Comment fonctionne un jardin public
reprint Le Sauvage, n° 71, été 1980 (on constatera quelques anachronismes résultant de l’époque de rédaction de l’article mais qui ne nuisent pas au charme de cette promenade écologique pour parisiens captifs de l’urbs.)
par Françoise Biro
(voir l’hommage à Françoise dans la rubrique Gloire à nos illustres pionniers)
Le Luxembourg est comme une maison bourgeoise bien organisée : les jeux d’un côté, le sport de l’autre, l’agrément au milieu. 25 ha de parterres fleuris en plein Paris, 3 500 arbres et deux terrasses, un bassin, deux fontaines, une centaine de statues dont vingt reines de France, des promeneurs tranquilles, des enfants, beaucoup d’enfants, de vieux messieurs seuls, des étudiants qui lisent, des dames frileuses, le frisbee et le tennis, de petits kiosques à jouets. Voilà pour l’endroit. Moins compliqué qu’il n’y paraît. À l’envers, ce sont des chiffres, du personnel, des espèces végétales, un règlement, une administration, des patentes. Tout ce que le public ne voit pas.
Le Luxembourg est un jardin privilégié. Presque un lieu privé, puisqu’il appartient au Sénat. À ce titre, il est l’objet de soins que lui envient d’autres jardins publics.
Jusqu’à 100 000 Parisiens s’y côtoient certains jours d’été. Ils trouvent là une place au soleil. Et aussi, sans tomber dans le folklore de la barbe à papa, la bonhomie champêtre de certains lieu de kermesse.
Peut-on être amoureux d’un jardin ? Pour qui a la faveur de le fréquenter assidûment, le Luxembourg est un lieu irremplaçable. On vient y croquer une pomme. On le traverse d’un point A à un point B. Il s’y passe à chaque instant quelque chose. On peut y louer un voilier pour 5 F l’heure. Les vieux s’assoupissent au soleil tiède, sous les palmiers devant l’Orangerie, comme à Monte-Carlo.
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