Gilles Lapouge maîtrise l’art difficile de l’enlèvement onirique, de l’envol narratif, du détournement de lecteur…
Je m’explique, il nous propose une histoire banale : un homme, le narrateur, sort de l’ascenseur d’un hôtel à Belém do Parà, lorsqu’un enfant lui saute dans les bras en l’appelant papa. Il ne connaît pas cet enfant. Cependant il accepte cette paternité instantanée.
Encore deux lignes et Lapouge nous dérobe le sol de sous les pieds. Il nous emmène en Inde , devant une maison « jaune et ocre, la couleur du vent » où il va poser ses valises. Puis nous voilà soudain à Champtercier dans l’épicerie de madame Magnan, puis à Saint-Malo chez les écrivains-voyageurs…
Nous n’en sommes qu’à la page douze. Le roman tourbillonne dans l’imaginaire de l’écrivain. Il nous emporte dans sa dérive. Si nous en avons le talent, nous le suivons.
Ce court roman n’est pas un policier, ni un récit de voyage, ni un traité psychanalytique, ni un mélo, ni une synthèse ontologique, ni une mystification, mais il est tout cela à la fois.


de l’article de Michel Sourrouille dans Biosphère




