Leçon de forêt

15 mars 2012,

reprint Le Sauvage, juillet 1979 La forêt n’est pas un espace vert de loisir ou une usine à bois, c’est un écosystème vivant où le végétal et l’animal participent à une dynamique complexe qui produit l’oxygène, l’humus, le bois et les sentiers de grande randonnée. Nous vous invitons à entrer en forêt, à commencer de comprendre la forêt avec Alain Aubert du Muséum d’histoire naturelle.

La forêt ne se réduit pas à une simple collection d’arbres. C’est une communauté vivante composée tout à la fois d’arbres et de plantes herbacées, de mousses, de champignons et de lichens, de très nombreux insectes et d’espèces caractéristiques d’oiseaux et de mammifères. Sa richesse est immense, mais on ne peut et on ne doit vraiment l’utiliser qu’en respectant ses lois, ses équilibres, ses rythmes naturels.

Les racines des grands feuillus, qui s’enfoncent loin dans le sol, retiennent celui-ci et préviennent l’érosion. Les feuilles conservent une partie de l’eau des pluies et l’empêchent de parvenir jusqu’à terre. Les racines captent l’eau en profondeur. Les feuilles absorbent le gaz carbonique de l’air et rejettent de l’oxygène. Cet échange de gaz, indispensable à leur vie, contribue à purifier, dans des proportions notables, la composition de l’atmosphère. L’humus spongieux, qui résulte de la décomposition des feuilles mortes, retient les eaux de pluie et ne les laisse s’égoutter qu’avec la plus grande lenteur. On conçoit facilement que toutes ces actions conjuguées contribuent de façon très efficace à régulariser le régime des eaux courantes. Le déboisement, par contre, ne peut que favoriser les inondations.

Comment vivent les arbres de nos forêts ? Chacun d’eux, capable de vivre plusieurs dizaines d’années, voire plusieurs siècles, naît de la germination d’une graine fécondée. Les racines de la jeune plantule s’enfoncent dans les profondeurs du sol, alors que la tige – ou tronc – pointe en direction opposée. Des tissus restés jeunes – les méristèmes – permettent à la croissance de se produire tout au long de la vie de l’individu. Grâce à eux, l’arbre grandit et se ramifie chaque année davantage. Cette croissance, assez rapide au début, se ralentit avec l’âge.

Les différentes espèces se reconnaissent en été à leur feuillage, en hiver à leur silhouette qui, dépouillée, demeure cependant bien caractéristique. Les racines obéissent au « géotropisme », tendance impérative qui les pousse à se diriger toujours vers le centre de la terre. Elles y puisent l’eau et les sels minéraux indispensables à la vie du végétal. Fixant solidement l’arbre dans la terre, elles lui permettent d’atteindre en hauteur de grandes dimensions. Le tronc – tout à fait comparable à la frêle tige des plantes basses – porte un grand nombre de branches et de rameaux de plus en plus ramifiés.

Sa structure interne le rend capable de supporter le poids des frondaisons et de résister aux effets dûs à l’action du vent. Lorsqu’il croît en hauteur, le tronc – ou fût – augmente aussi en épaisseur. Son diamètre s’agrandit grâce à l’action d’une couche cylindrique de cellules très actives douées d’une belle vitalité. Cette assise génératrice produit chaque année une couche de bois et une couche de liber. Le bois, dont les cellules s’imprègnent d’une substance dure nommée lignine, se forme en direction du cœur de l’arbre. Le liber, lui, se différencie en direction opposée, vers l’écorce. Le bois, cet extraordinaire tissu qui assure la solidité des troncs les plus épais et les plus hauts, progresse donc vers l’intérieur tout en durcissant. Chacun sait que le décompte des anneaux de croissance concentriques permet d’évaluer l’âge de l’arbre. Chez le chêne, la différence d’aspect entre la couche de bois formée au printemps et celle produite en été est des plus nette. La partie la plus centrale du bois – qui est donc la plus vieille – se durcit de façon considérable. C’est à elle qu’on réserve le nom de « cœur », tandis que les couches plus jeunes qui vivent encore constituent l’aubier. Le liber se place entre l’assise génératrice et l’écorce. Le rôle protecteur de cette dernière n’échappe à personne. Écorcer ou taillarder un tronc, c’est faire œuvre nuisible !

