Un article érudit qui stimule l’imagination, reproduit d’après le site de notre consoeur la Revue Projet. Pour que le capital Nature résiste à la financiarisation, ce chercheur (Professeur à l’Université Paris-Dauphine) propose un retour à la tradition comptable.
par Jacques Richard
Pour « verdir » les comptes des entreprises, il faudrait choisir entre donner un prix à la nature ou, faute de mieux, utiliser des données purement quantitatives : à défaut de donner une valeur aux abeilles, vu la complexité des services qu’elles rendent, on pourrait évaluer l’évolution probable de leurs quantités. Voilà ce que prétend l’orthodoxie dominante, exprimée par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD). Il regroupe de grandes multinationales, la Banque mondiale, la commission Stiglitz[1] ou encore la commission Sukhdev[2]. Cette vision, très réductrice, passe sous silence l’existence d’une conception totalement différente, dont le but n’est pas de donner un prix ou une valeur à la nature ou à l’homme, mais de déterminer le coût de la remise en état de leurs fonctions essentielles.