La reprise d’une pièce de Jacques Audiberti est toujours un événement, tant cet auteur pourtant prolixe se fait rare sur les scènes françaises. Il s’agit ici du “Cavalier seul”, monté au Théâtre 14 par Marcel Maréchal qui l’avait créé en 1963.
Le propos de la pièce est original et ambitieux. Le cavalier Mirtus, fils de paysan, décide de quitter la maison paternelle pour une croisade solitaire jusqu’au Saint Sépulcre à Jérusalem. Mi Parsifal mi d’Artagnan, naîf et redresseur de torts, il croise au cours de son voyage des personnages hauts en couleurs: prêtre, calife, ouléma, danseur, prostituée, impératrice…jusqu’à l’Homme, incarnation du Christ.
Ces rencontres sont prétextes à des discussions philosophico-fantasques qui, sous une apparente superficialité loufoque, touchent à des sujets graves, tels le colonialisme ou la religion. La scène où l’impératrice de Byzance -magnifique Marina Vlady- explique au cavalier le trafic des reliques de la “vraie” croix est des plus savoureuse.
Au fil de son périple, les yeux de Mirtus s’ouvriront sur les réalités d’un monde perverti, cruel, assoiffé de pouvoir et d’argent: LE monde, NOTRE monde.
Le langage d’Audiberti est riche, truculent, un peu lourd parfois, drôle souvent. Ses personnages baroques, délirants, sont ingénieusement mis en scène par un Marcel Maréchal inspiré, qui campe également plusieurs rôles avec le bonheur et l’autorité qu’on lui connaît. On sent combien cet ouvrage lui tient à coeur. (suite…)
Archive pour la catégorie ‘Nous avons vu’
Le Cavalier seul, Audiberti
26 mai 2014, La RédactionLes frontières de l’Europe
17 mai 2014, La RédactionUn petit film à voir absolument : sur une carte animée, l’évolution des frontières de l’Europe au cours des mille dernières années. Ci-dessous deux extraits pour éveiller votre curiosité. Le Sauvage
Attention, chien méchant. « Joe », un film de David Gordon Green.
4 mai 2014, La RédactionA l’instar des italiens dans les années 1950 avec leur Néoréalisme, certains cinéastes américains sont passés maîtres dans l’art de mettre en scène une Amérique bien loin des clichés hollywoodiens de cette même période, ceux d’une Amérique opulente, souveraine, peuplée de femmes sublimes sublimement habillées, évoluant dans des décors de rêve avec des hommes pleins de charme à l’élégance nonchalante; une Amérique où la violence était réservée au créneau « bons Pionniers se battant contre méchants Peaux Rouges » ; une Amérique qui fournissait aux pauvres Européens à peine sortis des affres de la deuxième guerre mondiale une légitime part de rêve. Tout cela semble fini et bien fini. L’image de l’Amérique que son cinéma véhicule aujourd’hui est très souvent celle de vastes régions du pays hantées par la violence, la crasse, la pauvreté, l’alcool, l’absence d’éducation et l’abandon des plus démunis. Cela se passe comme si l’Amérique cherchait à exorciser ses démons à travers le talent de certains de ses réalisateurs. (suite…)
Folies Vaudeville
23 avril 2014, La Rédaction
La nouvelle pièce de Jean Marboeuf se joue actuellement au théâtre La Bruyère.
Disons-le d’emblée, son titre, Folies Vaudeville, pourtant alléchant, ne tient pas ses promesses. Après la guerre de 14-18, un directeur de théâtre aux abois cherche Georges Feydeau pour le supplier de terminer une pièce afin de renflouer ses caisses. Or Feydeau est enfermé dans un asile de fous en compagnie de Paul Deschanel, le président de la République tombé d’un train, en pyjama. De cette rencontre hautement improbable naît une succession de conversations décousues sur les femmes, la politique, l’air du temps qui passe…entrecoupée des réflexions d’un infirmier rescapé du front et des apparitions d’une cocotte de comédie.
Sans doute tout cela est-il destiné à évoquer l’époque dite belle, dont Feydeau fut le chantre incontesté, qui se termine avec la première guerre mondiale. Malgré la connaissance incontestable de Jean Marboeuf de cette période charnière, l’évocation tourne court, les dialogues sont lourdauds, l’enchaînement des scènes hasardeux.
