Archive pour la catégorie ‘– Sages réflexions et sobres moments’

Transhumanisme

25 octobre 2015,

logos H+

 

par                 Ghislain Nicaise

 

Le numéro d’octobre 2015 de La Recherche fait paraître un dossier de 4 articles sur le transhumanisme, pour moi passionnant. Je recommande particulièrement la tribune de Laurent Alexandre (1). Selon cet auteur, “trois objectifs caractérisent (le transhumanisme) : permettre l’immortalité, augmenter les capacités humaines et développer l’intelligence artificielle (IA)”. Du coup, je me suis offert une excursion rapide sur internet, Wikipedia et autres sites indiqués par le moteur de recherche. J’avais déjà une vague idée de ce que cela voulait dire pour avoir rencontré ce mot de transhumanisme dans mes lectures mais j’ai l’impression d’avoir appris beaucoup en quelques heures (les logos ci-dessus, rencontrés dans cette recherche, n’ont rien à voir avec l’ion hydrogène).

Le transhumanisme a déjà gagné (suite…)

Plaidoyer pour les arbres

27 septembre 2015,

 

thPar Roland de Miller

Jadis dans nos campagnes, les bienfaits des arbres et des haies ne se limitaient pas à leurs fonctions utiles par rapport au ruissellement, à l’érosion, au régime des vents ou aux productions végétales : l’arbre, et notamment le vieil arbre, était reconnu comme créateur de joie et de beauté. Cheminer sur une allée ombragée est un vrai bonheur. Tout ce qu’il y a en nous de désir de joie, de capacité d’émotion esthétique et d’amour de la liberté trouve dans les arbres un objet dont la satisfaction ne s’épuise jamais. Ils sont des marqueurs de l’espace, comme l’ossature, l’ancêtre et la mémoire d’un paysage, ils donnent au village sa physionomie propre, ses repères, son écrin de verdure. À vrai dire, ils font partie de notre famille, ils sont liés à nous, individus d’une (suite…)

La nature, soluble dans l’économie ?

25 août 2015,

baleine 003Par Sarah Feuillette

J’ai été frappée il y a quelques années par le fait de devoir, dans  le cadre de mes activités professionnelles, traduire en euros tout un tas de biens environnementaux (qualité de l’eau, paysage, biodiversité…). Et peut-être plus encore par le fait de rencontrer des économistes accordant crédit à ces chiffres. Je suis alors tombée sur un article du philosophe Patrick Viveret qui tournait ce type de pratiques en dérision : selon un tel raisonnement il semblait logique d’approcher monétairement la valeur mondiale de l’amour en multipliant le coût d’une passe par le nombre d’êtres humains en âge d’avoir des rapports sexuels… Viveret concluait sur l’impossibilité de quantifier ce qui a le plus de valeur (au sens premier du terme : la force de vie). (suite…)

Hiroshima, 80.000 humains tués en une seconde

16 août 2015,

par Alain Hervé

6 aout 1945 bon anniversaire

6 aout 1945
bon anniversaire

Que racontent les média ces derniers jours ? Une actualité chasse l’autre. Le sujet Grèce sent le réchauffé, la presse le suce comme un vieux noyau. Le porc français invendable tient la route, ex æquo avec 20° d’augmentation des morts sur la route en un an. La canicule ne mérite pas que l’on s’étende. Les vignerons applaudissent le réchauffement climatique. A l’inverse, des événements majeurs ont à peine retenu l’attention. L’encyclique du pape dérange par son excessive lucidité L’anniversaire de l’explosion de la première bombe atomique sur Hiroshima est expédié en 24 heures. Il ne faudrait pas faire trop d’ombre sur la colossale entreprise du nucléaire français. Seule la chaîne Arte a rouvert sérieusement le dossier en nous faisant rencontrer le cynique von Neumann un des pères de l’objet. Et pourtant on n’aurait jamais dû cesser de considérer la monstruosité du geste : 80.000 êtres humains tués instantanément, 80.000 êtres humains tués instantanément, 80.000 êtres humains tués instantanément… Vous avez bien entendu : 80.000 êtres humains tués instantanément. Non personne n’a entendu. La propagande américaine a immédiatement inventé des justifications. C’est passé comme lettre à la poste. De beaux esprits ont immédiatement inventé le joujou de la « dissuasion ». La mise en place du joujou a mobilisé de formidables énergies et entraîné (suite…)

Le pape a dit

20 juin 2015,

par Alain Hervé

Bravo pour cette encyclique Laudato si’,  que l’on attendait depuis quarante ans. François d’Assise s’impatientait. L’Eglise catholique reconnait enfin l’analyse écologique.

Un pape écologiste? (DR.)

Un pape écologiste? (DR.)

