Le trottoir au soleil

21 août 2011,

Cher Philippe Delerm,

J’en étais resté à cette gorgée de bière qui m’avait agacé et je m’en repens car elle m’a tenu écarté d’un excellent écrivain qui travaille avec distance et nous offre un très bel album de croquis avec « Le trottoir au soleil ».

A lire tout haut par petits morceaux, le matin au réveil à sa compagne de lit.

La vie n’est pas là où les actualités politiques, entre autres, nous l’assènent. La vie c’est l’observation de menues sensations d’être vivant à Turin ou à l’ombre, dans le sable ou avec une figue, le dimanche ou dans le train qui approche Saint Lazare, Campo San Polo ou San Giacomo da l’Orio, au nord ou en compagnie des amers. Lesquels amers j’ai immédiatement rapportés aus Amers de Saint John Perse. Alors qu’il s’agit des écrivains qui écrivent avec leur bile : Cioran, Léautaud, Renard ou Pessoa… dont vous célébrez la douche sulfurique, la vertu rafraîchissante. Merci.

En vous lisant on pense à cette vieille plaisanterie : « Germaine, montez des cendres et descendez mon thé »

En ces temps de catastrophe endémique, de bourses en chute, de Libye sanglante, de socialistes en panne d’imagination, de sept milliards d’hommes … il est salutaire de lâchement savourer vos petits riens qui n’en sont pas.

Se consulte chez Gallimard qui nous a deshabitués de cette qualité.

Alain HERVE