Articles avec le tag ‘croissance’

Jean-Marc Jancovici, le thermodynamique pragmatique

18 février 2020,

Jean-Marc Jancovici , dessiné par Manon Riera, extrait.

Jean-Marc Jancovici* est un personnage incontournable pour la compréhension des enjeux actuels et à venir liés aux ressources et au climat. Entouré par de nombreux analystes qui dissèquent et étudient les flux d’énergie et de matière, naturels comme anthropiques, il développe une vision thermodynamique et pragmatique de la société. Ces cours et ses conférences, librement disponibles sur Internet depuis des années, vulgarisent parfaitement de nombreux mécanismes d’interdépendance entre énergie, industrie, économie et climat. Son discours est particulièrement important pour rappeler aux décideurs et au grand public qu’il existe des principes physiques incontournables qui régissent directement nos activités.

Au premier rang, le constat simple et pourtant évacué du champ décisionnel, est que la terre est composée de ressources naturelles, énergétiques et minières en quantités faibles et finies. En à peine deux siècles de consommation irraisonnée, nous arrivons à l’épuisement définitif de certaines ressources et à une décroissance inévitable des activités liées. Cette conscience de la décroissance inévitable est indispensable. (suite…)

De Meadows à Cochet : le temps qu’il nous reste !

21 mai 2019,

Rapport pour le Club de Rome ( PDF 43 Mo)

par Pascal Bourgois

Dans une entrevue à feu Terra Eco, lors des 50 ans de la parution du « Rapport » de 1972 (un an avant la création du Sauvage en 1973), Dennis Meadows déclarait «  Je pense que nous allons voir plus de changement dans les vingt ans à venir que dans les cent dernières années. Il y aura des changements sociaux, économiques et politiques. Soyons clairs, la démocratie en Europe est menacée. Le chaos de la zone euro a le potentiel de mettre au pouvoir des régimes autoritaires. Pourquoi ? L’humanité obéit à une loi fondamentale : si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils choisissent l’ordre. C’est un fait qui n’arrête pas de se répéter dans l’histoire. L’Europe entre dans une période de désordre qui va mécontenter certaines personnes. Et vous allez avoir des gens qui vont vous dire : « Je peux garantir l’ordre, si vous me donnez le pouvoir.» L’extrémisme est une solution de court terme aux problèmes.
Yves Cochet lors d’une intervention en 2017 à l’Institut Momentum estime que : « Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les trente-trois prochaines années sur Terre sont déjà écrites, grosso modo, et que l’honnêteté est de risquer (suite…)

Croissance, emploi, revenu (universel ?)

7 avril 2017,

dessin croissanceSous le titre : Un revenu universel sur une planète «en faillite» ?

un article de Christelle de Crémiers, Enseignante en master2 d’économie et finance, élue régionale et municipale écologiste et Philippe Bihouix , Ingénieur

Le revenu universel a des qualités indéniables. Au moins théoriques : il permet de concevoir la déconnexion entre croissance et emploi et de retrouver le lien entre économie et réalité physique d’un monde aux ressources limitées.

Le revenu universel a émergé dans la campagne présidentielle. Si l’idée interpelle, c’est qu’elle remet en cause le lien entre croissance et emploi. Elle vient bousculer la pensée économique dominante, qui peine, il est vrai, à expliquer les désordres du monde, et surtout à proposer des pistes pour construire l’avenir.

L’invocation de la croissance au nom de l’emploi fait partie des impensés de notre société. Politiques, économistes et médias y font référence malgré le caractère très théorique de cet axiome. Que ce soit par incompréhension, résignation ou habitude, toujours est-il que, jusqu’à cette présidentielle 2017, la remise en cause n’avait pas atteint le seuil du débat public. (suite…)

L’urgence écologique

21 décembre 2015,

Yves CochetL’urgence écologique : un entretien avec Yves Cochet par Michel Sourrouille

Avant qu’un des plus anciens militants de l’écologie, Yves Cochet, n’intervienne lors de la conférence-débat à Paris le 19 novembre sur le thème « La COP 21 peut-elle éluder la question démographique ? », il a répondu à nos questions.

Michel Sourrouille : à bientôt 70 ans, est-ce le temps de la retraite ?

Yves Cochet : Depuis mon inscription aux Amis de la Terre en 1972, je n’ai jamais eu l’intention d’arrêter. Je suis toujours au conseil fédéral d’EELV, et 42e sur la liste d’Emmanuelle Cosse pour les régionales. En dernier, mais toujours présent. L’urgence écologique a besoin de nous tous, toujours.

MS : si tu devais indiquer en une phrase ton sentiment sur la question démographique, que dirais-tu ?

