Archive pour la catégorie ‘Nous avons vu’

Pater (film)

26 juin 2011,

par Alain HERVE

Alain Cavalier fut l’assistant de Louis Malle et s’en souvient. Pater fait sans cesse penser à My dinner with André. Une conversation entre deux hommes par dessus une assiette remplie de gourmandises. On aimerait connaître l’adresse de leur fournisseur.

Alain Cavalier (d.r.)

Pater met en scène le réalisateur, documentariste  Alain Cavalier un homme coquet et délicat, qui se plait à s’examiner dans le miroir, à se couper les poils du nez, à se faire opérer d’un pli de peau sous le menton, à choisir de belles cravates… Face à un acteur Vincent Lindon, plus rustre, plus sympathique, dévoré de tics, qui se ronge les ongles…

Atteint-on pour autant la vérité de ces hommes? On s’en approche beaucoup. Ils (suite…)

Santo Sospir

24 juin 2011,

La villa Santo Sospir sur le Cap Ferrat vient d’être ouverte au public. Entièrement décorée à fresques par Cocteau, pour son amie Francine Weisweiller qui en était la propriétaire, elle propose le temps de sa visite un moment de bonheur. Que l’on apprécie Cocteau ou pas on ne peut qu’être charmé par les lieux. On admire sa prodigieuse habileté à dessiner à tempera et à main levée.

Orientée face à l’ouest la villa est située au bord du rivage et est baignée des lumières du soir. Cocteau y a pris prétexte de la mythologie grecque pour exprimer son amour des corps des hommes et des femmes . Le thème de la Méditerranée et des pécheurs locaux est traité dans le grand salon.

Ce fut certainement un lieu d’extrême savoir vivre et d’ébats amoureux mais aussi de pratique de tous les arts de la poésie à la peinture. Cocteau y recevait sa cour mais mettait aussi la main dans le mortier comme on peut le voir avec les mosaïques de l’entrée au sol et au mur qu’il a entièrement réalisées lui même.

Visite sur RV 14 avenue Cocteau 06 Saint-Jean Cap Ferrat.

Michèle Auric


La chambre de la propriétaire sur les murs de la quelle s’ébattent Actéon et Diane et ses nymphes.

The tree of life

24 mai 2011,

Qui veut faire l’ange fait la bête.
CC.

Bienvenue mister Chance

31 mars 2011,

En revoyant ce film chef d’oeuvre de Hal Ashby qui date de 1980, on se demande si nos sociétés absurdes ne devraient pas être gouvernées par des jardiniers naïfs plutôt que par des diplômés de l’Ecole d’Administration.

Peter Sellers est admirable dans son rôle d’innocent propulsé vers les plus hautes sphères du pouvoir.

A voir pour méditer sur la destinée des entreprises humaines… et en rire, car c’est aussi un film comique de la meilleure qualité.

Christophe Chelten

Forain au Petit Palais

13 mars 2011,

Jean-Louis Forain…Qu’évoque ce nom pour la plupart d’entre nous ? Au mieux, un caricaturiste de la Belle Epoque.

L’exposition que lui consacre actuellement le Petit Palais à Paris montre à l’aide de dizaines de gouaches, dessins, pastels et aquarelles les aspects méconnus de cet artiste.

Forain a une inspiration extrêmement variée : des bordels aux salons, des coulisses des théâtres aux prétoires, des scènes bibliques (mm…les fesses de la femme adultère) aux horreurs de la guerre de 14 –où il se fera engager volontairement à l’âge de 62 ans afin de dénoncer par ses dessins les atrocités qui l’entourent ,des portraits aux nus.

On trouve même quelques scènes campagnardes (ah ! le pêcheur et son chien…).

On évoque au passage Toulouse-Lautrec, qui l’admirait, Degas, Daumier, voire Picasso.

Mais Forain reste lui-même, avec son trait incisif et précis qui cependant s’arrondit au fil du temps pour arriver dans les tableaux de la fin de sa vie à un flou inachevé extrêmement troublant.

Forain est né en 1852, mort en 1931. Il a côtoyé dans sa longue existence bon nombre d’artistes dont il a fait les portraits : Rimbaud, Huysmans, Anna de Noailles, Marie de Régnier…, avec une élégance et une rigueur magistrales.

Sensible à la misère de son temps, il a exécuté pour de nombreux journaux des caricatures suggestives. On s’étonnera d’autant plus qu’il ait été antidreyfusard en compagnie de Caran d’Ache dans leur journal Psstt.

Le clou de l’exposition est sans doute constitué par les grands panneaux peints et leurs doubles en mosaïques qui décoraient dans les années 1890 la façade d’un café parisien, le Café Riche, sur les grands boulevards, aujourd’hui disparu. Il y a même un superbe vitrail.

Bravo au Petit Palais de permettre la re-découverte somptueuse d’un artiste qui, célèbre en son temps, n’occupe pas aujourd’hui la place qui devrait être la sienne.

Exposition du 10 mars au 5 juin

,

Michèle Valmont

,On peut déjeuner ou boire  ensuite dans le restaurant du musée une nourriture de l’âge plastique, avec des couverts et des verres en plastique mais avec vue sur un jardin en voie d’accomplissement avec ses palmiers de l’Himalaya et ses prunus en fleurs. Pour les prunus faites vite.

