Pour la trente et unième fois depuis 1995, des représentants de la majorité des pays vont se réunir devant la presse mondiale pour déplorer le changement climatique, ses désastres, et leur coût croissant. Deux semaines de visibilité, de combat et d’espoir pour les activistes, deux semaines de discrétion et de pressions sans limite pour les lobbyistes, deux semaines d’affichage, de pragmatisme et de greenwashing pour les décideurs politiques.
Au final, quelques petites avancées bien médiatisées vont alimenter l’espoir d’aller un jour vers la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). En attendant, les émissions augmentent, le désastre s’amplifie, les perspectives s’assombrissent. Il y a un contraste saisissant entre trentre ans d’efforts pour rassembler ces décideurs sur ce sujet, et le peu de résultats pour la planète. Les émissions de GES n’ont baissé qu’au moment du COVID.
Les données énergétiques et climatiques de 2024 sont maintenant publiées. Une année presque ordinaire, hélas: hausse de la consommation d’énergie, hausse des émissions de gaz à effet de serre, hausse du réchauffement, hausse des troubles climatiques.
Une année presque ordinaire, parce qu’on lit de plus en plus souvent que les mesures dépassent ce que prévoyaient les modèles. On peut attribuer cela aux variations naturelles, qui sont habituelles dans l’histoire du climat. Mais lorsque des valeurs inattendues se succèdent sur plusieurs années, cela peut éventuellement être le signe d’un emballement, c’est-à-dire le signe du passage de points de bascule.
Mais soyons prudents. En climatologie, seules des mesures sur au moins cinq ans, dix ans ou plusieurs décennies, selon le domaine étudié, peuvent scientifiquement valider une nouvelle tendance qui tranche avec les modèles prévus auparavant. Il faut cependant se pencher sur les chiffres de 2023 et 2024, années-record en matière de mesures et d’événements inattendus, déjà précédées par plusieurs années montrant des singularités. Observons un instant nos émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) par le biais de nos produits carbonés.
Il faudra bien avoir le courage de mettre la décroissance au cœur du débat. Pas seulement au sein des milieux écologistes, mais dans l’ensemble de la société.
Pourquoi la décroissance ? N’y a t’il pas d’autres thèmes plus porteurs pour l’écologie ? le climat, par exemple ? l’agriculture ? l’énergie ? le désamour du grand public pour l’écologie politique ? quelles sont les grandes tendances du moment qui pourraient faire oublier la focalisation mondiale sur l’immigration ?
Faisons le tour du monde des médias, observons les éditoriaux, les analyses et les commentaires sur l’époque: géopolitique, économie, énergie, ressources, finance, dette, démocratie, éducation, biodiversité, agriculture, eau, migrations, climat… On y note une constante: l’inquiétude est de mise sur tous ces sujets. Quasiment dans tous les pays. Personne ne voit plus d’avenir radieux à l’horizon, sauf, peut-être, les transhumanistes, les marchands d’armes ou d’IA, et autres gourous de la Tech.
Source ONU: cliquer sur l’image
Étudions maintenant les analyses prospectives: celles des scientifiques, celles des militaires, des industriels, des grandes institutions internationales, celles des grandes ONG. A quelques exceptions près, le futur est modélisé avec des évolutions négatives, notamment dans le domaine économique. L’endettement mondial explose. Aucun de ces rapports ne finit sur un optimisme serein.
La montée de l’extrême-droite, de l’autoritarisme et du populisme, ne concerne pas seulement la France et l’Europe, mais le monde entier.
Les leaders populistes s’adressent à des catégories de population qui évoquent des sentiments d’abandon ou de déclassement face à d’autres catégories de population. Beaucoup se présentent comme anti-système, alors qu’ils sont en général les meilleurs supporters du capitalisme le plus dur. Mais peu importe leur manque de cohérence, peu importe leur éventuelle inculture, peu importe leur capacité politique ou leur capacité de gouvernement, il suffit que la société du spectacle les adopte pour qu’ils soient élus. Leur succès est d’abord un succès médiatique, plus qu’idéologique.
