Antispéciste

12 avril 2016,

UnknownPar Christophe Chelten

Derrière ce mot barbare qui sert de titre à un livre d’Aymeric Caron qui vient de paraître, reprend un débat fondamental à propos de l’espèce humaine. Sommes nous des animaux ?

La réponse est oui, pour beaucoup d’entre nous. Surtout depuis Darwin. Mais des croyances religieuses ou simplement humanistes prétendent que nous sommes particuliers du fait de nos aptitudes intellectuelles. Du fait de la conscience que nous avons de nous-mêmes et de notre mort. Ce qui revient à admettre soit que nous sommes les enfants d’un Dieu qui nous a créés à son image, soit que du fait de notre évolution matérielle, nous ayons accédé à une capacité mentale particulière dont nous sommes les seuls détenteurs.

Il en résulte dans ce cas une coupure radicale, irréparable, entre nous et les formes vivantes voisines, par exemple les mammifères. Certains les appellent les espèces inférieures. D’autres tel saint François d’Assise, pensent que nous sommes les frères et sœurs des oiseaux, des belettes. Sans préciser jusqu’où s’étend cette relation familiale. Les vers de terre, les cloportes, les cancrelats, les moustiques, les mouches  sont ils nos parents ? D’autres pensent que nous faisons partie d’un continuum du vivant, qui va jusqu’aux végétaux, jusqu’au ciron pascalien, jusqu’à l’amibe,  jusqu’à la première molécule vivante.  Le Sauvage a déjà abordé le sujet  sur le fond en 2014 sous la plume de Ghislain Nicaise à propos du livre de Lierre Keith sur “le mythe végétarien“. Voir aussi les commentaires qui ont suivi sur ce thème.

Aymeric Caron a présenté son livre au cours de l’émission On n’est pas couché, et tire des conséquences pratiques de cette constatation philosophique. Il est adepte du véganisme. C’est à dire qu’il ne mange pas de viande, ni porc, ni bœuf, ni grenouille, n’utilise aucun matériau emprunté aux animaux pour se vêtir et n’exploite les animaux de quelque manière que ce soit. Il condamne violemment les méthodes d’élevage et d’abattage industriels. Il s’élève contre la barbarie humaine qui inflige la torture et la mort violente aux animaux.

Respectable attitude mais qui implique une rupture culturelle violente avec un mode de vie ancestral. Adieu la chasse, adieu le steak, le tartare, le foie gras et l’omnivorisme. C’en est fini avec les cirques, les zoos, les Marinelands,… et sans doute les animaux de compagnie.

C’en est fini avec les cultures extensives de soja pour nourrir le bétail.

Il semble que cette prise de conscience résulte des comportements prédateurs de l’humanité actuelle. La goinfrerie d’un petit nombre et la faim du plus grand nombre exercent une pression terrifiante sur le monde animal. Nous élevons, tuons et mangeons des dizaines de milliards d’êtres vivants chaque année. N’oublions pas que là où il y avait un homme en 1850 il y en a aujourd’hui onze. L’humanité prolifère et envahit la biosphère de son déferlement vorace.

Le végétarisme et le véganisme prétendent apporter un début de réponse à cette situation nouvelle.

 C.C.