Archive pour la catégorie ‘Compost’

Aventures en permaculture – 32, Asiminiers

11 octobre 2020,

Fig. 1. Cépée d’asiminier de 7 ans

par Ghislain Nicaise

L’asiminier, Asimina triloba, est originaire d’Amérique du Nord, il a reçu le nom de pawpaw des populations amérindiennes. J’ai acheté mon premier asiminier en octobre 2012 chez Noaro, cette merveilleuse pépinière italienne située à l’entrée de Dolceacqua, à 20 minutes en voiture de Vintimille. C’était un cultivar Sunflower, réputé autofertile. L’hiver qui a suivi était très froid, pas en dessous des températures que cette variété peut tolérer cependant (-25° selon plusieurs sources) mais le plant n’avait pas eu le temps de s’installer, toutes les parties aériennes sont mortes. Il faut dire aussi que notre climat local est difficile pour beaucoup de végétaux, avec des écarts journaliers moyens de 20°C. Par la suite les racines toujours vivantes du porte-greffe ont rejeté une vigoureuse cépée, qui a pris la forme conique typique de l’espèce (Fig. 1) mais n’a commencé à fleurir qu’en 2018. Je lui avais prévu une ombrière en canisses, ayant appris que c’était un arbre de sous-bois et j’avais roulé à proximité de gros (suite…)

Pour la fin du modèle agro-industriel

7 mai 2020,

Lettre au Président: pour la fin du modèle agro-industriel

Alors que l’épidémie de covid-19 nous invite а mettre l’accent sur les enjeux de santé, un collectif de paysans et élus alertent sur les risques а poursuivre le modèle agro-industriel, destructeur de la biodiversité par sa course а la compétitivité: «il est urgent d’impulser une transition qui prépare le pays а mieux réagir aux crises а venir, y compris climatiques».

Monsieur le Président,

Il y a quelques jours, des représentants de l’agroalimentaire bretons vous ont adressé une lettre invoquant le « rôle clé » qu’ils jouent dans la crise actuelle et appelant а des mesures permettant de lever des « contraintes environnementales » qui aujourd’hui « pèseraient » sur la compétitivité de l’agriculture française. Ils demandent également а ce que celle-ci soit protégée contre les « attaques qu’elle subit ». L’argument central repose sur une défense de la souveraineté alimentaire et sur l’accroissement de la résilience.

Nous avons été extrêmement choqués de voir ces deux arguments mis en avant pour défendre éhontément un modèle qui leur est en réalité totalement contradictoire.

Par la présente lettre, nous voulons vous alerter, ainsi que l’opinion publique, sur les risques а poursuivre le modèle agro-industriel, dont l’agriculture conventionnelle bretonne exportatrice et ultra-spécialisée est un exemple qui a largement montré ses limites. (suite…)

abeilles, agriculteurs, ICE

2 mai 2020,

Nous vous avons déjà encouragé·es à signer une Initiative Citoyenne Européenne, voir ici. C’est une pétition qui peut avoir du poids (tant que la Communauté Européenne existe). Il faut un million de signatures. Pour celle-ci, il y en a déjà plus de 300 000. Elle s’intitule Sauver les abeilles et les agriculteurs. Ne vous laissez pas décourager par le questionnaire inquisiteur, c’est une garantie de sérieux. Le Sauvage.

L’agriculture européenne est dans une impasse. Les politiques agricoles orientées vers la maximisation des rendements reposant sur les pesticides de synthèse ont conduit les écosystèmes au bord de l’effondrement. Jour après jour, la diversité biologique qui est à la base de nos systèmes de production alimentaire disparaît, menaçant gravement l’avenir de notre alimentation, de notre agriculture, de notre santé et de notre environnement.

Les conséquences pour la nature sont désastreuses: les abeilles, les papillons et d’autres insectes disparaissent de nos paysages et les oiseaux, autrefois très présents, ont cessé de chanter dans nos campagnes. Nos ruisseaux et rivières sont pollués et nous sommes exposés quotidiennement à un cocktail de pesticides de synthèse via notre alimentation.

De plus, la survie des agriculteurs eux-mêmes est menacée par l’agriculture industrielle. Au cours des 10 dernières années, une exploitation agricole a fermé ses portes toutes les 3 minutes! Suivant la devise “Grandis ou péris”, un nombre décroissant d’exploitations agricoles détient de plus en plus de terres, se focalisant sur les rendements et les ventes plutôt que sur la qualité. Inversement, l’agriculture familiale peine à survivre; avec sa disparition, les zones rurales perdent des emplois et leurs traditions.