Chaque feuille se compose d’une lame verte, le limbe, rattachée au rameau par une tige nommée pétiole. D’une espèce à l’autre, la forme du limbe varie à l’infini : digité chez le marronnier, dentelé chez le chêne, palmé-lobé chez l’érable…

DES MILLIERS D’USINES

Un épiderme mince revêt le limbe sur les deux faces. Observez attentivement une feuille. Très souvent, vous constaterez une différence d’aspect entre sa face interne, tournée vers le rameau, et sa face externe. La première est en général plus brillante, la seconde plus terne. Entre les deux surfaces épidermiques s’intercale un tissu vivant dont on ne saurait vraiment surestimer l’importance. Le « parenchyme », formé de plusieurs couches superposées, renferme dans ses cellules de petits corpuscules indispensables à la vie du végétal : les chloroplastes ou plastes verts. Chacun d’eux contient de nombreux grains de chlorophylle, cette extraordinaire protéine, composée de carbone, d’oxygène, d’hydrogène, d’azote et… de magnésium. Grâce à la présence de la chlorophylle qu’il contient, le parenchyme des feuilles vertes se montre capable d’utiliser le gaz carbonique de l’atmosphère pour fabriquer des sucres. À partir de ces derniers, le végétal produit facilement des corps gras. Pour former des protéines, force lui est d’utiliser l’azote venu du sol sous forme de composés transportés par la sève issue des racines. Les plantes vertes feuillues entretiennent donc toute vie sur la terre. L’homme et les animaux demeurent parfaitement incapables de fabriquer directement leur propre substance à partir des gaz de l’air et des sels minéraux du sol. Le végétal vert, pour sa part, produit sans discontinuer, tout au long de la belle saison, sucre, corps gras et protéines. Le cerf ne pourrait subsister si les arbres des forêts ne synthétisaient de la matière vivante à partir d’éléments minéraux. Pas plus que l’homme ne pourrait déguster de fromage si les herbes des prairies n’avaient au préalable transformé les éléments minéraux du sol et de l’air en substances végétales converties par la suite en composés chimiques animaux par la vache ! Chaque feuille verte se comporte comme une merveilleuse usine chimique non polluante, captatrice d’énergie solaire et productrice de substances absolument indispensables à la vie. Par une belle journée ensoleillée de printemps ou d’été, ce sont des milliards de milliards d’usines de cette sorte qui œuvrent pour le bien commun dans nos parcs, nos allées, nos jardins, nos vergers, nos forêts.

On comprendra mieux, désormais, pour quelles raisons existent deux sortes de sèves. La sève brute captée par les racines consiste essentiellement en une solution de nitrates. Elle monte par les vaisseaux du bois vert vers les parties aériennes de la plante. La sève élaborée, enrichie par les substances synthétisées par les feuilles, circule dans les vaisseaux du liber pour nourrir le végétal tout entier.

Nous avons déjà vu que les teintes si variées dont se parent les feuilles d’automne résultent d’une décomposition complexe de la chlorophylle. La diminution de la durée du jour commence à se faire sentir dans la seconde moitié de l’été. Ce raccourcissement de la durée quotidienne d’insolation transforme peu à peu la feuille verte vivante et fonctionnelle en un organe sénile devenu inutile. L’automne s’avance et le fraîchissement de la température combine ses effets à ceux dûs à la diminution du temps d’ensoleillement.

Les hormones de croissance contenues dans les tissus des feuilles se raréfient et la chlorophylle se détruit. Des substances, cachées en début de saison par le pigment vert, apparaissent alors. Elles confèrent aux feuillages automnaux leur merveilleux coloris. En règle générale, les feuilles se détachent avant d’être tout à fait mortes. Un anneau de cellules minces et fragiles se forme à la base du pétiole. Sa digestion par des enzymes spéciaux provoque la rupture, suivie de la chute de la feuille.

