C’est celui qui le dit qui y est

24 juin 2015,

par Ghislain Nicaise

Au hasard de mes pérégrinations sur internet, je lis hier un article saluant la performance de l’avion solaire Solar Impulse tout en dénonçant la supercherie du message implicite qu’il porte (un jour il y aura des avions solaires utiles). Séduit par l’argumentation, je recherche d’autres articles de l’auteur, Michel Gay, et je tombe sur des écrits qui me font douter de la pertinence du premier. En date du 29 mai dernier, l’auteur a commis un article intitulé “L’écologisme” est-il une religion sectaire ?. La réponse à la question posée par le titre est donnée dans le sous-titre : Abandonner l’écologisme, en tant que religion sectaire nocive au bien-être d’une société libre, et revenir vers la raison et la science, serait faire œuvre de salubrité publique (sic). Le comique est que Michel Gay démontre dans le texte qu’il est une parfaite incarnation des défauts qu’il attribue aux écologistes (Ils sont persuadés que leur façon de penser est la seule possible pour sauver l’homme, et que les autres se trompent). Pour ne pas vous lasser, je ne citerai qu’un paragraphe de sa démonstration : Presque toutes les prédictions de catastrophes écologistes se sont révélées fausses depuis 50 ans, et notamment celles incluses dans le rapport du Club de Rome en 1972. Avec autant d’échecs passés, les prédictions environnementales des « écologistes » devraient être discréditées. Mais les croyances n’ont rien à voir avec les faits. Fin de citation. 

S’il y a une étude qui aborde le problème de la finitude des ressources de manière scientifique, c’est bien le rapport Meadows, paru en 1972, commandité par le Club de Rome et remarquablement conforté 30 ans plus tard par le rapport Turner, comme nous l’avons déjà signalé sur ce site. Comme Michel Gay renvoyait à un autre site avec la couleur bleue sur “Club de Rome”, j’ai eu la curiosité d’un clic et me suis trouvé perplexe en arrivant sur le site de Jean-Marc Jancovici. Se pourrait-il que la logique d’acier de Jancovici ait réussi à démonter le rapport Meadows ? Ne faudrait-il pas que je lui recommande la lecture du rapport Turner ?

Rien de tout cela. Michel Gay est tellement aveuglé par son sectarisme anti-écolo, (ou son incapacité à lire un texte scientifique ?) qu’il cite Jean-Marc Jancovici à rebours. Toujours aussi affuté, JMJ démontre point par point que le rapport Meadows a une approche rigoureuse, digne du Massachusetts Institute of Technology qui l’a vu naitre, et que le rapport Turner confirme à de petits détails près les prédiction de 1972, avec un effondrement de notre civilisation quelque part dans le courant de notre siècle, la date dépendant des mesures qui seront prises. Il est vrai que le rapport Turner n’a pas eu chez les politiques un écho à la proportion de son importance. Faut-il remercier Michel Gay d’avoir attiré l’attention sur ce point, malgré lui ?

Ghislain Nicaise

Meadows revisited

 

Le modèle de Meadows (pointillés) revisité par Turner. Les traits pleins correspondent à des observations chiffrées. La période 1970-2000 permet de comparer ce qui avait été prédit à ce qui s’est réellement passé. Lorsque le modèle a été publié en 1970, il a été confronté par ses auteurs à la réalité observée depuis 1900. L’étude de Turner montre que le modèle a assez bien résisté à l’histoire sur les 30 ans qui ont suivi sa publication. Si des mesures énergiques ne sont pas prises, il est donc assez probable que vers 2030 nous assisterons à un effondrement global entraînant une décroissance durable de la population mondiale.