Archive pour la catégorie ‘– Sages réflexions et sobres moments’

Cher Dany Cohn-Bendit

25 décembre 2010,

Texte envoyé à Dany Cohn-Bendit à propos d’une tribune intitulée “Les écolos et 2012”, envoyée aux coopérateurs d’Europe Ecologie-les Verts.
Joyeux Noël

Il me semble qu’à propos de cette candidature 2012:
1: Les écologistes doivent avoir un candidat.
2: Pour continuer de faire connaître l’urgence des problèmes écologiques.
Un éventuel candidat tel Eva Joly qui s’applique à ne pas parler d’écologie, n’est pas le candidat approprié. Il y en a d’autres, peut-être moins médiatiques mais qui connaissent leur sujet.
3: Il ne faut pas compter sur les socialistes pour en parler. DSK s’il était candidat est un financier international qui ne croit qu’à la croissance et à la mondialisation.
4: Servir d’appoint aux socialistes pour leur permettre d’être élus est un leurre. Car ils feront la même politique économique que la droite. Et seront aussi sourds à propos d’écologie qu’ont pu l’être Mitterrand; Jospin et Rocard.
5: Si Marine Le Pen a l’intelligence de parler d’écologie, elle fera un malheur, car l’écologie progresse en profondeur parmi tous les non dits de notre société.

Alain HERVE

L’ARBRE COUPÉ DE NOËL

22 décembre 2010,

LES AUTEURS DE SCIENCE-FICTION qui font dans le genre post-apocalypse nucléaire imaginent volontiers des cultes attachés à des objets survivants du désastre devenu mythique. On voit ainsi des tribus sauvages de l’ex-Bassin parisien officier autour d’une machine à laver pourrie. Ou bien l’autel du dieu est un téléviseur dont on raconte qu’il avait la « voix », voix évidemment susceptible de parler de nouveau, un jour, aux initiés patients. Il est assez réconfortant pour l’esclave consentant de la société des objets de sacraliser de cette façon les symboles tristes d’une civilisation finie, de s’assurer en quelque sorte une lointaine renaissance mythologique, une revanche amère à long terme sur l’aliénation. C’est moins facile, moins déculpabilisant d’inventorier nos propres cultes inavoués, d’entreprendre l’archéologie de ce qui ne mérite plus que le nom d’habitude, de fouiller jusqu’à certaines racines, quitte à perdre quelques ongles et quelques illusions.

(suite…)

Toutes les deux secondes…

23 octobre 2010,

« Il y a, paraît-il, une femme sur terre qui donne naissance à un enfant toutes les deux secondes. Il faut absolument la retrouver pour l’empêcher de continuer

Sam Levenson

C’est une femme, une juste, une justicière…

6 octobre 2010,

C’est une femme, une juste, une justicière, une sympathique, une immigrée, une pittoresque figure du panthéon médiatique …
Autant de qualités qui la désignent pour parler de n’importe quoi et même d’écologie.
Que le choix de cette personnalité pour concourir à la candidature à la présidence de la république soit diplomatique, c’est évident.
Elle ménage les susceptibilités éventuelles entre Europe Ecologie et les Verts, dont elle semble être distanciée.
On dit qu’elle étudie d’urgence l’écologie. Et qu’elle est douée. Soit. Mais ce n’est pas suffisant.
L’Ecologie est une nouvelle discipline politique qui peine à se faire entendre. Son argumentation est fragile et radicale tout à la fois. Elle annonce un renversement total de tous les postulats sur lesquels repose aujourd’hui le fonctionnement de la société humaine.
C’est non à la consommation-gaspillage, non à la vitesse, non au centralisme, non à la prédation des ressources fossiles restantes, non aux risques nucléaires civils et militaires, non au saccage de la biodiversité, non à la recherche scientifique stipendiée, non à la spéculation financière…
En revanche oui à la sobriété partagée, oui à la lenteur, au temps vécu, oui aux relations humaines, oui au recyclage des ressources, oui aux énergies douces, oui au respect de toutes les formes de vie, animales et végétales, oui aux recherches scientifiques libres, oui au micro crédit, oui aux retrouvailles avec le bonheur d’être vivant…

Depuis les éclats de René Dumont en 1974, il y a trente six ans, on n’a pas beaucoup avancé. Seuls les marchands de peinture verte ont gagné. Il est touchant de voir les politiques de droite, du centre et de gauche se maquiller en vert.
L’écologie politique est aujourd’hui menacée par l’opportunisme politique. C’est à dire qu’il s’agit souvent d’accéder à un poste d’élu rémunéré. Ensuite elle est menacée par cette lèpre de la pensée : le politiquement correct, la nouvelle bien pensance démagogique.
Je crois pour ma part que le candidat à la candidature qui connaît le mieux son sujet et qui l’exprime le mieux est pour le moment Yves Cochet.
L’analyse écologique fait l’essentiel de son discours et conditionne ses prises de position sur les autres problèmes que la société humaine doit affronter tels l’emploi, la santé, l’immigration, l’urbanisation, les transports, la production agricole…
L’écologie n’est pas accessoire, elle est première.
On peut ensuite discuter de la qualité médiatique du candidat à la candidature, de son charisme télévisuel, de sa séduction pipeulesque, de ses vêtements, de la couleur des ses lunettes, mais ce sont des préoccupations accessoires.