CHÊNES ET FRAISIERS

On ne peut assimiler la forêt à une simple collection d’arbres, grands ou petits. Des relations complexes s’établissent entre tous les êtres, végétaux et animaux, qui peuplent la nature. Le milieu forestier n’échappe pas à cette loi. Dans une forêt européenne, sous un climat tempéré, les chênes et les hêtres atteignent des tailles impressionnantes de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Ils constituent tous ensemble, par leurs feuillages portés haut loin du sol, une première couche vivante qui tamise la lumière. Sous cette « strate arborée » prospère la « strate arbustive » faite de végétaux de moindres dimensions, qui utilisent les rayons filtrés par les hautes frondaisons. Le noisetier, qui affectionne les lisières, peut servir d’exemple pour illustrer la composition de la « strate arbustive ». Quant à la « strate herbacée », nous la connaissons tous : fleurs et plantes basses de toutes sortes poussant au ras du sol, les unes sous le couvert ombreux des bois, les autres dans les parties les plus ensoleillées des clairières. Les champignons, qui se nourrissent de substances végétales décomposées, prospèrent aux endroits les plus humides des forêts, sur le terreau, sur les couches épaisses de feuilles mortes ou sur certains troncs. Dans la forêt d’automne, riche en matières organiques décomposées, ils grandissent vite et font la joie des promeneurs qui apprennent à distinguer les espèces comestibles des espèces dangereuses. Par l’ensemble de leurs caractères biologiques les plus fondamentaux, les champignons constituent un règne de la nature distinct à la fois des animaux et des végétaux. Certains scientifiques se sont même parfois demandé s’ils ne se rapprochaient pas plus des premiers que des seconds ! Les lichens, formés par la curieuse association d’une algue verte et d’un champignon intimement interpénétrés, tapissent les troncs et les branches. Les mousses, plantes vertes à structure relativement simple, forment d’épais tapis dans les sous-bois humides. Admirez les formes élégantes des fougères. Ces plantes sans fleurs, qui n’atteignent jamais la taille d’un arbre dans nos régions tempérées, ont formé à l’ère primaire d’imposantes forêts.

Selon la nature du sol et la saison, vous trouverez diverses espèces de fleurs dans les sous-bois. Si le muguet des bois et son proche parent le sceau de Salomon déploient leurs clochettes blanches au printemps, le lysimaque, ou chasse-bosse, étale ses fleurs dorées au plus fort de l’été au bord des mares. Une rosacée aux petites fleurs jaunes, l’aigremoine, ou l’herbe de Saint-Guillaume, agrémente les chemins forestiers ensoleillés, de juin à août. C’est au plus fort de la canicule que l’épilobe à feuilles étroites, appelée encore laurier de Saint-Antoine, dresse, au milieu des clairières, ses hampes porteuses de fleurs pourpres. Apprenez à reconnaître à l’aide d’une flore les espèces les plus fréquentes… et aussi les plus rares ! Parmi les fleurs caractéristiques de nos sous-bois, n’oublions pas le mélampyre, la bruyère, le fraisier, la potentille.

Le hêtre, le chêne et le châtaignier comptent parmi les espèces forestières les plus connues et les plus typiques. Ces trois grands arbres appartiennent à la même famille : leurs fleurs, mâles ou femelles, se groupent en chatons, et leur fruit, faine, gland ou châtaigne selon le cas, est contenu en partie, ou en totalité, dans une enveloppe coriace qui prend le nom de cupule chez le chêne, de bogue chez le châtaignier. Le hêtre, ou fayard, qui peut atteindre une quarantaine de mètres, se reconnaît à son fût dressé, à l’écorce lisse. Cet arbre magnifique peut vivre deux à trois cents ans. Ses fruits, les faines, qu’on peut récolter en abondance en octobre sur le sol des forêts, sont comestibles. On les grille comme les châtaignes. Le chêne pousse sur les sols légers, profonds, bien aérés. Ses feuilles dentelées présentent un court pétiole et ses glands se groupent à plusieurs sur un même pédoncule. L’écorce, au toucher rugueux, contraste avec celle du hêtre. On connaît des chênes vieux de plusieurs siècles. Le châtaignier pousse sur les sols humides, argileux ou sableux. Ses fleurs femelles sont petites, comme c’est le cas en général dans cette famille. Ses chatons de fleurs mâles, par contre, mesurent 10 à 20 cm de long. Ses feuilles ovulaires, finement incisées, pointues, atteignent, elles aussi, entre 10 et 20 cm. Une coque épineuse, la bogue, enveloppe les châtaignes.

