

Drapeau européenNourrir l’Europe en temps de crise : Vers des systèmes alimentaires décentralisés

novembre 2013 par Pablo Servigne

 Avec la mul­ti­pli­ca­tion des crises économiques et sociales, l’aggravation du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, la général­i­sa­tion des pol­lu­tions, la détéri­o­ra­tion irréversible des écosys­tèmes et la fin de l’ère des éner­gies fos­siles bon marché, l’Europe risque d’être con­fron­tée avant 2030 à des chocs sys­témiques désta­bil­isants. Les sys­tèmes ali­men­taires indus­triels européens, pourront-ils dans ces con­di­tions se main­tenir en l’état ou risquent-ils de subir d’importantes trans­for­ma­tions struc­turelles ? (suite…)

La permaculture

9 septembre 2010,

En janvier 2009, à la demande de Michel Courboulex, j’ai rédigé le premier d’une série d’articles qui paraissent depuis tous les deux mois dans la Gazette des Jardins. Cette série s’intitule “Aventures en permaculture”. Elle relate mes essais souvent maladroits et parfois comiques d’installer un écosystème permettant la survie humaine. Ces essais ont pour localisation le hameau Pinaud dans l’arrière-pays niçois, d’où la signature sous le pseudonyme Ghislain Depinaud. J’essaye d’expliquer brièvement ce qu’est la permaculture dans le premier article, mais plusieurs ami-e-s m’ont demandé de leur en dire davantage. C’est ce qui est tenté dans ce qui suit.

Définition
Selon les termes de l’inventeur du mot “permaculture”, Bill Mollison, la permaculture est une méthode de création d’environnements humains durables. Le mot lui-même est une contraction non seulement d’agriculture permanente mais aussi de culture permanente, car les cultures ne peuvent survivre longtemps sans une base d’agriculture durable et une éthique de l’utilisation des sols (1). L’objet de la permaculture est de créer des écosystèmes pérennes et nourriciers pour l’espèce humaine, économiquement viables. D’agricole au départ, le concept a été généralisé à la construction de sociétés humaines durables et résilientes, ce qui englobe l’habitat et l’économie en général. Les lignes qui suivent seront consacrées au socle agricole de la permaculture, qui lui donne son crédit et son originalité. (suite…)