Un autre modèle agricole est possible ! (suite…)

Déméter

15 janvier 2020,

Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie

La liste des organisations signataires de cette tribune publiée dans Reporterre se trouve à la fin du texte.

Il y aura un avant et un après Déméter. Le 13 décembre, le ministre de l’Intérieur de la République française Christophe Castaner s’est rendu dans le Finistère en compagnie de la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Dans le cadre d’une convention signée entre son ministère et ce syndicat agricole. Cette première anomalie démocratique — depuis quand la police républicaine est-elle aux ordres d’une structure privée ? — n’est pas la dernière, de loin.

En effet, ce voyage avait pour but principal de lancer une cellule de la gendarmerie nationale appelée Déméter, la déesse grecque des moissons. Et marque reconnue, depuis des lustres, de l’agriculture sans pesticides. (suite…)

PARCEL

4 janvier 2020,

Les 3 co-porteurs de l’application PARCEL

Pour une Alimentation Résiliente, Citoyenne Et Locale. La surface agricole française est suffisante pour nourrir l’ensemble de la population de l’Hexagone avec une alimentation exclusivement bio en réduisant de 25% la consommation de viande. Les avantages: un doublement de l’emploi agricole direct et une diminution de 30% des gaz à effet de serre et des pollutions liées aux activités agricoles. C’est un des enseignements de PARCEL, le nouveau «convertisseur alimentaire» lancé le 10 octobre par Terre de liens, la Fnab et le bureau d’études Basic. «Simple et didactique», cet outil gratuit permet à chacun (collectivités, écoles, entreprises, familles, agriculteurs…) de modéliser l’impact d’un changement de son alimentation sur les surfaces et les emplois agricoles. Il permet également d’évaluer les impacts écologiques en découlant. Trois leviers d’actions sont proposés: le degré de relocalisation de la production, la part de la production bio et la part des produits animaux dans le régime alimentaire. «L’objectif est de retracer le fil de l’alimentation jusqu’à l’aménagement des terres», explique Damien Roumet, coordinateur du projet. Parcel a soulevé l’intérêt de nombreux acteurs du secteur. Nombre d’entre eux souhaitent même aller plus loin en intégrant de nouvelles données comme l’emploi dans les filières agroalimentaires ou le label HVE.

NDLR : La mise à l’essai de l’application sur différents territoires peut encore réserver des surprises mais il nous a semblé que contribuer à faire connaître son existence ne pouvait qu’aider à apporter des améliorations.

Aventures en permaculture – 31, Que planter pour un jardin-forêt à Nice ?

9 août 2019,

par Ghislain Nicaise

Comme je le racontais dans le précédent épisode, ma principale préoccupation quand je feuilletais Permaculture One en 2008 était d’aller à la fin du livre pour savoir ce qu’il fallait planter. Je ressens moins cette urgence aujourd’hui mais je reste capable d’imaginer la question principale que se posent les débutant·es : que planter ? J’évite de présenter des diaporamas sur la permaculture en général pour laisser ce créneau à de jeunes personnes qui ont très bien compris la théorie et qui devraient pouvoir en vivre, mais j’ai au moins une particularité à faire partager, un retour d’expérience de dix années sur le choix des plantations, plein d’échecs enrichissants…

À l’Université de Nice-Côte d’Azur, la prise de conscience de la responsabilité de l’institution universitaire dans le futur de notre société s’est traduite par la création d’un poste d’ingénieur·e chargé·e de mission zéro déchet et économie circulaire. Par chance la personne qui occupe ce poste, Émilie, possède la formation de recherche fondamentale qui lui permet de communiquer avec la population universitaire, lui donne l’habitude de travailler sans compter son temps, et possède en plus de solides convictions écolos qui lui permettent d’affronter l’ampleur de la tâche. J’ai donc proposé de l’aider en présentant un diaporama sur ce qu’il serait intéressant de planter dans les jardins des campus de Nice, en particulier dans le parc Valrose. Dans une perspective permacole, ce devrait être des associations de plantes utiles, principalement comestibles, avec le plus possible de plantes pérennes pour économiser l’énergie humaine. Dans la perspective du respect des usages reçus d’un passé récent, ce devrait ressembler à un jardin public fleuri et policé comme on peut en voir ailleurs. (suite…)