Étudiants Etats-Uniens au bureau de vote aux présidentielles de 2020 dans une université. La propagande jusque dans l’isoloir.
En effet, il est établi que la population est de moins en moins politisée par les canaux traditionnels que sont la presse, les médias traditionnels et les partis, canaux permettant le temps de la réflexion. Les réseaux sociaux les ont remplacés, avec leur instantanéité et leur absence d’analyse, bien qu’intégrant des systèmes de commentaire. Plusieurs heures de consultation par jour pour des milliards d’individus, et surtout pour les plus jeunes.(suite…)
Suite du dossier sur le Solaire Direct, c’est-à-dire l’utilisation directe d’électricité photovoltaïque sans stockage (sans batteries).
Plaçons nous dans le contexte d’un monde en décroissance forte, en raison de la fin des ressources énergétiques à bas coût, de la fin des ressources minières à bas coût, en raison des perturbations du climat, en raison de tous les troubles sociétaux associés. Dans 20 ans par exemple.
Dans le monde dégradé qui se dessine, avec moins de ressources et moins de mondialisation, avec une incontournable décroissance de nos possibilités, l’avenir est aux solutions les plus simples, aux technologies appropriées et joyeuses.
Le problème actuel de la mobilité électrique, de l’équipement électrique portable, ce sont les batteries. On ne sait pas encore faire de batteries qui ne soient pas extrêmement couteuses en énergie, en ressources, en destructions environnementales et sociales. Taper “enfants Coltan” dans un moteur de recherche pour comprendre le problème.
Heureux propriétaire depuis 20 ans d’une grange isolée dans les Alpes à 1800m d’altitude, j’ai constaté ces dernières années que les hameaux et habitats isolés du coin, abandonnés depuis les années 1950 ou 1960, sont récemment achetés par des familles fortunées.
La plupart de ces nouveaux propriétaires semblent tout à fait respecter l’environnement montagnard. Ils restaurent correctement les bâtiments dans les styles montagnards traditionnels, souvent à grands frais, car les travaux en montagne sont très coûteux, aussi bien par les prestations que par les matériaux. C’est un vrai plaisir de revoir des bardeaux de mélèze sur les toits à la place des tôles ondulées, de voir des restanques restaurées en pierre sèche, de nouveaux arbres plantés, des chemins entretenus. Il y a toujours, bien sûr, l’inévitable beauf qui se met à bétonner son bâtiment tri-centenaire pour abriter son affreux SUV dernier cri et son détestable quad, sans parler de ceux qui voudraient construire des piscines, mais cela est encore rare sur les terrains d’altitude.
Tout le monde ou presque connait les trolleybus, ces autobus électriques sur roues qui prennent leur 600 volts sur des lignes aériennes tendues dans les rues ou le long des routes. De nombreuses villes dans le monde ont toujours leur trolleybus depuis plus d’un siècle, comme Lyon par exemple. En Europe, la plupart des villes ont ouvert des lignes juste après la Seconde Guerre mondiale, et beaucoup les ont abandonnées dans les années 70, souvent pour des raisons esthétiques.
Deux trolleybus dernier cri à grande capacité, en Suisse. Il existe aussi des trolleys à 3 rames.
Du point de vue du rendement, c’est une solution extrêmement performante. Pas de lourde batterie à transporter. C’est juste une caisse sur roues et un moteur. Pas de rails à installer dans des travaux longs et coûteux. Pas de lourdes motrices et wagons à mouvoir comme pour les tramways. Démarrage plus rapide qu’un tramway. Durée de vie deux fois supérieure à celle d’un bus à moteur thermique. Freinage électrique, qui limite la pollution en nano-particules de plaquettes de freins. Possibilité d’être autonome sur quelques kilomètres pour éviter des travaux ou rejoindre d’autres lignes.
