par Philippe Bihouix, tribune parue dans Libération du 6 mai 2015
La belle unité politique et médiatique concernant la candidature de Paris aux Jeux olympiques (JO) de 2024 fait chaud au coeur. C’est qu’en ces temps de vaches maigres, quelques «retombées économiques et culturelles pour l’ensemble des Franciliens et des Français» (Jean-Paul Huchon) ne feraient pas de mal. Quelques voix dissonantes se sont pourtant fait entendre, et une minorité d’élus, essentiellement Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), a voté contre, invoquant l’incertitude sur le coût et le financement ou le fait que la population n’a pas été consultée.
Il n’est pas étonnant que ces deux arguments aient eu une portée limitée. Depuis le référendum calamiteux de 2005 sur le traité européen, nos élites savent qu’il vaut mieux éviter les questions trop ardues, et qu’il est diablement plus efficace de s’en tenir aux débats entre gens raisonnables, apanage de la démocratie représentative. On organisera bien une grande consultation citoyenne, donc, mais après le dépôt de candidature. Il aurait pourtant été intéressant d’avoir l’avis des Parisiens et des Franciliens, peut-être pas si enthousiastes face aux perspectives de nouveaux bétonnages (suite…)