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Eva Joly, la candidate écologiste qui parle de marée noire, de surpêche, de la régulation des marchés agricoles, de désacraliser la croissance…

3 octobre 2010,

J’ai été intrigué par l’article de Laurent Samuel daté du 2 octobre, sur le site du Sauvage, qui signalait qu’ Eva Joly “ne parle pratiquement jamais d’écologie”. Je ne la connais pas bien mais je la crois trop intelligente pour avoir accepté de siéger au parlement européen en tant qu’écologiste et se taire sur les thèmes de l’écologie politique. J’ai aussi une longue expérience des journalistes, le plus souvent assez malveillants envers les écolos, qui ne retiennent d’un communiqué que ce qui nous semble le moins important.

J’ai fait une rapide recherche sur internet : le moteur m’a tout de suite guidé vers son blog du nouvelobs. Avec la mention “marée noire” on trouve un article complet du 21 juin, que Laurent aurait pu trouver facilement. Les autres thèmes abordés que je vous laisse découvrir m’ont paru relever des préoccupation du mouvement écologiste plus que de son passé de juriste que les journalistes pipoles affectionnent. Dans la page du 11 juin sous le titre “Pourquoi faut-il adhérer à Europe Ecologie”, j’ai particulièrement remarqué une prise de position assez claire sur la croissance, je cite : “Comment continuer à sacraliser la “croissance”, c’est-à-dire la croissance du produit intérieur brut, et dénoncer en même temps ce dernier comme un indicateur imparfait, dépassé voire néfaste ? Comment continuer à promouvoir des modèles de société toujours plus consommateurs en ressources naturelles et en même temps dire que ces dernières doivent être préservées ? Comment prétendre que la dérégulation économique est une bonne chose, et en même temps accepter de venir sans cesse en aide aux secteurs financiers ? Cela n’est tout simplement pas possible, n’en déplaise aux héritiers du productivisme ou à ceux des néolibéraux.”
Laurent Samuel conclut son article en relevant la candidature à la candidature d’Yves Cochet. Je pense qu’Yves Cochet est un excellent candidat mais ne crois pas qu’une bonne promotion de sa candidature passe par le dénigrement d’Eva Joly à partir de la lecture de la presse la moins politisée.

J’ai eu le privilège d’entendre Yves Cochet se présenter lors des primaires internes aux Verts en 2006 : il était évident qu’il était le seul qui apportait des idées nouvelles, ce qui a convaincu la moitié des votants à ces primaires, bien plus que l’audience de son seul courant. J’ai la faiblesse de croire que si les aléas internes aux décomptes des bulletins avaient permis de retenir sa candidature, les Verts auraient fait un meilleur score aux présidentielles (pardonne moi Dominique). En fait Yves Cochet est un président-né, comme il l’a montré  à plusieurs reprises, en particulier dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale. Peut-être l’impact de son intelligence et de son charisme a-t-il été contrarié par le fait que ses positions sont toujours un peu trop en avance. Il y a deux ans, il se faisait honnir lorsqu’il disait qu’il fallait dissoudre les Verts dans un mouvement plus vaste, il se faisait vilipendier par les mêmes qui s’emploient aujourd’hui à réaliser ce mouvement. Lorsqu’en 2005 à Grenoble je l’ai entendu annoncer le pic pétrolier, j’étais comme la plus grande partie de l’auditoire incrédule et je ne suis arrivé aux mêmes conclusions que lui qu’après plusieurs lectures et de nombreuses recherches d’informations. Je pense comme lui que l’enjeu n’est pas mince : rien moins que de sauver la démocratie et la solidarité. Comme les précédents chocs pétroliers, le prochain aura un fort impact sur nos sociétés. A la différence des précédents, il est très probable qu’il sera durable et toute la politique en sera changée de même. Peut-être les media s’intéresseront-ils alors à ceux qui ont eu raison un peu trop tôt ?

Ghislain NICAISE