Archive pour la catégorie ‘Courrier’

Sondage

2 novembre 2010,

A propos du sondage publié dans France-soir du 2 novembre 2010 qui indique qu’un tiers des français-e-s ne se sentent ni à gauche ni à droite ni au centre, et que la moitié des électeurs écologistes se situent dans ces 33 % de l’électorat.

Ce sondage prouve surtout que les Français sont dans le brouillard à propos de ce que signifie exactement “être à gauche”. Et on peut les comprendre : la plupart doivent songer aux partis dits de gauche, ou aux expériences de “communisme réel” d’hier et d’aujourd’hui…

La question à poser serait plutôt : “êtes-vous favorable à ce que les politiques publiques réduisent peu à peu les écarts de richesse entre humains, ou préférez-vous qu’elles les laissent poursuivre leur ascension actuelle ?”. Je gage que la réponse serait plus tranchée et surtout foutrement plus subversive…

Mais je vois une autre question à y associer, au moins aussi riche d’enseignements potentiels :
“Sur quoi pensez-vous que va déboucher l’évolution du monde dans sa course actuelle à la croissance économique et démographique ? Cocher la ou les réponses qui vous conviennent :
1) il n’y a pas de raisons de penser qu’il existe une limite à la croissance et donc de se soucier de cette question.
2) Les ressources et les dimensions de la planète étant finies, la croissance prendra nécessairement fin un jour
3) Le choc de la croissance humaine contre les limites sera très progressif et l’humanité s’adaptera sans gros dommages
4) Le choc de la croissance humaine contre les limites sera brutal et engendrera probablement un effondrement violent.
5) Le choc de la croissance humaine contre les limites se produira selon moi dans moins de …… décennies.
6) Autre commentaire :”

Je n’ai jamais vu publier de sondage approchant, et à mon grand regret je ne suis pas assez riche pour en financer un. Dommage : ça nous permettrait de savoir s’il est encore utile de dépenser de l’énergie militante ;-).

Les Verts aussi sont trop pauvres, apparemment. À moins qu’ils ne redoutent la réponse ;-).

Et vous, quelles réponses cocheriez-vous ?

Hugues Stoeckel

(ndlr : Hugues Stoeckel est un militant Vert de la première heure, membre du Conseil National de ce parti)

Contribution à la polémique concernant la candidature d’Eva Joly

11 octobre 2010,

Ma contribution consistera à proposer un exercice de rhétorique amusant et parfois même heuristique.

Si la proposition est
« Eva Joly n’est pas une bonne candidate car son appartenance à la pensée écologique n’est pas légitime » l’exercice consistera à inverser les propositions et en analyser le résultat

Donc

Eva Joly est une bonne candidate, la pensée écologique n’est pas légitime

Que Eva Joly soit la candidate qui rapportera le plus de voix a la sensibilité écologique, cela semble probable, elle est courageuse, tenace, honnête, elle à toute ces qualités sans être une innocente, elle connait parfaitement le monde que nous combattons. Comme elle le dit si bien, elle « l’a mis en examen »

Pas si mal pour une organisation qui auparavant était représentée par Dominique Voynet

Second terme de la proposition

L’écologie n’est pas légitime

En 2010 que pouvons nous dire de l’écologie ?

– Est-ce le courant de pensée qui à travers ses pionniers prédisait la fin du monde en l’an 2000 ? (ces fameux Cassandre ont dans le même temps vu leur espérance de vie très heureusement augmenter de 10 ans environ, sans que cela leur pose la moindre question)

– Est-ce cette organisation où d’anciens adeptes de la révolution ont trouvé un lieu pour continuer à pérorer sans se rendre compte de la faillite (heureusement) de leur idéologie ?

– Ou bien le salmigondis « new age » où les adeptes de la non pensée aiment se retrouver.

Que conclure ? Peut être l’exemple Brésilien pourrait nous éclairer : il est certain que la candidate qui représente l’écologie n’est pas ma tasse de thé, mais avec 20% des voix pour l’écologie les partisans brésilien du développement à tout prix vont avoir de gros soucis.

