Vient de paraître au Théâtre 14

13 septembre 2016,

37978par Michèle Valmont
Quel plaisir de voir programmée par le Théâtre 14 une pièce d’Edouard Bourdet, injustement ignoré depuis bon nombre d’années. On oublie son importance pendant l’entre-deux guerres et on ne le connaît que par l’adaptation cinématographique de ses pièces « Fric-Frac » et « Le sexe faible ».
Dans « Vient de paraître », Bourdet s’amuse des magouilles du monde de l’édition. Sans doute règle-t-il quelques comptes au passage. Moscat, un éditeur riche et célèbre, pistonne son auteur Maréchal pour le prix Zola. Au tout dernier moment, c’est un auteur inconnu qui remporte le prix. Que s’est-il passé ? D’intrigues en embrouilles de toutes sortes, l’écrivain novice, Marc, et sa femme Jacqueline, se trouvent plongés dans un monde de requins dont le cynisme et l’appât du gain mettront leur couple en péril. La sincérité de l’amour de Jacqueline pour son mari est mise à rude épreuve face aux avances du séduisant Maréchal. Marc souffre. Va-t-il transformer cette souffrance en nouveau livre, comme

l’espère le machiavélique Moscat ? Le créateur doit-il éprouver la douleur pour accoucher de chefs d’œuvre ? C’est le thème original de la pièce, admirablement mise en scène par Jean-Paul Tribout qui tient également avec un panache stupéfiant le rôle de Moscat. A ses côtés, Eric Herson-Marcarel campe avec sensibilité et justesse l’écrivain bafoué. Jean-Paul Bordes est un Maréchal tout en finesse. Caroline Maillard, la seule femme de la distribution, arrive par la touchante sensibilité de son jeu, à rendre émouvante l’amoureuse naïve qu’elle incarne. Quant à Jean-Marc Sirgue, il joue Bourgine, l’ami témoin, avec une cocasserie réjouissante. Le reste de la distribution est irréprochable.
Bravo pour la sobre ingéniosité des décors et les musiques du groupe des six, contemporaines de la création de la pièce…en 1927.
Mais, au fond, les choses ont-elles tellement changé depuis ?

Michèle Valmont

Théâtre 14 : 01 45 45 49 77