Un prétendant écologique doit d’abord parler d’écologie.

Alain HERVE

Les trois racines de l’écologisme

14 juin 2010,

Paru sous le titre Ecologie et fascisme dans le n°12 (nov. 1991) du Sauvage nouvelle série.
Revu en Juin 2010 (1).

En février 1975, j’ai eu la chance d’assister pendant un week-end à Londres à une réunion internationale de Friends of the Earth, où se rencontraient pour la première fois des écologistes de plusieurs villes de France (2) , d’Angleterre, d’Irlande, des USA, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Suède, d’Allemagne et probablement de quelques autres pays que j’ai oubliés. J’ai gardé de cette rencontre une très forte impression, qui m’a beaucoup fait réfléchir par la suite : tous ces gens avaient la même vision du monde, partageaient les mêmes valeurs alors qu’ils n’avaient pratiquement aucune référence écrite commune. Certains avaient lu Illich, d’autres simplement Rachel Carson (Le printemps silencieux) ou le rapport du Club de Rome, ouvrages fort divers et n’offrant chacun qu’une vue partielle de la planète. Ces nouveaux croisés n’avaient pas de bible et pourtant étaient porteurs d’un même projet. Je me suis dit que leur (notre) accord devait reposer sur quelques principes, probablement peu nombreux,  pour que le consensus soit si fort. Dans le train qui me ramenait à Lyon, j’en ai trouvé trois et j’en suis resté là depuis. (suite…)

Cet été, balades littéraires en Normandie

2 juin 2010,

A pied avec Marie-Odile Lainé et livre en main découvrez des paysages en compagnie d’écrivains inspirés par les ciels, les plantes, les gens… et le goût de vivre.
Mont de Doville (50)*Pages à Pas avec Jules Barbey d’Aurevilly
18 août (16h à 18h30)10 e (Tarif réduit 5 e)
Landes fantastiques 31 juillet (20h à 22h30)
Traversée de la Baie du Mont Saint Michel*
Sortilèges de la Baie, en littérature et nature (avec Romain Pilon,
6 août (18h à 23h30) – 14 août (14h30 à 21h) 12 septembre (14h à 21h30)
20 e (gratuit pour les -10 ans) prévoir pique-nique
Abbaye d’Hambye**Incursion Médiévale
20 juin – 11 juillet – 22 août – 26 septembre (15h à 17h) 5,20 e
Granville**Enfances granvillaises
30 juillet, 6 et 13 août (15h à 17h) 6,20 e (Tarif réduit 3,10 e)
Le Musée Richard Anacréon, entre littérature et peinture
15, 29 juillet, 5, 12 août (15h à 16h)
6,20 e (Tarif réduit 3,10 e) (suite…)

Un tabou ? La surpopulation

28 décembre 2009,
En France, pays de culture majoritairement catholique et/ou marxiste, le sujet de la surpopulation a toujours été traité assez discrètement. Nos chercheurs ont même compté des populationnistes éminents comme Alfred Sauvy et il n’est pas rare de voir encore maintenant nos media déplorer le rétrécissement à la base de la pyramide des âges. Cependant, avec la toute jeune prise de conscience de l’épuisement des ressources, même en France, les préoccupations démographiques connaissent un regain d’intérêt, bien que l’on puisse noter une certaine timidité sur le sujet chez les Verts.
En 1968 au début de la prise de conscience écologiste, Paul R. Ehrlich publiait “The population bomb” (en français “La bombe P”, 1971). Un autre pape de l’écologisme des années 1970, Stewart Brand, éditeur du “Whole Earth Catalog”, a déclaré plus récemment (Technology Review, MIT, May 2005) que les écologistes devraient réviser leurs positions sur la surpopulation. L’explosion démographique est moins redoutable que ce que l’on pouvait craindre il y a quarante ans. En fait il y a même effondrement des taux de natalité dans tous les pays, les pays les plus développés étant en avance sur ce point. Stewart Brand ajoute que ce n’est pas bien entendu la lecture du livre d’Ehrlich qui en est la cause mais la migration vers les villes. En un siècle la population urbaine mondiale est passée de 14 % à 50 %. Les villes sont des étouffoirs à natalité, de quoi troubler les rêves agricoles des écolos, l’auteur de ces lignes y compris.
Quelle est exactement la situation mondiale ? Elle peut se résumer en deux courbes. La première, empruntée au Musée de l’Homme, montre la croissance de notre espèce, débutant doucement au néolithique et explosant au XXe siècle. La deuxième, provenant des Nations Unies, donne les prévisions d’ici 2050 selon que l’on choisit une plus ou moins grande fécondité féminine. Dans l’hypothèse relativement optimiste où le nombre d’enfants par femme continue à diminuer jusqu’à 2, nous nous retrouvons à plus de 9 milliards en 2050. Il est peu probable qu’une augmentation d’un tiers des bouches à nourrir sur une aussi courte période soit satisfaite sans problèmes par l’agriculture mondiale et le système de distribution dans leur état actuel. Au mieux cela aggravera la déforestation et la perte de biodiversité.
Pour ne prendre que les céréales, les réserves mondiales n’ont cessé de décroître depuis 1999, et nous disposons maintenant d’un stock de moins de 60 jours de consommation. Il ne s’agit pas d’un pic au sens du pic pétrolier puisque ces ressources sont renouvelables mais la disponibilité en terres cultivables elle, est une ressource limitée dans la mesure où la désertification progresse. C’est le moment que l’industrie des agrocarburants a choisi pour se lancer dans la conversion massive de céréales en éthanol. La compétition pour la nourriture risque d’apporter sa contribution à l’écocide généralisé bien avant le réchauffement climatique !
Cependant l’inertie démographique est moindre que la persistance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les courbes de l’ONU montrent qu’avec une décroissance forte de la natalité, on peut espérer arriver au pic de population dès 2035, soit une augmentation de 1,5 milliards au lieu de 3. Il semble irréel de pouvoir influencer ces tendances du fait de l’échelle mondiale du problème, mais il n’est pas interdit de se pencher sur notre démographie nationale : la France se distingue en Europe par une fécondité supérieure à 2 enfants par femme et contrairement à des idées reçues, ce n’est pas dû à la population immigrée. De quoi faire plancher les sociologues… et nous faire réfléchir sur les aides aux familles nombreuses ?
G.N.

