Archive pour la catégorie ‘Nous avons vu’

Cyrano de Bergerac Théatre 14

24 mai 2015,

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par Michèle Valmont

Ecrire que “Cyrano de Bergerac” est la plus belle pièce de théâtre du XIXème siècle peut paraître arbitraire, mais semble se

vérifier quand on la voit dans l’adaptation présentée en ce moment par Henri Lazarini au Théâtre 14.
C’est un enchantement. Enfin un vrai, un beau Cyrano, baignant dans l’atmosphère XVIIème siècle, avec costumes et accessoires, succints mais évocateurs. Seule originalité: Cyrano lui-même, habillé “en Edmond Rostand”,tour à tour auteur romantique et acteur passionné de sa pièce.
Henri Lazarini a pris la liberté d’écourter quelques scènes, et même de supprimer des passages entiers. On ne lui en tiendra pas rigueur car l’action s’en trouve resserrée, concentrée sur le drame amoureux. Les comédiens déploient une intensité de jeu rarement atteinte. Les alexandrins de Rostand flamboient, les jeux de scène s’enchaînent vivement, l’émotion jaillit à chaque réplique.
La distribution est parfaitement homogène. Vladimir Perrin campe un Christian élégant, Michel Melki un Ragueneau truculent et attendrissant. Le de Guiche d’Emmanuel Dechartre est sobre, son jeu n (suite…)

“Poussin et Dieu” au Louvre

3 avril 2015,

par Alain Hervéimages

Le titre de l’exposition ne manque pas d’ambition. Les commissaires, Nicolas Milovanovic et Mickaël Szanto, ont eu l’esprit de nous sortir ce Poussin de l’oeuf pour les fêtes de Pâques. Passons.

Il s’agit davantage d’une démonstration que d’une exposition. On en sort convaincu. Nicolas Poussin était un esprit fort. Voyez son autoportrait. Il avait des convictions, il les exprime avec bonheur. Mais ne jamais oublier que nous regardons avec notre oeil du XXIe siècle ce qui fut peint avec une cervelle du XVIIe siècle. En ce temps Poussin souscrivait aux épisodes bibliques avec la foi.

Il était par ailleurs pétri de romanité dans tous les sens du terme. Il vivait et peignait à Rome. Son Evangile et sa Bible affichent des couleurs d’Antiquité.

Ses Ascensions ont du souffle ascendant. Ses Dieu le père et ses Vierges n’ont pas ces  visages d’idiots dont tant d’autres peintres, et les plus grands, les ont affligés. Son Annonciation a des accents à la Vinci. (suite…)

EXCLUSIF. Interview de François Hollande sur l’écologie.

1 avril 2015,
HollandePosted on April 1, 2015 by Thierry Jaccaud

Nous remercions vivement le président de la République d’avoir trouvé quelques instants pour répondre aux questions de L’Ecologiste ce mercredi matin. Nos questions sont directes, ses réponses le sont tout autant. Voici l’interview intégrale.

L’Ecologiste.M. le président, que pensez-vous de la déclaration de Manuel Valls la semaine dernière aux agriculteurs de la FNSEA : « Vous êtes les meilleurs écologistes de France » ?

François Hollande. Merci pour cette question. Cette petite confusion ne vous a pas échappé. Mal informé, en pleine campagne électorale, Manuel Valls a cru tout naturellement qu’il s’adressait à la Fédération des agriculteurs biologiques. Car de manière générale, comme vous le savez, j’ai lancé un grand plan pour l’agriculture biologique, le plan Ambition Bio 2017 qui vise au doublement des surfaces en bio d’ici fin 2017. (suite…)

Virginie Hocq , Théâtre de Paris, Salle Réjane

27 mars 2015,

par Alain Hervévz-7638FBB4-BE00-4B28-A010-47737A805F69

Cette comique belge a un talent fou. Elle est belle. Elle est intelligente. On pourrait ajouter “très” pour ces deux qualités. Son nouveau spectacle  “Sur le fil de la vie” comporte une dizaine de sketches; Elle nous emporte de l’hôtesse de l’air à la femme de Cro-Magnon, du danseur russe à la bourgeoise en partouze.

Elle a développé un art très particulier de jouer avec distinction de la vulgarité. Elle parvient à s’enlaidir avec virtuosité. Seule petite critique, elle en fait un peu trop dans le pipi caca, vomi, puanteur. Son personnage le moins réussi est Marie-Antoinette. Le plus réussi l’épouse qui raconte que son mari découpe des femmes à la tronçonneuse dans la cave.  Mais on lui pardonne tout pour sa phénoménale vitalité, pour son crépitement verbal. Elle doit être épuisée à la fin de son spectacle. Nous, nous sommes ravis. On se demande si elle joue sa propre vie comme son spectacle. Il paraît que les comiques sont des bonnets de nuit at home.

On aimerait la comparer au plus admirable comique belge Raymond Devos. Elle atteint sa virtuosité dans un registre complètement différent.