Aventures en permaculture-30, Lettre à Alain Baraton

1 décembre 2018,

Les principes de base

par Ghislain Nicaise

Cher Alain,

Depuis quinze ans que vous assurez une chronique sur France-Inter, chaque fois que je me lève assez tôt en fin de semaine, je vous écoute avec plaisir. J’ai souvent eu envie de réagir à ce que j’estimais être des erreurs, bien plus fréquentes à vos débuts, mais ma paresse et mon respect pour vos positions fermes contre les biocides m’en ont toujours dissuadé. Aujourd’hui (1er décembre 2018) vous sortez une série d’erreurs, bienvenue car elle me permet de faire à mon tour une chronique, le trentième épisode de mes « aventures en permaculture ». (suite…)

On veut notre part du gâteau!

28 novembre 2018,

par Christophe Chelten

Rarement la distance entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés n’a été aussi grande. “Dialogue de sourds” selon la formule. Les plus sourds étant ceux qui gouvernent. Convaincus de la légitimité de leur science fraichement acquise dans leurs écoles. En particulier à l’Ecole Nationale d’Administration. Le cas d’une mobilisation à partir d’un équipement de sécurité en cas d’accident automobile, n’ayant pas été prévu au programme.

Et voilà que s’exprime soudain par l’intermédiaire de nouvelles technologies, la revendication la plus vaste, la plus floue, la plus radicale: “on veut notre part du gâteau”.  Aussi la plus difficile à satisfaire car notre société n’est pas construite pour le partage mais pour la compétition. Autrement dit les plus défavorisés le sont pour n’avoir pas su monter sur la tête de leurs voisins. (Différentes utopies ont tenté d’apporter ou prétendu apporter des réponses. Elles ont toutes abouti à des résultats inverses. Voir le communisme.)

Tandis que dans leur olympe nos énarques continuent de chanter l’air des promesses, le peuple découvre sa capacité à s’exprimer sans limites sur un nouveau territoire vierge: Internet.

Qui va l’emporter: l’expression anarchique jaune ou l’autorité d’un gouvernement élu? Impossible à prévoir. Probablement un compromis bancal se mettra douloureusement en place.

Invoquer l’écologie à titre d’excuse et de nécessité absolue est particulièrement malhonnête et maladroit. Certes il va falloir abandonner les énergies fossiles dont le pétrole, mais on aurait pu le dire déjà lorsqu’on invitait tout un chacun à s’équiper en diésel.

A suivre.

 

Aventures en permaculture-29, Goumi, chalef, argousiers : les éléagnacées

24 juin 2018,

par Ghislain Nicaise

Les éléagnacées font partie des plantes favorites des permaculteurs en climat tempéré. Elles sont résistantes au froid, peu ou pas du tout sujettes aux maladies, peu exigeantes sur le sol, en partie parce qu’elles utilisent l’azote de l’air. Leurs racines sont associées en symbiose avec des microorganismes fixateurs d’azote atmosphérique, mais au lieu des Rhizobium connus chez les Fabacées, il s’agit de bactéries filamenteuses du groupe des Actinomycètes nommées Frankia (1). On peut donc planter ces buissons à proximité d’un fruitier par exemple, pour enrichir le sol en azote. On m’a parfois fait l’objection que la fixation d’azote n’était pas nécessairement altruiste. Je n’ai pas de certitude sur ce point mais si le buisson d’éléagnacée a vocation de garder pour lui l’azote atmosphérique qu’il a fixé jusqu’à la mort de ses racines, je peux toujours récupérer largement cet azote en me servant des tailles en vert pour faire du broyat, ou simplement mettre à décomposer les rameaux taillés au pied des arbres que je veux nourrir.

Le goumi (Elaeagnus multiflora, Fig. 1)
Le goumi, originaire d’Extrême orient, est un arbuste à usages multiples, peu exigeant sur la nature du sol ou le climat : il tolère -25°C l’hiver et résiste bien à la sécheresse l’été. Il est réputé résistant au pourridié (Armillaria mellea)(2). Au printemps les fleurs sont très abondantes comme l’indique le nom d’espèce multiflora, nectarifères et appréciées des abeilles, les fruits (en juin) sont comestibles. J’ai planté successivement deux cultivars sélectionnés pour leurs fruits, Sweet Scarlet en 2009 et Red Gem en 2010. (suite…)