L’ivrogne corrigé de Gluck. Opéra comique

12 mars 2011,

Quel délice de fréquenter la musique de Gluck un soir en cette fin d’hiver à bord de la Péniche Opéra, sur les eaux obscures du Bassin de la Villette / 46 quai de Loire 75019  à Paris. (jusqu’au 27 mars et en juillet en Bretagne.)

Pas le grandiose Cristoph Willibald ( un prénom à remettre à la mode) Gluck, d’Iphigénie en Tauride ou d’Orphée et Eurydice mais Gluck l’amuseur de cour avec un des premiers opéras comiques pour ne pas dire vaudeville. Créé au Burgtheater de Vienne en 1760. (Dommage de ne pas aller le produire à Vire la patrie du vaudeville ?)

A partir d’une fable de La Fontaine : « l’Ivrogne et sa femme ». Vous vous souvenez : « Chacun a son défaut où toujours il revient… » Non, vous ne vous souvenez pas, qu’importe.

C’est parti entre tendresse et farce, entre mélancolie et  pitrerie. Ca chante et ça danse. Les costumes rembourrés et flamboyants de Gabrielle Tromelin soutiennent les voix débridées  des sopranos et des barytons, tous excellents. Un plus pour le baryton Paul-Alexandre Dubois dans le rôle de Lucas. (Un bon baryton c’est facilement jouissif.)

La mise en scène d’Alain Patiès est extrêmement habile et rigolarde dans cet espace en longueur de la péniche, avec des placards-décors qui s’ouvrent et se ferment. Elle faiblit un peu dans l’épisode infernal final.

Piaf, Nougaro, les téléphones portables et les marshmallows introduisent des ruptures contemporaines judicieuses dans la musique de Gluck.
Frédérique Chauvet à la flûte traversière dirige le piano forte et le basson du BarokOpera Amsterdam.

Précipitez vous à la Péniche Opéra, évitez de plonger. Réservation : 0153350777

L’aigle qui mangeait des singes

12 février 2011,

Nous avons par hasard vu sur France 5 le samedi 12 février un documentaire de Fergus Beeley sur les harpies de l’Orénoque.

Il s’agit effectivement de ces deux oiseaux dont nous avons reproduit le portrait par Martin Jordan, dans notre placard dans le Nouvel Observateur.
Ce fut l’occasion de voir ces merveilles de la nature en vol. On regrette le commentaire niais qui accompagnait les images pour créer un suspense artificiel. Est ce une traduction française ou un ajout pseudo dramatique ?

Quand va t-on inventer un commentaire détaché et seulement objectif pour accompagner ces documents admirables ?

Christophe Chelten

Le discours d’un roi

4 février 2011,

Les royalistes et les lecteurs de Gala et de Point de Vue vont se régaler. L’émotion est d’ordre somptueux et distingué. On verse une larme sur la pierre de Scone.

Le rôle que l’on attribue au roi Georges VI est excessif. Il ne gouvernait pas. C’est Churchill qui a mené la guerre. Certes le roi devait incarner la nation et l’empire. Et il le fit bien dans ses discours une fois qu’il eut vaincu sa difficulté d’expression.

On passe sur l’inclination que son frère Edouard VIII, qui abdiqua pour épouser sa maîtresse, avait pour le nazisme. Ce qui fit que Churchill préféra l’envoyer aux bains de mer aux Bermudes le temps que dura la guerre.

Mais le film de Tom Hooper est très agréable à regarder et tous les acteurs sont excellents, pas seulement Colin Firth dans le rôle du roi, mais aussi Geoffrey Rush en exorciseur du bafouillement.

Christophe Chelten

Birmanie 1980. L’éblouissement

4 février 2011,

EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES
A LA GALERIE ANNE KRISTINE RATHNOV

14 RUE DE PROVENCE, 75009 PARIS

La Birmanie ne devait être qu’une étape dans les pérégrinations du photographe Philippe Charliat… Pourtant, ce voyage se révèlera exceptionnel dans un pays qui était alors totalement refermé sur lui-même. Les visas de l’époque n’accordaient qu’une semaine aux très rares touriste. Il fallait aller vite là où s’impose la lenteur. Philippe Charliat eut la chance de pouvoir s’attarder lors de deux séjours. La rencontre de celles que l’on nomme femmes-girafes ne fut pas la moins étrange, dans la région du Triangle d’Or. C’était bien avant que l’on exhibe quelques-unes de ces magnifiques femmes Padaung dans des zoos humains aujourd’hui créés pour épater les touristes. Cette exposition nous emmène loin en arrière dans le temps. C’était hier. Il y a trente ans. Des peuples n’avaient pas encore vu déferler la civilisation de la publicité, du supermarché,  de la vie de bureau et de l’écran d’ordinateur.

Philippe Charliat est photographe depuis quarante ans. Il parcourt toute la presse française et les cinq continents , curieux, souriant, distancié, fraternel. Il relie Paris à Pékin en voiture. Il vit à plus de 6 000 m d’altitude, au Pérou, pendant plusieurs semaines, pour filmer au plus près l’expérience scientifique d’un médecin qui teste les effets de la privation d’oxygène. La Birmanie demeure une de ses plus belles aventures.

Il est représenté par l’agence Gamma-Rapho.(www.gamma-rapho.com) charliat@free.fr

C.C.