par Alain Hervé

Fresque dans la Cathédrale de la Chaise-Dieu
C’est un banal sujet de réflexion que de considérer notre appréciation du passé, du présent et de l’avenir. Et pourtant nous ne savons pas très bien où nous nous tenons. Nous naviguons entre des moments de réminiscence et de nostalgie pour le passé, d’espoir, d’illusion et d’angoisse pour l’avenir.
La perception du présent nécessite davantage de sang-froid. Est-ce bien moi qui regarde la stupéfiante immobilité de l’arbre devant ma fenêtre ? Un robinier immense, qui lui en a vu d’autres. Pas une feuille ne bouge. Où est parti le vent ?
Le présent est instantanément contaminé de passé par nos connaissances et de craintes pour l’avenir.
Et pourtant, quoi de plus beau que le présent ? Le présent c’est de la vie émergente, l’eau jaillissant de la source. Le présent est stupéfiant de présence.
C’est un éclair de vie, une foudre de vie, une explosion orgasmique…
On devrait en rester commotionné, ahuri. On devrait hurler « présent ». Jouir de la stupéfaction d’exister, de respirer, de voir ce robinier, d’entendre l’immobilité de ses milliers de feuilles… Et le monde autour. Notre monde bizarre, qui vit sous nos yeux. Ce présent c’est la vie. Le présent c’est la vie.
Mais on voudrait nous faire croire que le présent c’est autre chose. Rien à voir avec la vie. La vie ils s’en foutent. Pour nous faire oublier le présent vivant, ils hystérisent l’avenir. Ils ont inventé un gigantesque leurre pour oublier la Vie. Ils ont inventé la Croissance. Ils lui vouent un culte. (suite…)