Les comédiens, bien dirigés par Jean Marboeuf, sont heureusement excellents. Patrick Préjean-Feydeau a une (suite…)
Orient-express
19 avril 2014, La RédactionCette expo à l’Institut du Monde Arabe à Paris célèbre un Orient fantasmé qui fut inventé et fréquenté par quelques voyageurs fortunés au début du XXème siècle. Cette liaison ferroviaire entre Paris et Istanbul et au delà, était un roman à vapeur, si l’on peut dire. On se régale en visitant ces wagons légendaires et leurs compartiments de bois précieux et de cristaux de Lalique, admirablement mis en scène dans le détail avec les objets de la vie quotidienne des riches.
Ces trains menaient vers les harems, les odalisques, les bains turcs, les chameaux, les (suite…)
“Aimer, boire et chanter” Alain Resnais
4 avril 2014, La RédactionJ’imagine que vous voulez avoir des nouvelles de Georges?
Je ne connais personne qui ne connaisse pas un Georges. C’est commode d’avoir un Georges sous la main. Pour lui faire porter le chapeau. Notre ami Daniel Maja convoque régulièrement Georges dans ses dessins pour le charger de nous apporter des messages urgents de peu d’importance. Qui fait tout ce bruit? Mais c’est Georges. Qui est l’auteur de ce délicieux plat? Devinez? Et bien non ce n’est pas Georges, ce serait trop facile. En revanche, vous savez qu’elle a un amant. Et bien je peux vous le (suite…)
Ca fait quoi, d’être vivant ? « Her »
28 mars 2014, La RédactionPar Saura Loir
« Ca fait quoi d’être vivant, là, tout de suite ? » demande Samantha, l’OS de Théodore Twombly. Ca fait quoi d’être vivant tout court, pourrait-on dire, un exemple parmi d’autres des nombreuses interrogations existentielles qui sous-tendent tout du long le dernier film – passionnant – de Spike Jonze.
Nous sommes à Los Angeles, en 2025. Théodore Twombly, écrivain public haut de gamme en instance de divorce, sensible, solitaire et désabusé, souscrit un programme d’intelligence … (suite…)
Nebraska
11 mars 2014, La RédactionUn film d’Alexander Payne
Par Saura Loir
Montana, USA. Une grande route balayée par les vents. Seul piéton en vue, un vieil homme s’y traîne d’un pas mal assuré. Très vite, une voiture de police s’arrête à sa hauteur. « Nous sommes bien en Amérique », me dis-je. Aux Etats Unis la police n’est jamais bien loin, elle peut surgir à tout moment, out of the blue, et tout piéton isolé apparaît vite suspect dans ce pays où la voiture est reine. Réflexe d’Européenne. En réalité l’agent de police qui en surgit est animé des meilleures intentions et vient porter secours à ce vieil homme qui visiblement en a besoin.
On le croit égaré mais lui, il sait où il va et tient absolument à y aller : Lincoln, Nebraska. Il a reçu une lettre estampillée en bonne et due forme, d’une société qui lui annonce qu’il a gagné un million de (suite…)
Habemus divitem papam (Nous avons un pape riche)
6 mars 2014, La Rédactionpar Christophe Chelten
Stéphane Ghez nous a servi hier sur France 3 un excellent reportage sur le Vatican. Voilà une entreprise humaine qui se porte très bien. On s’étonne seulement qu’elle représente une religion dont l’initiateur Jésus Christ prêchait entre autres vertus premières la pauvreté.
Certes le Vatican préserve à merveille une étonnante profusion d’oeuvres d’art. Les fresques de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine , de Raphaël dans les Stanze, atteignent le sommet du savoir-faire humain, de la représentation de la beauté. Michel-Ange avec sa Piéta a condamné tous les sculpteurs qui lui ont succédé à n’être que des épigones ou des décadents. (On peut en discuter).
Dans cet extravagant déballage de richesse je note en passant ma préférence pour la tendresse du pinceau de Pinturicchio dans les fresques des appartements Borgia.
Certes la foule des fidèles exige d’être éblouie par la pompe de la fonction papale. (suite…)