Gabriel Peynichou

En réponse à Ghislain Nicaise à propos de Joly

7 octobre 2010,

Comme tous les autres candidats et responsables politiques, il arrive bien sûr qu’Eva Joly aborde les questions d’environnement et leur consacre même des articles sur son blog.
Au-delà du titre provocateur et (je le reconnais) un peu excessif, je voulais souligner que l’écologie ne se situe pas au coeur du discours d’Eva Joly et qu’elle n’avance aucune idée originale, ou forte, sur ces sujets cruciaux.
Je suis bien sûr ravi qu’elle se soit prononcée contre la marée noire et la surpêche. Mais cela ne suffit pas à bâtir un programme et une campagne.
Par ailleurs, cet article ne vise nullement à assurer la « promotion » de la candidature d’Yves Cochet, pas plus que celle de Lepage ou de Borloo. Je précise que je ne suis membre ni des Verts, ni d’Europe-Ecologie, ni de tout autre parti politique. Mes commentaires sont ceux d’un observateur engagé, qui enrage depuis des mois d’entendre des interviews d’Eva Joly où l’écologie n’est présente qu’en incidente …

Laurent Samuel

Je voterai Joly

5 octobre 2010,

Expéditeur : Mur Claude

Email : claude.mur@laposte.net
Bonjour à tous. Je souscris parfaitement au commentaire de Ghislain Nicaise. J’avais moi-même été intrigué par la véhémence du premier article concernant Eva Joly mais j’avais été trop paresseux pour faire les recherches qu’a effectué Ghislain. Bravo à lui.
J’avais lu dans le temps un livre d’Eva Joly et il me semble bien me souvenir qu’elle abordait d’un point de vue global des problématiques de la protection de l’environnement.
Enfin,l’écologie politique, c’est aussi un contrôle sur les flux de capitaux, sur les transactions financières illégales, sur la malversation….toutes chose que Mme Joly est habituée à traiter. Je ne suis pas un inconditionnel d’Europe Ecologie mais je voterai sûrement pour cette candidate si elle se présente.

Vive la terre

3 octobre 2010,

Bonjour,

J’ai le plaisir de vous informer de la parution de notre ouvrage « Le Tour de France du développement durable » aux éditions Alternatives.

Après avoir sillonné l’hexagone à la rencontre de 30 solutions concrètes en matière d’agriculture, habitat, énergie, économie sociale, etc., nous les partageons avec vous dans cet ouvrage postfacé par Edgar Morin, et soutenu par Jéromine Pasteur, Jean-Louis Etienne et Yann Arthus-Bertrand.

Face à la crise multiple – écologique, sociale, économique, éthique – des solutions existent ici en France ! C’est le message que nous souhaitons transmettre.

Je vous invite à consulter le site de l’ouvrage et me tiens à votre disposition.

Gilles Vanderpooten
Email : gilles@vivelaterre.com

Etudes gorziennes

3 octobre 2010,

1er octobre 2010

Bonjour,
J’ai ouvert un blog consacré à la vulgarisation de l’oeuvre d’André Gorz. Je souhaiterais accéder aux différents articles écrits par ce philosophe dans la revue Le Sauvage depuis les années 70. Est-ce possible et dans quelles conditions ?

Je vous remercie par avance de l’aide que vous pourriez m’apporter.

En attendant, je vous invite à la lecture de mon blog.

Daniel PAUL

Réponse du Sauvage :
La collection du Sauvage peut se consulter au service des archives du Nouvel Obs

la réponse de Jacques Julliard

1 juillet 2010,

Voir ci dessus la teneur de la lettre envoyée à Jacques Julliard

Cher Alain Hervé,

Comment vous répondre ? En essayant de m’analyser. D’abord, au risque de vous surprendre, je n’ai pas attendu l’écologie pour penser que le rapport à la nature est faussé depuis longtemps, à cause du caractère systématique de la pensée occidentale, sous l’influence de ses trois principaux vecteurs : christianisme, libéralisme, marxisme. Tous trois ont fait de l’homme le maître et le possesseur de la nature et ils ont eu raison. Je vous renvoie à la polémique de Voltaire avec Rousseau, et je suis du côté de Voltaire. « Quand on lit votre dernier livre contre le genre humain – je résume – il vous prend l’envie de marcher à quatre pattes », écrit Voltaire à Rousseau…

A la différence de vous, donc, je ne pense que l’homme soit purement et simplement une composante – fût-ce la plus élevée – du système de la nature. Du reste, après tout e que vous m’écrivez, comment osez-vous vous réclamer de l’humanisme ? L’humanisme, mon cher Hervé, c’est l’anti-nature !

