Francis Bacon, convulsion, torsion

4 août 2016,
autoportrait

autoportrait

par Alain Hervé
On peut porter le nom d’une spécialité culinaire et s’en remettre. Francis Bacon le très célèbre peintre anglais contemporain se voit consacrer une splendide exposition climatisée à Monte Carlo. Prétexte, il a passé trois ans à Monaco après la dernière guerre, de 46 à 49.
Entre de vertigineuses draperies noires et d’immenses espaces moquettés, la peinture convulsive de Bacon est admirablement déployée dans la pénombre. Laissez vous saisir par les torsions déchirantes que ces tableaux énumèrent du corps humain. L’œuvre torturée du peintre est parfaitement exprimée. Une radicale montée vers l’enfer de la vie. Selon lui.
Bacon est mort à Madrid à 83 ans en 1992.

On ne peut pas se défendre de trouver dans ce parcours une certaine affectation. Une sorte d’exposé chic d’une agonie. Le contexte monégasque s’y prête.
Les intellectuels « engagés » de son temps, à commencer par Leiris, ont été séduits par cette violence abstraite. La corrida y fait une apparition obligée. Bacon y voyait un préambule à l’amour.
Malheureusement pour cette peinture elle est devenue un objet de placement financier. Un triptyque vient d’atteindre 142 millions de dollars. L’obscénité du fric donne un nouveau sens suspect à l’œuvre d’art.
A.H.
Grimaldi forum Monaco jusqu’au 4 sept 2016