Par Hugo Verlomme
Pendant la catastrophe de Fukushima on a souvent entendu des commentateurs dire des phrases telles que : « On apprend avec soulagement que les vents poussent le nuage radioactif vers la mer ». Bien sûr, la priorité absolue reste toujours d’épargner les vies humaines. Mais faut-il pour autant se réjouir de voir partir ces particules radioactives sur l’océan Pacifique ? D’autant que des milliers de mètres cubes d’eau de mer sont pompées dans l’océan pour refroidir les réacteurs et que cette eau contaminée repart d’où elle est venue… Mais voilà, dans la mer tout se perd, se dilue, puisque tout circule.
Aux yeux du public, la mer est souvent considérée comme une vaste étendue déserte. Pour certains, elle est d’ailleurs une poubelle bien pratique : tout déchet immergé disparaît instantanément, loin des yeux et des caméras. Pas vu, pas pris. L’océan est un milieu idéal pour les pollueurs : sans limites ni témoins.
Interrogées par Najmedin Meshkati, expert en nucléaire et environnement de la University of Southern California s’inquiétant du devenir de ces eaux radioactives, les autorités japonaises ont reconnu que ces eaux utilisées pour le refroidissement s’écoulaient directement dans la mer, mais elles ont également décrété que – bien entendu – les taux de radioactivité ne présentaient aucun danger. Nous savons pourtant que nous nous trouvons face à une catastrophe majeure, puisque la radioactivité dépasse déjà largement les zones officielles. L’eau de Tokyo a été contaminée, de même que des légumes cultivés hors de la zone recommandée par ces mêmes autorités. Comme pour Tchernobyl, tout est fait pour minimiser la vérité, voire la déguiser, de façon sans doute à ne pas ajouter la panique, voire la révolte, à la catastrophe en cours. (suite…)