La famille du bouleau comprend, outre ce bel arbre au tronc blanc, le charme, au tronc gris cannelé, et le noisetier. Les chatons ambrés de ce dernier font espérer le retour des beaux jours au plus fort de l’hiver. Ses fruits, mûrs au cours de l’arrière-saison, excitent la convoitise des écureuils… et des humains.

Les arbres dont nous venons de parler perdent leur feuillage à l’approche de l’hiver. Il n’en est pas de même des conifères qui possèdent des aiguilles en guise de feuilles. Leurs organes reproducteurs, protégés sous les écailles des cônes mâles ou femelles, sont moins perfectionnés que ceux des arbres feuillus ou des plantes basses.

RAMAGES ET PLUMAGES

Oiseau grimpeur par excellence, le coucou gris est célèbre pour ses mœurs parasites. C’est au printemps que ce migrateur, venu d’Afrique, émet, dans toutes les forêts de l’Europe, son appel si connu. Farouche et circonspect, il passerait facilement inaperçu s’il ne faisait entendre ses deux notes au travers des sous-bois. Si le chant se rapproche, gardez-vous de faire le moindre bruit. Vous aurez peut-être la chance d’apercevoir, perché haut sur un grand arbre, ce bel oiseau au plumage sobre, où dominent le bleuté et le gris.

En avril-mai, le moindre bois retentit la nuit du chant du rossignol. Proche parent du merle, de la grive et du rouge-gorge, le rossignol se fait rare dans les bois trop fréquentés. Son chant est mélodieux, mais sa livrée modeste : dessus du corps marron, dessous beige, gorge grise, queue tirant sur le roux.

Le faisan, gros gallinacé aux mœurs terrestres, se signale par ses cris claironnants, sorte de gloussements qui traversent l’épaisseur des forêts. Hôte des grandes forêts, il se fait remarquer par son dimorphisme sexuel très prononcé : le coq est vert brillant sur la tête, blanc au cou, rouge autour de l’œil, alors que la poule possède un plumage beaucoup plus terne. Dérangé, le faisan part d’un vol lourd et bruyant.

Le pic épeiche est le plus répandu de tous les pics de nos régions. Le mâle possède à la fois une calotte noire, une nuque rouge et une large surface noire sur l’aile. Cet oiseau grimpe aux troncs en prenant appui sur sa queue, tandis que ses ongles agrippent l’écorce. Son bec robuste lui sert à capturer les larves d’insectes qui mangent l’intérieur des troncs et des branches.

Le geai des chênes reste un des oiseaux les plus communs de nos forêts. Lié au chêne, il en consomme les glands, sans toutefois mettre en danger la survie des chênaies. Sa voix rauque très caractéristique le signale à l’attention avant même qu’on l’ait vu. Il est facile de l’observer lorsqu’il traverse au vol une sente ou une clairière. Sa grande intelligence et son aptitude à imiter le chant des autres oiseaux, ainsi que la voix humaine, ne sauraient nous surprendre : tout comme le corbeau et la pie, le geai fait partie de la famille des corvidés.

L’observation des mammifères forestiers requiert une certaine attention. Leur ouïe fine et leur odorat les avertissent de la présence des gêneurs.

Le sanglier habite encore nombre de nos forêts. Les empreintes de ses pas, faciles à identifier, se gravent bien dans le sol mou et humide au bord des étangs, ainsi que dans la neige. À l’emplacement de ses gîtes, appelés « bauges », les herbes et plantes basses sont aplaties par le poids du vigoureux animal. Il mange toutes sortes d’aliments, fruits, tubercules, racines, insectes, vers et petits vertébrés. Après une gestation de quatre mois, chaque mère donne naissance à cinq, six, sept ou huit petits, au pelage rayé de beige clair sur fond brun doré.

