La louve au théâtre La Bruyère

12 septembre 2016,

14635581507801-photo-hd-28004par Michèle Valmont
Ou comment réviser son Histoire de France en s’amusant.
En 1515, le roi Louis XII se meurt sans descendance et désigne comme son successeur sur le trône de France François d’Angoulême, son gendre. Ce dernier, beau et fantasque, qui s’ennuie dans les bras de son épouse boiteuse, la douce Claude, est surveillé de près par sa mère Louise qui a beaucoup intrigué pour que son fils accède au pouvoir, le couvant comme une véritable louve. Le vieux roi meurt et…patatras, sa jeune veuve se déclare enceinte. Qui va donc régner ? François ou le futur nourrisson, si c’est un garçon ?
L’intrigue est si bien agencée, la mise en scène si allègre, les interprètes si bien choisis qu’on est accroché à ce suspense jusqu’au dénouement… pour le moins inattendu.
Daniel Colas, auteur et metteur en scène, s’est surpassé dans l’écriture de la pièce, dont les faits sont bien réels, narrés dans une langue exquise aux accents de la Renaissance. Les dialogues, pleins d’humour, sont denses et rapides, les caractères des personnages fouillés.
La louve, Béatrice Agenin, est époustouflante. Elle éclate d’intelligence et de distinction dans l’ambivalence de son rôle de mère, confite en religion et cependant prête à tout pour mettre son fils sur le trône. Ledit fils, superbe Gaël Giraudeau, est aussi beau à voir qu’à entendre, tant il est crédible en grand dadais, emporté par ses passions jusqu’à risquer de se nuire.
La disgraciée reine Claude, attachante et sensible Maud Baecker, illustre à merveille la condition de la femme de l’époque, soumise au bon vouloir d’un père, d’un mari… ou d’un frère, pour la reine Marie, magnifique Coralie Audret, sœur d’Henri VIII d’Angleterre, propulsée par le jeu des alliances politiques dans les bras du vieux Louis XII.
Yvan Garouel est fantastiquement drôle dans le rôle d’un maladroit espion bègue. Adrien Melin, discret amant (on ne vous dira pas de qui) est d’une justesse parfaite et Patrick Raynal admirable et émouvant dans sa détresse royale.
Le décor sobre et élégant de Jean Haas : un grand miroir, un fauteuil, deux candélabres évoque à la perfection l’ambiance austère et glaciale des châteaux royaux, soulignée par l’étonnante musique de Sylvain Meyniac. Quant aux costumes de Jean-Daniel Vuillermoz, ils sont remarquables de raffinement et d’élégance.
Ce spectacle respire l’intelligence. Ne le manquez pas.   Michèle Valmont

Théâtre La Bruyère : 01 48 74 76 99