YC : L’évolution à la baisse de la population est un des moteurs de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas tenable que les Américains produisent en moyenne 16 tonnes de CO2 par an, les Chinois et les Européens 8 tonnes, alors que les Africains sont à moins d’une tonne. Pour instaurer la justice sociale, il faut non seulement harmoniser le montant des émissions (suite…)

Adieux à la croissance verte

13 décembre 2014,

ImageJ=1.38xProduire plus en dégradant moins l’environnement : telle est la perspective incarnée par le concept de découplage. En des temps où la crise écologique s’aggrave et où la croissance économique fait défaut, il accompagne l’espoir d’une « croissance verte » qui associerait retour au plein emploi, progression du pouvoir d’achat et réponse aux défis environnementaux.

Tout le problème est que ce miracle, nous expliquent les auteurs, ne s’est encore produit nulle part à ce jour. En outre, à étudier les ressorts de la croissance passée, on constate qu’elle a été étroitement dépendante d’une énergie abondante et bon marché. Si nous voulons éviter une décroissance brutale, imposée par les pénuries de ressources ou la dégradation des écosystèmes, provoquant chômage de masse, aggravation des inégalités, menaces pour la paix et la démocratie, il faut sans attendre mettre en oeuvre un nouveau modèle d’économie et de société, économe en énergie et en matières.

Les Petits MATINS

Votre récession n’est pas notre décroissance

4 septembre 2014,

Lindgaard livreNous avons lu sur Mediapart du 31 août 2014, un article de Jade Lindgaard intitulé “Croissance: on arrête tout, on réfléchit”.

“Alors que le PIB stagne en France depuis le début de l’année, les penseurs et militants de l’après croissance gagnent en audience. Ils ambitionnent de produire de nouveaux modèles macroéconomiques adaptés à la crise écologique. Une conférence internationale se tient en Allemagne autour du slogan Votre récession n’est pas notre décroissance.”

…la suite en s’abonnant à Médiapart…

Le Sauvage

Notre illustration ci-contre est la couverture d’un livre très récemment publié par cette journaliste.

Une 4e blessure narcissique ?

1 août 2014,

Freudpar Thierry Caminel

L’inéluctable décroissance de l’activité économique est connue depuis au moins 40 ans. En 1972 paraissait ainsi le rapport Meadows pour le Club de Rome intitulé « The Limits to Growth », qui montrait déjà que l’activité économique était nécessairement dépendante des flux de matières, et que ceux-ci ne pouvaient que se réduire. A la même période, Nicholas Georgescu-Roegen intégrait l’économie dans la thermodynamique, et notamment dans le second principe qui traduit l’irréversibilité des transformations de l’activité économique.

Pourtant, la plupart des économistes, hommes politiques, journalistes ou spécialistes, continuent de prendre pour hypothèse, implicite ou explicite, que le progrès technique permettra un fort découplage et une croissance “verte”. Cette hypothèse est basée sur des modèles macro-économiques de croissance endogène qui ignorent l’énergie en tant que facteur de production, donc manquant l’essentiel, et sur une vision optimiste des capacités de l’homme à trouver des solutions techniques aux problèmes qui se posent.

Freud écrivait que « le narcissisme universel, l’amour-propre de l’humanité, a subi jusqu’à présent trois graves démentis de la part de la recherche scientifique », (suite…)

Une société post-croissance

26 avril 2014,

croissance en France depuis 1960Vous pouvez télécharger ici un rapport de 76 pages, clair et bien illustré de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales) et du CIRED (Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement) intitulé “Une société post-croissance pour le XXIe siècle. Peut-on prospérer sans attendre le retour de la croissance ? Nous en reproduisons l’avant propos ci-dessous. Le Sauvage

LA CROISSANCE, UNE OBSESSION POLITIQUE

Dans les discours politiques, de droite comme de gauche, la croissance économique est invoquée comme la solution aux problèmes économiques et sociaux, i.e. une condition sine qua non de la prospérité individuelle et collective. Pour les tenants de ces discours, une forte croissance est non seulement souhaitable, (suite…)

Trois modèles du monde

30 janvier 2014,

Les trois modèles dont il est question ci-dessous sont 1) le modèle productiviste dominant, porté par la plupart des partis et des responsables politiques, 2) la prise en compte de la finitude des ressources assumée par quelques essayistes et militants après l’étude dite du Club de Rome et 3) le risque proche de rupture brutale des équilibres planétaires tel qu’il fut publié par un groupe de scientifiques dans la revue Nature en 2012.  Le Sauvageillustration 3 modèlesTrois modèles du monde par Yves Cochet

Il est vain de pré­ten­dre décrire l’avenir aussi pré­cisé­ment qu’on peut le faire du passé. Néan­moins, un souci con­stant des acteurs économiques et poli­tiques est de pro­jeter leurs con­vic­tions dans le futur afin qu’il advi­enne con­for­mé­ment à celles-ci par une prophétie auto-réalisatrice. (suite…)