De Meadows à Cochet : le temps qu’il nous reste !

21 mai 2019,

Rapport pour le Club de Rome ( PDF 43 Mo)

par Pascal Bourgois

Dans une entrevue à feu Terra Eco, lors des 50 ans de la parution du « Rapport » de 1972 (un an avant la création du Sauvage en 1973), Dennis Meadows déclarait «  Je pense que nous allons voir plus de changement dans les vingt ans à venir que dans les cent dernières années. Il y aura des changements sociaux, économiques et politiques. Soyons clairs, la démocratie en Europe est menacée. Le chaos de la zone euro a le potentiel de mettre au pouvoir des régimes autoritaires. Pourquoi ? L’humanité obéit à une loi fondamentale : si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils choisissent l’ordre. C’est un fait qui n’arrête pas de se répéter dans l’histoire. L’Europe entre dans une période de désordre qui va mécontenter certaines personnes. Et vous allez avoir des gens qui vont vous dire : « Je peux garantir l’ordre, si vous me donnez le pouvoir.» L’extrémisme est une solution de court terme aux problèmes.
Yves Cochet lors d’une intervention en 2017 à l’Institut Momentum estime que : « Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les trente-trois prochaines années sur Terre sont déjà écrites, grosso modo, et que l’honnêteté est de risquer un calendrier approximatif. La période 2020 – 2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. À quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), le début d’une renaissance (2040-2050). »

Au delà des analyses de Meadows et Cochet, les ouvrages qui nous annoncent l’effondrement pour des raisons écologiques, éventuellement précédé d’une période de totalitarisme, datent de plus de 80 ans pour les plus anciens, mais se multiplient depuis les années 2000 et notamment depuis 2 ou 3 ans. De Bernard Charbonneau à Ivan Illich, de Jared Diamond à Jean-Pierre Dupuy en passant par Clive Hamilton, Serge Latouche, Bertrand Meheust, Bernard Stiegler, Rob Hopkins, Pierre Rabhi, Jean-Paul Jorion, Dominique Bourg, Nicolas Hulot, Pablo Servigne, François… et pour les derniers Fred Vargas, Jean-Marc Gancille, Luc Sémal… chacun à sa manière nous alerte.

Si cette notion d’effondrement qui vient, de collapsologie et d’anthropocène est de plus en plus présente dans les médias, elle commence aussi à envahir de nombreux esprits, avec plusieurs réponses possibles selon les profils:

  • L’attentisme, une incapacité à anticiper le choc pour les plus nombreux, le refus de croire ce que l’on sait
  • Une approche néo-survivaliste pour d’autres. Ils renforcent leur autonomie alimentaire et énergétique. Se préparent au retour de la violence en se donnant les moyens de se défendre, dans ce qui pourrait devenir un nouveau western
  • Et enfin les derniers, des transitionneurs ou des colibris, ils renforcent aussi leur autonomie, mais parient plutôt sur la capacité de leur groupe et de leur territoire à devenir résilients, dans le cadre d’éco-lieux, d’oasis, de projets collectifs… Pour eux la meilleure assurance sur l’avenir est d’avoir de bonnes relations avec ses voisins, de créer un écosystème coopératif.

La fin du monde tel que nous le connaissons entre 2020 et 2030 ? Plus de changement sur cette période que pendant les 100 dernières années ? Si ces pronostics s’avèrent exacts, cela commence à sentir sacrément le roussi. Les questions à se poser pourraient donc être :
– Quand ? 2020 ou 2030 ce n’est pas la même chose
– A quelle vitesse ? Un effondrement par paliers ? Rapide ? Nous pourrons nous adapter ou pas ?
– Quel va être le déclencheur ? La prochaine crise financière ? L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite ? Une catastrophe climatique ?
– Que faire ? Une réponse individuelle ? Collective au niveau local ? Collective au niveau politique ? Un mélange des trois ? Autre chose ?
A suivre !

Pascal Bourgois