Par Christophe Chelten
On n’aimerait pas se retrouver dépendant d’un régime dans lequel Alain Badiou exercerait son autorité de commissaire politique. Il est impressionnant de rencontrer un tel regard et une pensée aussi fixiste. Son invocation d’un communisme miraculeux qui résoudrait tous les problèmes des sociétés humaines est pathétique.
Les millions victimes du communisme réel, historique, vécu, n’ont pas troublé la vision onirique de Badiou. Il a la foi. Il croit aveuglément. Certes l’idée de départ du communisme fut belle, généreuse. Mais nous l’avons à plusieurs reprises vu devenir cette machine broyeuse d’homme entre les mains de minus illuminés et sordides.
Marcel Gauchet, le visage souriant, lui était opposé dans un débat de “Ce soir ou jamais” animé par Frédéric Taddeï. Gauchet en avocat nuancé du libéralisme donne au moins la sensation d’écouter la contradiction.
A ceci près que ni l’un ni l’autre, dans leurs projections d’avenir, ne mentionne la planète sur laquelle ils vivent, la biosphère dont ils dépendent définitivement, les ressources naturelles en voie d’épuisement, le nombre d’humains qui augmente sans cesse, les menaces d’immigrations massives… Martine Aubry n’apporte pas davantage de perspective au débat à gauche. Tous restent obsédés par le mythe d’une impossible croissance économique créatrice d’emplois.
Mais miracle, il semble que ce soit Jean-Luc Mélenchon qui commence de prendre en considération les paramètres écologiques de l’évolution de la société humaine. L’analyse de Mélenchon est encore incomplète. Il devrait seulement relire celle que René Dumont et son équipe exprimaient lors de sa candidature à la présidentielle de 1974! Il y a quarante ans!
(Le journaliste du Nouvel Observateur qui sur Internet s’est acharné stupidement sur sa consoeur Lea Salamé, a en revanche omis de traiter le sujet de fond de la discussion, c’est à dire la conversion écologique en cours de Mélenchon. Il faut remarquer à cette occasion que l’Obs a supprimé sa rubrique “Planète”. “Planète y a plus”, pour l’Obs.)
Mélenchon, à la différence des autres, est un esprit ouvert. Il comprend que les données du problème évoluent au fil du temps. Ce n’est pas seulement un tribun et un polémiste de grand talent, il sait aussi penser, lui. Il a rencontré Nicolas Hulot et ils se sont compris. Je ne crois pas non plus que ce soit un opportuniste à la manière de Pierre Juquin. L’idée d’exploiter les ressources de l’océan est intéressante mais pas pour relancer une autre croissance démesurée.
Voyons jusqu’où il va aller.
C. C.