La fée électricité

23 novembre 2021,

Nous avons lu sur le site de notre consœur The Conversation un article du sociologue Alain Gras dénonçant la sacralisation de l’électricité dans les perspectives de transition énergétique. Un extrait de cet article (intitulé L’électricité, ce mensonge phénoménal) vous donne le message :

Le mythe de la pureté électrique
La fée électricité se présente revêtue de probité candide, dirait le poète, puisqu’elle ne provoque aucune nuisance lorsqu’elle délivre sa magie par simple clic sur le bouton interrupteur. Les usagers savent, plus ou moins, que cette force « courante » n’est pas une énergie, qu’elle ne fait que transférer la puissance d’une autre, bien réelle, matière fossile ou éléments naturels ; mais ils l’oublient devant le prodige.

Délocaliser les effets nocifs
La mise en avant de la pureté électrique repose en effet sur l’effacement du second principe de la thermodynamique : « toute transformation du système entraîne une augmentation de l’entropie globale ». Les déchets sont ici relégués au second plan ; la production, les nuisances, rendues invisibles.
Le génial inventeur et entrepreneur avisé, Thomas Edison, fut le premier à avoir trouvé là un argument publicitaire imparable dans les années 1881. Il équipa dans la rue la plus chic de New York, Pearl Street, un millier d’intérieurs avec ses nouvelles ampoules à incandescence sous vide. Le succès fut immédiat : à la place de la lumière du gaz, qui salissait les intérieurs bourgeois, cette innovation gardait frais tableaux et tapisseries. Mais, à quelques kilomètres de là, deux centrales à charbons rejetaient 5 tonnes de scories par jour dans l’Hudson River.
Ce modèle de délocalisation des effets nocifs, inscrit si profondément dans notre mode de vie, nous empêche de voir que bien des vertus électriques relèvent à la catégorie « fake news ».
Fin de citation.

Vous vous souvenez peut-être qu’EDF a été démembrée en plusieurs organismes dont un qui est chargé de la distribution, le Réseau de Transport d’Electricité (RTE). L’article d’Alain Gras comporte un lien vers le site de RTE où nous avons trouvé la perle suivante :

Atteindre la neutralité carbone implique une transformation de l’économie et des modes de vie, et une restructuration du système permettant à l’électricité de remplacer les énergies fossiles comme principale énergie du pays.

Les responsables de RTE étant les mieux placés pour savoir que l’électricité n’est pas une source d’énergie mais un vecteur entretiennent donc délibérément la mystification, en disant vouloir remplacer les énergies fossiles par l’électricité. Bien entendu l’électricité doit être produite par des sources d’énergie, pour le moment largement fossiles, et le but devrait être que ces sources soient renouvelables (1).
La Rédaction

(1) En toute rigueur on devrait distinguer les fossiles dont la combustion produit beaucoup de carbone (charbon, pétrole, gaz « naturel ») des fossiles qui en émettent peu mais ont d’autres inconvénients comme l’uranium.