Seulement – et voilà pourquoi je parlais de rapport faussé – la pensée christo-marxiste a oublié que si l’homme était un au-delà de la nature, il y a aussi un ça qui en fait partie. Je ne partage pas, par exemple, le mépris cartésien es animaux, qui fut souvent – pas toujours, voyez saint François – celui de notre civilisation chrétienne. Je pense que l’homme est plus que l’homme, sinon, il ne serait pas l’homme. Mais l’homme est tout entier culture et tout entier nature. Je pense cela depuis toujours. Mais je me méfie terriblement de toute philosophie naturelle.. Non, je ne traite pas les écolos de nazis. Vous m’avez mal lu. Mais je sais qu’à s’enfermer dans une philosophie naturelle, nous n’aurons un jour plus aucun argument contre le nazisme.

Nous sommes les fils du progrès et le progrès n’est pas une chose naturelle. Le XVIIIe siècle, qui était le siècle de la nature, n’a pu contrairement à ce que l’on croit, inventer le progrès. Il a fallu Condorcet, à sa toute fin, pour commencer à y penser.

Oui, je crois à la suprématie de la culture sur la nature. Je crois que la culture est capable – c’est le défi écologiste d’aujourd’hui – de revenir au respect de la nature. Mais je ne crois pas la nature capable, à elle seule, d’inventer la culture.

Voilà. Le naturisme est la pire des religions de salut. Telle est ma conviction. C’est une religion naturelle, c’est-à-dire une démarche qui cumule les impasses de la religions avec l’immobilisme stupide de la nature brute. Pour moi, le monde n’est pas illusion, il est allusion comme a dit un grand poète.”

Jacques Julliard

Suppression de la taxe carbone

12 avril 2010,

Jean-Marc Jancovici a publié sur le site du journal Les Echos un article à ne pas manquer

L’article est concis, clair, pédagogique comme pratiquement tout ce que publie l’auteur. Inutile de le résumer, il faut tout lire, c’est vite lu, ça frappe. Comme souvent lorsque je lis un article de ce consultant froid et brillant, je voudrais l’avoir écrit. Vous ne perdrez jamais votre temps en consultant son site.

JMJ n’a qu’un défaut il est pro-nucléaire. Ce peut être aussi un avantage car cela lui donne une audience auprès d’élites techniciennes qui ne voient les écologistes que comme des doux rêveurs ou des rouges à peine camouflés sous leur écorce verte. Il suffit de voir à ce sujet les commentaires de l’article cité ci-dessus.

Ghislain Nicaise

Cher Jacques Julliard

10 février 2010,

J’ai lu avec consternation votre chronique du numéro spécial écologie du Nouvel Observateur de décembre dernier: Non à la déesse Nature !

Je vois à quel point le malentendu est profond. Vous nous traitez de nazis, de fascistes. Cette outrance m’étonne de la part d’un analyste aussi perspicace que vous. Je suis vos propos depuis des années et en général j’y souscris. Allons au fait. Je crois que l’écologie dite profonde ne correspond pas tant aux propos assez flous d’Arne Naess qu’à des réflexions exprimées en général par des anglo-saxons dans les années 60, 70.  Ce sont aussi bien des américains que des anglais. (En France Ellul, Charbonier, Rougemont, Dumont… ont participé.)

La notion essentielle est celle exprimée par David Brower, d’après un poème de Robinson Jeffers, pour les Friends of the Earth américains lorsqu’il les a créés à San Francisco en 1969 : Not man apart. « L’homme n’est pas à part ».

Les découvertes de la science moderne depuis Lamarck et Darwin, nous ont fait comprendre que nous ne sommes pas les enfants privilégiés d’un Dieu, mais seulement le produit d’une évolution hasardeuse. Nous sommes une des manifestations bizarres du phénomène de la vie. Nous sommes aussi détenteurs d’une étonnante capacité : la conscience. Nos talents particuliers nous ont valu de survivre parmi les autres animaux malgré nos faiblesses, de proliférer ensuite, puis de dominer presque toutes les autres espèces vivantes.