En France, pays de culture majoritairement catholique et/ou marxiste, le sujet de la surpopulation a toujours été traité assez discrètement. Nos chercheurs ont même compté des populationnistes éminents comme Alfred Sauvy et il n’est pas rare de voir encore maintenant nos media déplorer le rétrécissement à la base de la pyramide des âges. Cependant, avec la toute jeune prise de conscience de l’épuisement des ressources, même en France, les préoccupations démographiques connaissent un regain d’intérêt, bien que l’on puisse noter une certaine timidité sur le sujet chez les Verts.

En 1968 au début de la prise de conscience écologiste, Paul R. Ehrlich publiait “The population bomb” (en français “La bombe P”, 1971). Un autre pape de l’écologisme des années 1970, Stewart Brand, éditeur du “Whole Earth Catalog”, a déclaré plus récemment (Technology Review, MIT, May 2005) que les écologistes devraient réviser leurs positions sur la surpopulation. L’explosion démographique est moins redoutable que ce que l’on pouvait craindre il y a quarante ans. En fait il y a même effondrement des taux de natalité dans tous les pays, les pays les plus développés étant en avance sur ce point. Stewart Brand ajoute que ce n’est pas bien entendu la lecture du livre d’Ehrlich qui en est la cause mais la migration vers les villes. En un siècle la population urbaine mondiale est passée de 14 % à 50 %. Les villes sont des étouffoirs à natalité, de quoi troubler les rêves agricoles des écolos, l’auteur de ces lignes y compris.

Quelle est exactement la situation mondiale ? Elle peut se résumer en deux courbes. La première, empruntée au Musée de l’Homme, montre la croissance de notre espèce, débutant doucement au néolithique et explosant au XXe siècle. La deuxième, provenant des Nations Unies, donne les prévisions d’ici 2050 selon que l’on choisit une plus ou moins grande fécondité féminine. Dans l’hypothèse relativement optimiste où le nombre d’enfants par femme continue à diminuer jusqu’à 2, nous nous retrouvons à plus de 9 milliards en 2050. Il est peu probable qu’une augmentation d’un tiers des bouches à nourrir sur une aussi courte période soit satisfaite sans problèmes par l’agriculture mondiale et le système de distribution dans leur état actuel. Au mieux cela aggravera la déforestation et la perte de biodiversité.

Pour ne prendre que les céréales, les réserves mondiales n’ont cessé de décroître depuis 1999, et nous disposons maintenant d’un stock de moins de 60 jours de consommation. Il ne s’agit pas d’un pic au sens du pic pétrolier puisque ces ressources sont renouvelables mais la disponibilité en terres cultivables elle, est une ressource limitée dans la mesure où la désertification progresse. C’est le moment que l’industrie des agrocarburants a choisi pour se lancer dans la conversion massive de céréales en éthanol. La compétition pour la nourriture risque d’apporter sa contribution à l’écocide généralisé bien avant le réchauffement climatique !

Cependant l’inertie démographique est moindre que la persistance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les courbes de l’ONU montrent qu’avec une décroissance forte de la natalité, on peut espérer arriver au pic de population dès 2035, soit une augmentation de 1,5 milliards au lieu de 3. Il semble irréel de pouvoir influencer ces tendances du fait de l’échelle mondiale du problème, mais il n’est pas interdit de se pencher sur notre démographie nationale : la France se distingue en Europe par une fécondité supérieure à 2 enfants par femme et contrairement à des idées reçues, ce n’est pas dû à la population immigrée. De quoi faire plancher les sociologues… et nous faire réfléchir sur les aides aux familles nombreuses ?

G.N.