Après avoir pédalé sur l’île de Ré avec Lucchini et fait étape à l’Odéon, Alceste s’arrête dans la magnifique salle de la Cigale à Paris. Aller entendre le Misanthrope est un plaisir toujours renouvelé, parfois gâché par la vision personnelle qu’en donnent certains metteurs en scène. Michèle André a heureusement décidé de ne pas « dépoussiérer » Molière (comme s’il en avait besoin…).
Ici, pas de hard rock ni de mini-jupes : le décor, sobrement constitué de rideaux élégamment drapés et de quelques sièges de bon goût, permet aux comédiens, vêtus de jolis costumes d’inspiration XVIIe siècle, d’évoluer simplement au fil du texte et des situations, strictement respectés.
Pas d’effets inutiles, les vers chantent naturellement, servis par l’articulation parfaite de tous les protagonistes, soucieux d’apporter vérité et sensibilité aux personnages qu’ils incarnent.
Arnaud Denis, Alceste à la belle prestance et à la voix douce, contrebalance subtilement les ridicules de « l’homme aux rubans verts », muré dans son intransigeance, en mettant l’accent sur sa souffrance d’homme à la recherche d’un inaccessible absolu.
Face à lui, la brillante Célimène de Laetitia Laburthe-Tolra, oscillant entre coquetterie et sentiment, maîtrise parfaitement son rôle ambigu.
Catherine Griffoni, idéale Arsinoë, Jean-Laurent Silvi, convaincant Philinte, emmènent une distribution homogène sans faille, où l’on croit à chacun des personnages. Ici, rien n’est manichéen, tout est humain.
Hier à la Cigale, on a entendu Molière. Merci
Michèle Valmont
A la Cigale 120 boulevard de Rochechouart 75018 Paris
Jusqu’au 19 septembre 2013
Réservation : 01 48 65 97 90