Le cerf est le plus grand ruminant de nos forêts. Ses mœurs sont essentiellement nocturnes. Le chevreuil, lui, peut se rencontrer en plein jour, en lisière des forêts ou dans les clairières. Il est plus petit que le cerf. La tête des cerfs et des chevreuils mâles s’orne de « bois » ramifiés, de nature osseuse, qui tombent et se renouvellent chaque année. La biche et la chevrette en sont dépourvues. Les hormones mâles, qui suscitent la croissance des bois, poussent les cerfs mâles à s’affronter en de violents combats lorsque survient le rut, en automne. Ils font entendre, à cette époque, leur brame puissant dans la nuit. Les petits – ou faons – naissent en avril-mai. Leu robe tachetée diffère du pelage brun fauve de leurs parents.

Un rongeur familier et bien connu, l’écureuil, habite les forêts de l’Europe tempérée. Ce charmant animal grimpe avec vivacité le long des troncs des plus grands arbres et s’élance de branche en branche avec beaucoup d’agilité. Il fréquente aussi bien les forêts de feuillus que les peuplements de conifères. Mangeur de fruits, il préfère les faines et les noisettes. D’instinct, il recherche ce type d’aliments. Ce n’est que de manière très progressive que chaque écureuil perfectionne sa façon d’ouvrir les noisettes. Bel exemple d’acte spontané rendu plus efficace par une longue pratique !

Parmi les carnivores, le blaireau, la martre et le renard comptent parmi les habitants typiques du milieu forestier. Animal prudent et rusé, le blaireau loge dans de profonds terriers. Malgré son aspect lourdaud, il fait partie de la famille de la belette. La marte – ou martre –, qui s’apprivoise bien, vit dans les parties les plus retirées des grands massifs forestiers. Elle fait aussi partie de la famille de la belette. Le renard creuse lui-même ses propres terriers. Un dôme de terre situé devant l’entrée les fait aisément reconnaître. Doué de sens subtils, parfois bruyant lorsqu’il marche la nuit sur un tapis de feuilles sèches, le renard se nourrit essentiellement de proies vivantes. Il lui arrive toutefois d’ajouter des fruits à son menu.

L’accumulation sur de grandes épaisseurs des feuilles mortes tombées des arbres constitue une litière riche en substances organiques. De nombreux insectes l’habitent. Certains, comme les tomocères, minuscules insectes sans ailes, bondissent en tous sens, en nombre incalculable. Des souples « mille-pattes », brun caramel, les lithobies, se faufilent entre les strates de feuilles, sur le sol de la hêtraie. Observez l’un d’entre eux : ses pinces venimeuses, incapables par ailleurs de nous causer le moindre mal, font suite à la tête et précèdent un tronc annelé porteur de quinze paires de pattes.

Qui ne connaît le lucane, ou cerf-volant ? Ce superbe coléoptère, qui mesure entre 25 et 80 mm de long, est bien connu pour son dimorphisme sexuel. Le mâle possède d’énormes mandibules, absolument hypertrophiées. La femelle – ou « biche » – a des mandibules de taille normale. On rencontre cet animal au voisinage des chênes et des châtaigniers. Sa larve vit, en effet, dans les troncs vermoulus de ces vieux arbres, morts ou malades. Un autre coléoptère, le grand capricorne, aux antennes démesurément longues, vit sur les vieux chênes. C’est au crépuscule, et en été, qu’on peut le voir voler à la lisière des bois. La larve se développe dans le tronc du chêne.

On a accusé les larves mangeuses de bois de nuire à l’exploitation de la forêt. Il importe toutefois de remarquer que nombre d’entre elles ne s’attaquent qu’aux arbres morts et que leurs ennemis naturels réduisent leurs effectifs à des proportions compatibles avec la survie des essences forestières ! Peut-être verrez-vous dans quelque clairière les étranges manœuvres de la rhysse superbe. Ce grand insecte, au corps jaune barré de brun, sonde les souches et les troncs de sa longue tarière et dépose son œuf sur la larve mangeuse de bois dont il détecte la présence.

Alain Aubert

Mots-clés : arbres, champignons, chlorophylle, insectes, lichens, mammifères, mousses, oiseaux.