La reproduction artificielle de l’humain

21 mai 2014,

bébé éprouvetteJosé Bové s’est récemment fait critiquer (voir par exemple ici) parce qu’il avait amalgamé dans un rejet global la procréation médicalement assistée (PMA), la gestation pour autrui (GPA) et les organismes génétiquement modifiés (OGM). Bové se dit «contre toute manipulation sur le vivant, que ce soit pour des couples homos ou hétéros». «Je pense qu’à un moment, le droit à la vie et le droit à l’enfant sont deux choses différentes. Je ne crois pas que le droit à l’enfant soit un droit. Je vais me faire plein d’ennemis…». On a invoqué la fatigue d’une fin de campagne électorale, voire son manque de connaissances sur le sujet mais très peu de commentateurs ou commentatrices l’absence d’un débat de fond sur les techniques de reproduction artificielles. Nous avons remarqué le texte ci-dessous sans nécessairement y souscrire mais parce qu’il pourrait alimenter un tel débat.  Le Sauvage

20 mai 2014 par Alexis Escudero

Nous entamons avec cette livraison une série sur La reproduction artificielle de l’humain (alias PMA-GPA) à l’ère technologique. Celle-ci n’est pas le dernier cri de l’émancipation ni de l’égalité, mais l’ultime reddition à l’appropriation du vivant et à l’aliénation technologique. Le capitalisme, dans son expansion perpétuelle, s’empare de tout ce qui était libre, gratuit, commun, des biens matériels comme des savoir-faire, les détruit et nous les revend sous forme marchande, synthétique et altérée. Cette forme technologique, à la fois complexe, coûteuse et souvent dangereuse, garantit la pérennité de la dépossession : il n’y aura pas de retour en arrière (à supposer que les communautés et les individus puissent recouvrer la propriété de tout ce qu’on leur a volé).

Il était fatal qu’après s’être emparé de la sphère de la production (l’eau, la terre, les matières premières, le travail humain, etc), le techno-capitalisme s’attaque à la reproduction. Il faut pour cela que soit détruite cette faculté scandaleuse dont jouissaient les humains de se reproduire par leurs propres moyens – et même, quelquefois avec plaisir. Cette première livraison (outre l’avant-propos) est donc consacrée à la destruction des capacités de reproduction humaine par l’industrie chimique, et aux progrès foudroyants de la stérilité.

L’auteur, Alexis Escudero, participe depuis plusieurs années au mouvement de critique des technologies. Peut-être est-il de la dernière génération d’enfants nés, et non pas produits.

Introduction et premier chapitre

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