Il semble flagrant que nous avons mal maîtrisé l’histoire de notre espèce. Nous sommes devenus de redoutables prédateurs. Transformateurs, puis destructeurs nous avons éradiqué des milliers de formes de vie. Enfin, nous sommes devenus les prédateurs de notre propre espèce. Le hachoir à viande humaine et à vie sous toutes ses formes, que nous avons fait fonctionner au cours des guerres et au delà, est devenu de plus en plus performant. Il est malheureusement exemplaire des capacités de notre espèce.

Quelle perspective humaniste sommes nous autorisés à proposer aujourd’hui? Ce n’est pas la grotesque société de consommation célébrée dans les soi disant « trente glorieuses » qui peut constituer un modèle. Sa trinité fondatrice: publicité, gaspillage, pollution est mortifère. Une prospérité fondée sur les ventes d’armes, de centrales nucléaires, d’avions et d’automobiles est totalement illusoire.

L’écologie telle qu’elle se manifeste depuis quarante à cinquante ans me semble proposer la seule perspective humaniste contemporaine.

Elle donne à l’homme le rôle de guide responsable de l’aventure du vivant.

Nous en avons la capacité technique, qui progresse sans cesse. Il ne nous manque que la maîtrise. La volonté de nous y engager.

Oui il s’agit d’un complet retournement. La prolifération des humains, la raréfaction des ressources, l’empoisonnement de la nature  ne nous laissent pas d’autre choix. Nous sommes contraints à devenir écologistes. Nous devons revoir l’idéologie du développement et de la croissance indéfinie. Nous devons inventer  et nous n’en avons pas le choix, d’autres relations avec la biosphère.

Est que la démocratie est capable de gérer cette mutation ? Je n’en sais rien. Je crains que ses habitudes de gestion démagogiques ne l’y prédisposent pas. La menace de dictatures vertes au nom du bien commun et de la survie est bien réelle et imminente.

Nous devons tout faire pour l’éviter. Ce n’est pas en proposant une écologie factice telle que nous la vivons actuellement que nous y parviendrons. Ce n’est plus en peignant en vert les camions diésels qui ramassent nos ordures pléthoriques que nous y parviendrons.

Notre avenir est de nous mettre à la hauteur de nos responsabilités. Nous avons à inventer une nouvelle philosophie. Ce n’est pas simple. C’est urgent.

Comme l’a ironisé Pierre Dac : « le chainon manquant entre le singe et l’homme, c’est nous ». `

J’ai créé et dirigé pendant neuf ans Le Sauvage sous l’aile du Nouvel Observateur en tentant d’apporter des éléments pour formuler une nouvelle culture. Il s’agissait de conjuguer comme vous le dites : le donné-la nature et le construit-la culture, non pas de continuer à les opposer.

Nous avons rencontré dès le début, sauf avec Bosquet/Gorz et Morin une sourde opposition de l’équipe du NO.  Je vois que le vieil antagonisme persiste. La vieille rancune de ceux qui s’estiment les seuls propriétaires et directeurs de conscience de l’électorat de gauche reste intacte.

Le gommage dans votre numéro écologie piloté par Cohn Bendit de l’aventure de dix ans du Sauvage qui avait commencé par le spécial N.O. « La Dernière chance de la Terre » en 1973, n’est pas fortuit.

Ce genre d’oubli fait fâcheusement penser aux gommages des personnages indésirables dans les photos de l’époque stalinienne.

Le déni de l’écologie est une vielle histoire dans la presse et la politique.

Mais nous en arrivons une nouvelle donne. Ce n’est plus l’écologie qui court en vain derrière la politique. C’est la politique qui désormais court derrière l’écologie.

Mauvais moment pour le N.O. de prétendre oublier son histoire et son rôle de pionnier dans ce domaine.

J’espère que nous puissions entamer un dialogue constructif entre écologistes et « penseurs de gauche » dont vous me semblez être un remarquable représentant.

Et avec mes amitiés.

Alain HERVE

Fondateur des Amis de la Terre et du Sauvage