Reprint : Le Sauvage, n° 19, janvier 1975
Il nous paraît opportun aujourd’hui de réfléchir sur les traces de notre ami Serge Moscovici, l’auteur de Hommes domestiques et hommes sauvages lorsqu’il plaide la cause des sociétés ensauvagées.On n’oubliera pas en le lisant qu’il est le père du Moscovici qui joue aujourd’hui un rôle déterminant dans la trajectoire du parti socialiste. Tel père, tel fils? On peut se poser la question
Un entretien de Serge Moscovici avec Catherine David
CD. Imaginez qu’une revue trimestrielle spécialisée dans les questions écologiques telle Le Sauvage, vous offre une dizaine de ses pages. Quel type de malentendus souhaiteriez-vous d’abord dissiper ?
Serge Moscovici. — Dissiper des malentendus ? Qui le peut ? Autant vouloir vider la mer avec une passoire. Je souhaiterais plutôt faire connaissance avec les malentendants pour mieux leur faire entendre le bruit du monde. Je voudrais surtout les inciter à faire pression sur ladite revue pour qu’elle soit l’écho de leurs préoccupations immédiates, pour qu’elle s’engage avec eux dans la création de nouvelles formes de vie, de création et de pensée. Je les engagerais à se départir de leur attitude passive de lecteurs, de spectateurs, de consommateurs de mots. Mon premier souci serait d’instaurer un débat d’idées, car là où il n’y a pas de débat, il n’y a pas d’idées. Le débat est la meilleure manière de rendre l’ouïe aux malentendants. Malheureusement, jusqu’ici, la plupart des revues écologiques ont toujours été molles et douces, comme les technologies du même nom. Pour moi, l’écologie ne concerne pas uniquement la pollution, les catastrophes énergétiques, l’agriculture biologique, la destruction des sites… Son domaine (suite…)