Fin de l’Occident, naissance du monde, Hervé Kempf

5 février 2013,

par Alain HERVE

Si l’on en croit Hervé Kempf, nous quittons seulement aujourd’hui le néolithique pour entrer dans le biolithique. Sa démonstration, fondée sur un gisement statistique de grande ampleur, est très intéressante. Même si l’on reste très sceptique sur les statistiques et l’usage que l’on en fait pour prouver une chose et son contraire.

Et tout d’abord rien à regretter de ce néolithique agonisant dans l’ordure. Oui, l’ordure nucléaire, pétrolière, urbaine… La faute à des oligarchies qui voient arriver le désastre mais continuent de se remplir les poches. Où l’on apprend que Christine Lagarde qui reproche aux Grecs « de tenter d’échapper à l’impôt par tous les moyens » ne paie, elle, en tant que fonctionnaire international, aucun impôt sur ses 830.000 € de salaire annuel. Mais il ne s’agit que d’un privilège administratif contestable.

D’autres se remplissent les poches avec moins de pudeur. Ce sont les spéculateurs de tout poil qui ont organisé un colossal casino mondial de l’argent sale. Les politiques complices avec les banques, complices avec les pseudo économistes, complices avec les média à leur solde.

Si l’on réussit de s’extraire de cet égout du néolibéralisme, nous entrerons, selon Kempf, dans un âge d’or démocratique où les inégalités seront très considérablement réduites. La sobriété remplacera le gavage publicitaire, la remise en route d’une agroécologie résorbera le chômage, l’alliance retrouvée de l’homme avec la nature sera l’avenir d’une planète vivante.
Cette seconde partie de son livre est tonique et ouvre une brèche dans la perspective glauque de ce XXIème siècle balbutiant. Il faut lire et relire ce livre court et éloquent. C’est la bouée de sauvetage à côté du Titanic qui sombre. On regrette seulement que le lapinisme démographique ne soit pas évoqué.

On pourrait critiquer cet utopisme prophétique au nom du réalisme quotidien. La relance de la croissance est certes une dramatique illusion mais l’addiction à la consommation, l’abrutissement télévisuel, l’inertie dynamique des systèmes en place risque d’offrir plus de résistance  que prévu.

Depuis 1973 nous assistons à cette dramatique homéostasie .

En attendant, il faut remercier Hervé Kempf d’être, de continuer de naviguer dans l’atmosphère délétère d’un journal le Monde acquis au culte de l’économie.

Alain HERVE

Seuil, 154 pages, 15€.