Je reviens d’un congrès de deux jours où j’accompagnais une biologiste en retraite, anciennement spécialiste des Cténophores. Les Cténophores sont un embranchement qui regroupe moins de 200 espèces animales répertoriées mais il est très présent dans tous les océans (1). L’espèce Mnemiopsis leydii (fig. 1) a été accidentellement introduite en Mer Noire puis en Mer Caspienne et à chaque fois a provoqué par sa voracité un désastre pour les pêcheries. Il est remarquable que pour lutter contre l’invasion de Mnemiopsis, on a eu recours à un autre Cténophore, du genre Beroe. Le Cténophore Pleurobrachia, par son abondance, bouche régulièrement les filtres de la centrale nucléaire de Gravelines.
Pour la première fois, un congrès rassemblait des scientifiques avec pour seul thème ces animaux. Bien au delà de leur impact économique (toujours utile pour obtenir des crédits de recherche), ils forment un cas d’école pour la compréhension de l’évolution : ils sont tellement différents des autres animaux qu’il est possible que l’ancêtre commun qu’ils partagent avec nous n’ait eu ni muscles ni système nerveux et qu’ils aient “inventé” ces tissus de leur côté. Leur étude suscite l’excitation des biologistes un peu comme s’il s’agissait d’extraterrestres. (suite…)