A ceci près que le pape François ne va pas au bout de la question. Ne va pas au delà de ce que la religion dont il est le chef, professe. Il ne remet pas en cause la position prédominante de l’homme. Il reconnait la responsabilité majeure d’anthropos dans le dérèglement des climats. Mais il lui confirme sa situation de créature privilégiée de Dieu sur la planète Terre.

Or l’intelligence de l’écologie n’est pas seulement de reconnaître le rôle dévastateur de l’homme dans la partition du vivant. Mais de faire comprendre que l’ homme est un mammifère de moyenne importance, auquel ses capacités cérébrales donnent une redoutable responsabilité.

Il doit modérer ses capacités prédatrices et appliquer ses talents à respecter les territoires de toutes les autres espèces vivantes. A vrai dire on voit mal comment la multitude des Sapiens démens va pouvoir rentrer dans sa niche … écologique.

François ne semble pas s’inquiéter du grouillement de neuf milliards d’hommes sur la petite planète où Dieu lui a ménagé un campement provisoire. Certes, dans son avion au retour des (suite…)

Je n’y ai pas plus pensé qu’à mourir

12 juin 2015,

deuilpar Ghislain Nicaise

Hier au téléphone mon meilleur ami m’a appris la mort de sa jeune soeur et je n’ai pas su quoi dire. Je n’ai pas pleuré comme je l’ai fait pour des amis le 7 janvier dernier mais, comme on dit, j’avais mal pour lui. Je suis mauvais pour les condoléances, tous les mots prononcés dans ces circonstances me semblent vains.

Une issue pour moi est d’intellectualiser l’émotion et de réfléchir sur la mort. Pourquoi n’ai-je pas pleuré ? Parce que mon lien avec cette personne était indirect ? Peut-être aussi parce que cette fin était attendue depuis de longs mois ? Quand ma mère est morte, mon deuil était dilué sur de nombreuses semaines depuis qu’elle avait perdu la conscience, je ne sentais aucun besoin d’évacuer un trop-plein d’émotion. La mort de mon père m’avait bien plus affecté : la veille il était en possession de toutes ses facultés mentales et le lendemain (suite…)

Bernard Maris vous parle de concurrence

7 juin 2015,

ConcurrenceBernard Maris : “Dans le modèle économétrique, comme dans le sondage, la réponse, et surtout l’idéologie, sont déjà dans la construction. Prenons par exemple l’hypothèse de concurrence : on teste des situations plus ou moins concurrentielles. Mais le simple fait que le concept de concurrence lui-même, pour la description d’une société, soit un non-sens, un pur non-sens, une croyance religieuse, n’est jamais envisagé. Autrement dit, que la société puisse ne pas être définie par rapport à la norme libérale est inenvisageable.”

Antimanuel d’économie. 1. Les fourmis, 2003.

Bernard Maris vous parle des maths

30 mai 2015,

mathsBernard Maris : Hélas, l’abus de mathématiques rend sourd. Une des causes de la fascination pour la raison raisonnante tient à l’origine des économistes : beaucoup viennent des sciences dures… Le recours à la technique, au jargon et aux mathématiques a une autre raison, beaucoup plus pernicieuse. Le langage abscons permet de clôturer le champ de l’économie et d’éliminer “ceux qui n’y comprennent rien”. Circulez, y’a rien à voir ! Laissez-nous entre nous ! Ne vous occupez pas de ces histoires d’argent, c’est trop compliqué pour vous. Attitude bien commode, non ? Parmi les savants et les universitaires, les mathématiques ont un effet dévastateur. Elles éliminent les “littéraires”, les sociologues, psychologues, les penseurs un peu sceptiques, les géographes, les doux, les philosophes…Elles créent une langue noble (formalisée), supérieure, dominante, et des patois que l’on laisse aux gens de la rue, aux incultes, aux paysans. (suite…)

Hedera helix vs Sipo matador

17 mai 2015,

 lierre..par Ghislain Nicaise

Un ami normand enthousiaste m’a incité, presque forcé serait plus exact, à me plonger dans la lecture de Cosmos, le dernier ouvrage de Michel Onfray, cet autre normand discrètement fier de ses ancêtres Vikings. Je reviendrai probablement sur Cosmos, ouvrage riche, très divers, mais je voudrais aujourd’hui m’attarder sur le chapitre intitulé Botanique de la volonté de puissance.

Michel Onfray applique la notion (nietzschéenne) de volonté de puissance à la trame de l’univers et en particulier à l’évolution. L’insistance que Michel Onfray met à traiter le cas de la liane étrangleuse tropicale Sipo matador s’éloigne d’une vision d’écologue. Je vais illustrer mon propos avec l’exemple du lierre (Hedera helix) une liane plus proche de notre environnement vécu (suite…)