Nollie nous quitte avec précipitation. On peut dire qu’elle nous a plaqués. Comme si elle avait hâte de voir ce qu’il se passe de l’autre côté. « On chante là haut ? Pour l’éternité ?», me demandait elle.
Fabriquée par nos parents sous l’occupation allemande, elle naît le 31 décembre 1943. Elle a frôlé Noël. Elle en a attrapé le nom. Elle descend à la cave dans ses langes, dans les bras de sa mère pendant les bombardements de la Porte de la Chapelle. Marie-Noëlle devint immédiatement Nollie. On s’aperçut très vite qu’elle avait la grâce dans la peau. C’était un être radieux ma petite soeur. Nous la célébrons en l’église de Saint Pair ce lundi 15 juin. Elle repose dans le cimetière marin de Notre Dame de Granville, à côté de ses parents.
Nollie a parcouru sa vie comme une bourrasque. Semant joie et désordre autour d’elle. Elle est devenue journaliste par soif de découvrir le monde, de vivre davantage. Nous parlions encore avec elle la semaine dernière de son incroyable voyage au Guatemala dans les années 70, avant le tourisme. Sa vie est devenue un roman.
Nollie a écrit des centaines d’articles et des reportages sur ses voyages dans Géo, Le Monde, le Sauvage, Ça m’Intéresse, Point de vue, Grands Reportages, Le Devoir au Canada… des critiques de télévision dans le Nouvel Observateur
Nollie était belle, rayonnante, vous vous souvenez. Sa beauté ne lui a pas rendu la vie facile. Nollie était une femme d’envergure. Elle avait les défauts de ses qualités : impulsive, impatiente, entêtée, insoumise, enthousiaste, sensible, créative, chaleureuse, volcanique, aimante, sociale, mais surtout pas socialiste… J’en passe. Elle cultivait de bruyantes détestations pour l’art moderne, le politiquement correct, la technique moderne, le modernisme… Elle avait des et des dizaines d’amis—de vrais amis. Vous étiez sa vie, vous ses amis. Elle vous séduisait, vous adorait et vous bousculait.
Il y avait de la matière d’ange dans cette femme. Elle a su vivre. Elle nous a étonnés, séduits. Elle nous a claqué la porte au nez le dix juin 2015 à huit heures quinze, après un an et demi de lutte courageuse et acharnée contre ses petites cellules du cancer du poumon. Merci à tous ceux qui l’ont aidée, entourée, aimée et tous ses amis, trop nombreux pour les citer tous et l’admirable, exemplaire équipe du service de pneumologie de l’hôpital de Granville et de l’hôpital à domicile dit HAD.
Nous l’avons aimée.
Son frère Alain