Le banquet d’Auteuil, Jean Marie Besset, Théâtre 14, Paris

22 mars 2015,

par Michèle Valmont.32931

Le Théâtre 14, toujours avide de nouveauté, monte pour la première fois à Paris “Le banquet d’Auteuil” de Jean-Marie Besset. Cette fiction historique met en scène un Molière vieillissant qui, lassé des infidélités de sa femme, se réfugie dans sa maison d’Auteuil en compagnie de son fidèle ami Chapelle et de son jeune…protégé, le comédien Michel Baron. Molière révèle à son confident sa passion dévorante pour le jeune homme. Cet amour, longtemps occulté, parait attesté par divers témoignages. Pour ceux qui l’ignoraient, il jette un éclairage nouveau sur la personnalité du dramaturge.
Chapelle prend cet aveu à la légère et, fêtard impénitent, convie à Auteuil un groupe d’artistes et d’écrivains libres penseurs et jouisseurs: Lully, Dassoucy, Nantouillet et quelques autres se chamaillent, sous la houlette du fantôme de Cyrano de Bergerac.
Un banquet s’organise, suivant la tradition de Plutarque ou Platon, on philosophe, les bouchons sautent, les boutons aussi; on se livre à des jeux érotiques et musicaux, on met en scène un jugement de Pâris au masculin où la nudité triomphante des (suite…)

Marie Tudor de Victor Hugo, théâtre de La Pépinière

16 mars 2015,

par Michèle Valmontmarie-tudor-big

Elle crie, menace, supplie, se lamente, charme, caresse, griffe, condamne, pleure. Elle, c’est Christiana Reali dans Marie Tudor de Victor Hugo à La Pépinière théâtre. Eblouissante de naturel, cette magnifique comédienne, trop rare à nos yeux (mais le rare est le bon) justifie à elle seule qu’on aille voir cette pièce divertissante mais bourrée d’excès verbaux et théâtraux. Complots, trahisons, passions exacerbées, on baigne dans le romantisme le plus extrême.
Demeure un beau personnage de femme, la reine Marie Tudor, si humaine dans ses contradictions, écartelée entre son amour et la raison d’état, particulièrement dans la rare scène finale où on la voit avec sa rivale Jane – incarnée par Jade Fortineau- redouter la mort de leur amant.
La distribution (douze comédiens, dont certains en alternance) est homogène; la mise en scène de Philippe Calvario, bien que polluée par de vulgaires chansons accompagnées à la guitare électrique, est efficace et sincère. Malgré ses faiblesses, cette pièce n’en est pas moins une belle fresque historique qu’on découvre ou redécouvre avec plaisir.

Michèle Valmont

La Pépinière théâtre: 01 42 61 44 16

Perrichon voyage toujours, Théâtre La Bruyère

16 mars 2015,

par Michèle Valmontaffiche

En transposant l’histoire de Monsieur Perrichon, le personnage emblématique de Eugène Labiche, au XXI ème siècle, Gérard Sibleyras prenait le risque que les personnages ou les situations aient pris un coup de vieux.
Il n’en est rien: Perrichon, riche homme d’affaires vaniteux, assoiffé de reconnaissance sociale et assez sot, se révèle intemporel, et ses rapports aux autres entièrement d’actualité.
Au lieu de séjourner près de la Mer de Glace, le voici en famille sur une plage de Saint Barth. Sa fille est courtisée par deux jeunes gens. L’un, honnête et sincère, sauve Perrichon d’un accident de planche à voile, l’autre, flatteur et roué, s’arrange pour être secouru lors d’une plongée sous-marine. Et Perrichon de repousser le premier, témoin de ses faiblesses, pour s’enticher du second qui l’a transformé en héros. Rien que de très humain dans tout cela.
Le texte, plein de drôlerie, est irrésistible dans les situations cocasses. On y retrouve (suite…)

1001 grammes, film norvégien de Bent Hamer

15 mars 2015,

par Christophe Chelten548085.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

C’est net, c’est froid, c’est triste, c’est beau comme une Norvège fantasmée. L’actrice Ane Dahl Torp exprime à la perfection le drame de la réussite matérielle. Son visage est un drame à lui seul. Son entreprise de vérification du kilo étalon norvégien est un  voyage au coeur de l’absurde. Il devient un numéro comique involontaire ou volontaire?

Jusqu’à la rencontre avec un scientifique français en rupture de recherche, interprété très justement par Laurent Stocker. Commence une irruption de la tendresse pour terminer ce film intelligent, aux images parfaites sur une partition musicale au gramme près.

Ça mérite le détour.

Indigo, un périple bleu. Hôtel de Sens Paris

14 mars 2015,

par Alain Hervé1024px-Indigo-Historische_Farbstoffsammlung

Jetez vous dans le bleu.Dans le bleu de la mer, le bleu du ciel , les yeux bleus, le bleu de l’âme. Le bleu indigo est une desimages plus belles inventions de l’homme, dans sa tentative désespérée de redire la Création..

Le bleu indigo est tropical pour les plantes vertes Indigofera tinctoria, auxquelles il doit d’exister. Il a suivi l’homme sur tous les continents. Il atteint des sommets en Afrique chez les Dogons par exemple, et au Japon, où je l’ai rencontré au fond d’une ruelle à Kyoto, il y a des années. Je l’avais déjà fréquenté dans le journal du Père Labat aux Antilles, où il a installé les indigoteries.

affiche-indigoREn ce moment vous pouvez le parcourir à la bibliothèque Forney, à l’Hôtel de Sens, 1 rue du Figuier à Paris IVeme, jusqu’au 2 mai 2015  et jusqu’à 19 h, du lundi au samedi. Quatre petites salles. Il aurait mérité un peu plus d’espace pour étaler sa splendeur. Vêtements et tissus du monde entier, des cotonnades de Rouen au kimono de samouraï. On observe que les sociétés humaines  dites primordiales en ont réalisé les plus belles expressions. La société industrielle a inventé l’indigo synthétique et ses plus ternes usages, du bleu de travail au jean de Nimes. Cet Indigo de nature à travers toutes ses expressions est un vertige d’outre prisme. Il n’en finit pas de séduire l’oeil et de narguer les neurones.

 

A.H.

Très beau catalogue de Catherine Legrand qui a parcouru  le monde pendant deux ans sur la piste de l’Indigo.