De plus, les trolleybus de dernière génération restituent de l’électricité au freinage et à la descente, ce qui les rend particulièrement économiques en énergie. La durée de vie moyenne d’un trolleybus est de 25 ans et pourrait facilement être doublée ou triplée, avec un entretien très réduit comparativement aux bus à pétrole ou aux bus électriques à batteries. Car les batteries nécessitent un entretien très pointu, aussi bien pour des raisons de sécurité que de durabilité. N’oublions pas aussi le poids géopolitique, social et environnemental de toute la filière de production du lithium, du nickel et surtout du cobalt, sans parler de la filière de recyclage qui n’existe pas encore. De toute façon, il n’y aura pas assez de ces métaux pour convertir la flotte thermique mondiale actuelle, 2 milliards de véhicules, en flotte électrique à batterie.
Macron, Borne, et leur valet sanglant Darmanin, continuent jour après jour à s’attaquer aux mouvements de justice sociale et environnementale, à ceux qui luttent pour un monde meilleur pour nos enfants, au moment où la crise des ressources et les crises du climat nous obligent à repenser le monde radicalement et sans attendre.
On se souvient de Demeter, la cellule de gendarmerie missionnée pour lutter contre les “actes de nature idéologique” des mouvements environnementaux et de l’agriculture paysanne, on se souvient du livre bleu pour la Guyane, qui a autorisé la déforestation de la forêt amazonienne française, la vente de cette même forêt à des privés, l’ouverture de mines polluantes dans cette même forêt, on se souvient de Sivens sous Hollande et des armes de guerre qui ont tué un botaniste, on se souvient de ces centaines de manifestations réprimées dans le sang, on se souvient de ces mutilés à vie pour les plus justes des causes, on se souvient des condamnations régulières de la France pour son inaction climatique, on se souvient d’un paysan tué par la gendarmerie parce qu’il refusait le harcèlement administratif et sanitaire de ses bêtes, on se souvient des forêts françaises vendues aux intérêts des industriels, on se souvient des nappes phréatiques sacrifiées pour le bénéfice des profiteurs, on se souvient des centaines de Zad, qui veulent sauver des zones humides, des réservoirs de bio-diversité, des sous sols, des forêts, des espaces agricoles uniques. On se souvient des ces bétonnages, de ces autoroutes, de ces hypermarchés sacrifiant des terres agricoles qui sont notre seul espoir de nourriture devant la désertification globale en cours. On se souvient de la surveillance militaire à Bure. On se souvient des militants pacifistes gazés à bout touchant sur un pont de Paris. On se souvient de la qualification de la lutte écologique comme d’un éco-terrorisme. On se souvient de Sainte Soline et de 3200 forces armées pour défendre un trou inutile. On se souvient de tout. La terre et les humains justes gardent les traces de ce sang versé.
On se souviendra de Macron comme un président qui a œuvré pour la destruction du monde, au service des puissants, l’hypocrite puissance mille du “Make the Planet Great Again”, misérable intervention. On se souviendra du crachat à la gueule aux 150 citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat, citoyens pourtant exemplaires de discernement et d’intelligence collective, et dont les 149 propositions sont détricotées méthodiquement depuis lors, simulacre de démocratie. On se souviendra des discours en totale opposition aux actes depuis son accession au pouvoir, la signature du mépris le plus hypocrite contre les défenseurs de l’environnement et des libertés. La signature de la veulerie machiavélique d’une marionnette au service des plus puissants.
Le Sauvage s’associe à Reporterre, Blast, Socialter, Terrestres et tous les collectifs défendant les Soulèvements de la Terre. Voici l’enregistrement de la soirée de soutien du mercredi 12 avril 2023, qui réunissait des dizaines de collectifs et de personnalités pour dénoncer la criminalisation des luttes environnementales et sociales.
Ont participé à la réalisation et à l'illustration du Sauvage : Christophe Chelten, Patricia Gautier, Daniel Maja, Ghislain Nicaise, Laurent Samuel, James Tanay, Michèle Valmont
Fondateur : Alain Hervé
Directeurs de la Rédaction Jean-Noël Montagné et Ghislain Nicaise