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PIVisme

7 février 2020,

Sur le site de Terrestres, un article de Nelo Magalhães intitulé « Combien pour sauver la Planète ? La fuite en avant des investissements verts »

Comment en vient-t-on à penser que la catastrophe écologique nécessite prioritairement des gigantesques investissements verts ? Cet article déconstruit méthodiquement cette façon de concevoir et de répondre aux enjeux écologiques. Il montre en quoi le paradigme des investissements verts, qui tend à devenir hégémonique, prolonge une vision économiciste du monde.

Comment sauver la Planète ? Aux petits gestes individuels « éco-citoyens » s’ajoutent désormais les grandes résolutions : finance verte, marché carbone, taxes vertes, banque centrale verte, green bonds, GreenNew Deal, etc. Depuis au moins 25 ans, grandes institutions internationales, ONG, milliardaires, think tanks influents, etc., tous cherchent à réorienter les flux de capitaux vers le « secteur vert » pour qu’enfin advienne une économie « verte ». Pour cette communauté hétéroclite, le « changement de trajectoire » passe nécessairement et prioritairement par des « investissements verts ». Loin d’être inédite, la question « du financement » est largement débattue depuis le début des années 1990 et l’avènement du « développement durable » (puis de la « croissance verte ») comme concept clé des grandes messes internationales sur le thème de l’écologie : finance verte lors du One Planet Summit à Paris (2017), Fonds Vert pour le Climat à Copenhague (2009), marché du carbone à Kyoto (1997), écotaxe européenne (abandonnée) à Rio (1992), etc.

Combien ? Les chiffres varient de façon spectaculaire selon les trajectoires visées, les secteurs à verdir, les institutions et les périodes prises en compte. Il fallait trouver 100 Mds $ / an d’ici 2020 à Copenhague (2009), là où la Cour des Comptes Européenne préconise 1115 Mds € / an entre 2021 et 2030. Pour la France, la « stratégie bas-carbone », appuyée par la Programmation pluriannuelle de l’énergie de 2016, estime à 60 Mds € /an les investissements « nécessaires à la transition », en cela proche de l’Institute 4 Climate Economics. Le Green New Deal européen ? 1300 Mds € pour l’économiste Alain Grandjean, alors que la Commission Européenne propose 180 Mds € /an d’ici 2030. Le New Climate Economy monte à 270 Mds $ par an pour la période 2015–2030, là où Bloomberg New Energy Finance se contente de 200 Mds $ / an entre 2016 et 2040. Trop peu : l’agence internationale de l’énergie évalue à 900 Mds $ / an entre 2010 et 2020 ; pour la même période, l’Organisation des Nations Unies propose de « verdir l’économie mondiale » pour une fourchette qui va de 1050 à 2590 Mds $. Les trillions – plutôt que les billions – pour le « bas-carbone », voilà le titre d’un rapport du CIRED (Sirkis, 2015). Qui dit mieux ?

La suite (pour comprendre ce titre de PIVisme) ici.